La paix en afrique ne doit pas se décider à l’elysée avec des dictateurs

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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A l’initiative de François Hollande, un Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique aura lieu à Paris les 6-7 décembre. Il s’agit du premier Sommet France-Afrique organisé sous François Hollande, qui, a convoqué lui même ce sommet, choisi son thème et décidé de l’organiser à Paris, dans un lieu aussi symbolique que l’Elysée.

Comme ses prédécesseurs, le Président français parait ainsi considérer le continent africain comme une zone qui ne doit pas échapper à l’influence de la France.

Dans la tradition des Sommets France-Afrique, la plupart des dictateurs africains du « pré-carré » francophone seront présents. Parmi eux, le tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990, Paul Biya (Cameroun, depuis 1982), Denis Sassou Nguesso (Congo-B, depuis 1979), Blaise Compaoré (Burkina Faso, depuis 1987), sans oublier les héritiers des régime Bongo et Eyadéma au Gabon et au Togo et le président djiboutien Oumar Guelleh. Tous ont en commun de bénéficier du soutien diplomatique, économique (via l’aide publique) et militaire ou policier de la France. Tous ont été reçus au moins une fois à l’Elysée depuis l’élection de François Hollande. Tous soutiennent la France dans ses nombreuses interventions militaires menées sur le continent africain, où elle dispose toujours de bases militaires et de forces pré-positionnées. En échange du soutien à ces interventions, comme celle menée récemment au Mali, c’est le silence de la France sur les exactions commises qui est attendu. Les démocrates tchadiens, togolais et djiboutiens ont ainsi subi dans leur chair en 2013 les conséquences diplomatiques du soutien de leurs chefs d’Etat à l’opération Serval .

Les dictateurs de la Françafrique sont auteurs de nombreuses violations des droits de l’Homme documentés par un grand nombre de rapports émanant d’ONG et organisations internationales. Le soutien de la France à des dictateurs, les ventes d’armes et les nombreuses interventions militaires menées par la France sur le continent africain pour les soutenir (comme au Tchad en 2008) n’ont en rien amélioré la sécurité et les conditions de vie de leurs populations. La situation actuelle en Centrafrique, où la France a installé et/soutenu tous les dictateurs qui se sont succédés est une des illustrations des conséquences de cette funeste politique. Et lorsque la France prétend intervenir au nom des droits de l’Homme et dans un cadre multilatéral, comme elle l’a fait en Côte d’Ivoire, en Libye ou au Mali, c’est toujours avec des motivations ambiguës, liées à ses intérêts géostratégiques.

Considérant qu’un sommet sur la paix et la sécurité en Afrique ne doit pas se tenir à l’initiative et sur le sol d’une ex-puissance coloniale caractérisée par son ingérence sur le continent et en présence de dictateurs qui y ruinent tout espoir de paix, nous, associations et citoyen-ne-s français-e-s et africain-e-s réclamons :

•L’annulation de ce sommet
•La fin du soutien diplomatique, économique, militaire, policier et des ventes d’armes aux régimes répressifs
•La suppression des bases militaires françaises en Afrique
Premiers signataires : Survie, MRD Djibouti,ARD Djibouti, Afriques en lutte, La Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD).............................



http://survie.org/francafrique/article/la-paix-en-afrique-ne-doit-pas-se-4577
 
Non à une loi de programmation militaire qui consacre l’ingérence, l’opacité et l’impunité

La loi de programmation militaire pour la période 2014-2019, qui sera étudiée à l’Assemblée Nationale à partir du 26 novembre, réaffirme dangereusement les visées néocoloniales de la politique étrangère française, qui s’exercera prioritairement, selon le Livre Blanc, à l’encontre des pays d’Afrique subsaharienne.

La volonté de Jean Yves Le Drian, le ministre de la Défense, de consolider la présence militaire française dans la région est un retour en arrière extrêmement inquiétant pour la souveraineté des peuples africains concernés. Les déclaration de Jean-Yves Le Drian lors de son audition au Sénat sont édifiante en ce sens : "Ces décisions seront ensuite expliquées aux chefs d’États africains concernés. Le sommet France-Afrique relatif aux questions de sécurité qui se tiendra à la fin de l’année en sera l’épilogue." [1]

De la même façon, le projet d’augmenter les troupes à la disposition du Commandement des Opérations Spéciales de 1000 personnels fait craindre un renforcement de l’opacité entourant les activités des forces armées françaises en Afrique.

De plus, le projet de loi inclut une partie juridique comprenant des évolutions hautement inquiétantes. Ainsi l’article 18 prévoit de donner au parquet le monopole de la mise en action de poursuite pénale à l’encontre des militaires pour des faits commis lors de leur mission en opération extérieure. Cela supprime de fait le droit de constitution de partie civile et réduit dramatiquement les possibilités de porter devant la justice des faits répréhensibles de façon indépendante du pouvoir politique, le parquet lui étant assujetti. [2]

Enfin, on déplorera le manque de volonté politique d’un véritable contrôle des activités des services de renseignement alors même que leurs moyens d’action sont étendus. Le projet de loi prévoit ainsi d’autoriser l’accès à certains fichiers administratifs du ministère de l’Intérieur [3] à l’intégralité des structures de la communauté du renseignement. De plus, la consultation de ces bases de données ne sera plus désormais limitée aux seuls cas de lutte contre le terrorisme mais étendue aux cas d’atteintes potentielles aux intérêts fondamentaux de la Nation. Une notion bien plus vague qui augmente considérablement les possibilités de surveillance des citoyens et réduit par là même leur liberté. [4]

Ainsi, l’association Survie demande :

l’abandon du projet de confier au parquet le monopole de la mise en mouvement de l’action publique pour les infractions criminelles commises par des militaires en opération extérieures
la mise en place de mécanismes institutionnels permettant un suivi et un contrôle efficace de l’ensemble des activités des services de renseignement

[1] Lire Loi de programmation militaire : quel avenir pour la présence militaire française en Afrique ?, Raphaël Grandvaud, novembre 2013, Billets d’Afrique et d’ailleurs

[2] On notera sur ce point que le Conseil Supérieur de la Fonction Militaire, qui représente le personnel de la communauté militaire, s’est déclaré défavorable à « l’absence de recours pénal après l’éventuelle décision de classement sans suite du procureur de la République ».

[3]le fichier national des immatriculations (FNI) ;
le système national de gestion des permis de conduire (SI - FAETON) ;
le système de gestion des cartes nationales d’identité (CNI) ;
le système de gestion des passeports (TES) ;
le système informatisé de gestion des dossiers relatifs aux ressortissants étrangers en France (AGDREF 2
le traitement automatisé mentionné aux articles L. 611-3 à L.611-5 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, relatives aux ressortissants étrangers qui, ayant été contrôlés à l’occasion du franchissement de la frontière, ne remplissent pas les conditions d’entrée requises (« fichier des non admis ») ;
le système de délivrance des visas des ressortissants étrangers (VISABIO).

[4] P..160 du rapport Sénat

http://survie.org/francafrique/article/ingerence-opacite-impunite-une-loi-4578
 
en matière de politique étrangère , pour raison d'état , le citoyen ne peut savoir ce qu'il en est des relations internationales et des actions à entreprendre pour les intérêts nationaux.
la France a été une grande puissance lorsqu'elle dominait la scène internationale du haut de son empire colonial.
Ses relations avec l'Afrique demeurent vitales pour son économie , alors que la crise impose de renforcer le contrôle du pré carré et de redévelopper une armée en mesure d'aller soutenir les alliés de Paris. La moindre partielle perdue par l'ex métropole sera récupérée par les autres puissances qui se sont installée en Afrique dans le but d'y préparer les conditions de colonisation massive .

de l'ingérence ? j'aurai aimé que pendant la décennie noire algérienne, le gouvernement socialiste , inventeur du droit de la dite action, intervienne pour stopper les généraux génocidaires...injustice , mafia ? Le bonheur des uns se construit sur le malheur des autres.

laissons nos élus assurer l'avenir de nos enfants et préparons à aller au charbon.
 
Dernière édition:
Biya'rien à faire traité de "dictateur" dans les salons d'un palace à Paris !

Libérez le prisonnier politique Enoh Meyomesse !

En marge du sommet france-afrique début décembre 2013, le president de la republique du cameroun se fait agresser verbalement a la sortie de son hotel par des manifestants réclamant la liberation d'un prisonnier accusé de détournement.

Libérez Enoh
liberezenoh.wesign.it/‎
Depuis 18 mois, l'écrivain et blogueur camerounais Enoh Meyomesse, lauréat du prix 2012 Oxfam Novib/PEN pour la liberté d'expression, est injustement ...


http://www.youtube.com/embed/UWPhwSHdWdQ
 
Permis de tuer pour les militaires en Opex

La nouvelle loi de programmation militaire étudiée fin novembre à l’Assemblée nationale renforce l’impunité dont bénéficient les militaires français engagés dans des opérations extérieures (Opex).

Plusieurs articles entendent éviter « une judiciarisation inutile des opérations militaires », répondant à une demande pressante des officiers français depuis plusieurs années. Il s’agit d’abord de renforcer « l’excuse pénale pour usage de la force » introduite en 2005. Cette dernière entendait s’adapter à la réalité des missions des soldats en Opex, lesquelles consistent plus fréquemment en actions de police, de gestion de foule ou de coercition, qu’en manoeuvres militaires proprement dites. Comme cela a déjà été expliqué dans ces colonnes :

« jusqu’à cette date, en l’absence de déclaration de guerre officielle, [les soldats] n’étaient autorisés à ouvrir le feu qu’en état de légitime défense (en théorie, et uniquement en théorie, bien sûr…). Depuis la réforme du statut général des militaires, ils peuvent faire usage de leurs armes, y compris contre des civils, dès lors que cette action est jugée utile à l’accomplissement de leur mission et qu’elle est conforme au droit international, c’est-à-dire couverte par une résolution de l’ONU les autorisant par exemple à agir "par tous les moyens", comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire lors des massacres de civils en novembre 2004… ».

Le COS surprotégé

La nouvelle loi précise (article 19) que cette excuse pénale s’applique également à toute « opération mobilisant des capacités militaires, se déroulant à l’extérieur du territoire français ou des eaux territoriales, quels que soient son objet, sa durée ou son ampleur, y compris la libération d’otages, l’évacuation de ressortissants ou la police en haute mer ». Il s’agit notamment de couvrir les militaires, déjà protégés par leur anonymat, agissant dans le cadre des opérations secrètes du COS, non soumises à l’information du Parlement.

Le code de la Défense est également modifié, enjoignant à la justice de n’examiner l’éventuelle responsabilité pénale des militaires « pour des faits non intentionnels » qu’au vu « de l’urgence dans laquelle ils ont exercé leurs missions, des informations dont ils ont disposé au moment de leur intervention et des circonstances liées à l’action de combat. » Après la disparition du Tribunal auxArmées de Paris (TAP), on n’est jamais trop prudent.

Monopole du parquet

Mais surtout, l’article 18 redonne au parquet le monopole de la mise en mouvement de l’action publique pour toute infraction commise par un militaire à l’étranger « dans l’accomplissement de sa mission ». Après la plainte de familles de militaires français décédés en Afghanistan (affaire d’Uzbin), la cour de cassation avait en effet estimé que le processus judiciaire pouvait être activé par la constitution de partie civile.

C’est cette jurisprudence qu’il s’agit de briser au plus vite, officiellement au nom de l’égalité entre militaires et civils, puisque pour ces derniers, le parquet a le monopole des poursuites en cas de délit commis à l’étranger. Mais la nouvelle loi étend le monopole du parquet aux affaires criminelles, et supprime de fait le droit de constitution de partie civile. Des plaintes seront toujours possibles, mais seul le parquet, dont on connaît l’indépendance à l’égard du pouvoir politique, jugera de leur opportunité…

L’institution pourra donc continuer à gérer en interne les scandales éventuels.On se souvient par exemple de la manière dont ont été étouffées en 2008les accusations de tortures portées par des soldats suédois à l’encontre des militaires français agissant en RDC en 2003, le principal officier visé, le colonel Rastouil, étant depuis devenu général et ayant accédé à des postes sensibles comme celui de directeur des opérations de la DGSE.

Ces mesures, 4023, promises l’année dernière par François Hollandes et annoncées dans le dernier Livre Blanc, s’ajoutent à certaines spécificités déjà existantes (spécialisation des magistrats appelés à juger des infractions commises par des militaires, avis consultatif du ministère de la Défense – hors crime ou flagrant délit nécessaire avant d’engager des poursuites contre un militaire, absence de citation directe d’un militaire devant une juridiction, réquisitions préalables adressées à l’autorité militaire en cas investigations au sein d’un établissement militaire).

Elles ne font pourtant pas totalement consensus. Ainsi le Conseil Supérieur de la FonctionMilitaire (CSFM), qui représente le personnel de la communauté militaire, s’est déclaré favorable au « renforcement de la protection du militaire face à la judiciarisation », mais s’est opposé à « l’absence de recours pénal après l’éventuelle décision de classement sans suite du procureur de la République »...............


http://survie.org/billets-d-afrique...ticle/permis-de-tuer-pour-les-militaires-4591
 

Pièces jointes

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Bêtisier hollandais

Le 4 décembre Hollande participe à un forum organisé au ministère de l’Économie et des Finances. Il accueille plusieurs dirigeants du continent. Parmi eux figure Macky Sall, président de la République du Sénégal. On demande à ce dernier de retirer son pardessus. Hollande, croyant faire de l’esprit, commente en riant : « Un Africain n’a pas de manteau ».

Le 8 décembre, dans un entretien à RFI à propos de Michel Djotodia, président intérimaire de Centrafrique, « on ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, a laissé faire ». Comme Hollande n’a rien pu faire contre le chômage et autres calamités françaises, on attend impatiemment la puissance secourable qui viendra nous débarrasser de lui.

Le 16 décembre, devant le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), « Monsieur de ministre de l’Intérieur, qui [...] revient d’Algérie, sain et sauf, c’est déjà beaucoup ». Une improvisation qui ne figure pas sur le verbatim du discours mis en ligne sur le site de l’Élysée, mais que l’on peut entendre dans l’enregistrement vidéo. Sauf que l’Algérie n’a pas goûté cette mauvaise plaisanterie ; ce n’est pas une vulgaire république françafricaine. Hollande a dû manger son chapeau. Dans un communiqué du 21 décembre le président de la république a exprimé ses « sincères regrets ». Le ministre algérien des Affaires étrangères a pris connaissance « avec satisfaction » de cette déclaration.

Le 31 décembre, dans ses voeux solennels aux Français : « nous sommes présents en Centrafrique pour sauver des vies humaines et éviter que des enfants soient découpés en morceaux ». Ces sauvages les ont probablement mangés. Plus d’un petit Centrafricain sur cinq meurt avant sa deuxième année sans que cela émeuve notre président.

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/231-janvier-2014/article/betisier-hollandais-4599
 
L’accord de coopération de défense entre la France et le Mali ou le retour au temps béni des colonies

Alors que l’opération Serval vient de fêter sa première année, l’association Survie dénonce la signature imminente d’un accord de coopération de défense entre la France et le Mali, qui constitue un grave retour en arrière sur le plan de l’indépendance et de la souveraineté maliennes, comme plusieurs mouvements de la société civile malienne s’en sont déjà alarmés.

Tandis que le gouvernement précédent avait amorcé la divulgation et la soumission au Parlement de huit « partenariats de défense », destinés à remplacer les accords signés au lendemain des indépendances africaines avec certaines anciennes colonies françaises [1], un accord tout aussi stratégique avec le Mali devrait être signé le 20 janvier dans le plus grand secret. Les informations sur cet accord révélées par Le Monde laissent présager d’une future mainmise de la France sur le Mali hautement condamnable.

Alors que la tendance de ces dernières années était à l’amorce d’une réduction, particulièrement souhaitable, de la présence de l’armée française en Afrique, l’accord devrait entériner le maintien sur le territoire malien d’une force permanente d’un millier d’hommes, sous couvert de lutte antiterroriste. Un déploiement permanent va à l’encontre de l’histoire des relations militaires entre la France et le Mali et de l’accord de coopération militaire de 1985 entre les deux pays, stipulant explicitement l’impossibilité de déployer des unités constituées de l’armée françaises sur le territoire malien.

La pérennisation de l’opération Serval, dont le cadre légal actuel est déjà scandaleux, interroge les motivations réelles du gouvernement français dans le déclenchement de la guerre.

Sans complexe, la France annonce qu’elle va fouler aux pieds la souveraineté de l’Etat malien, déjà mise à mal par la situation à Kidal : « Paris agira selon ses besoins. S’il s’agit officiellement de mieux échanger le renseignement, cela n’ira pas jusqu’à informer au préalable les autorités maliennes des actions entreprises », peut-on lire dans l’article du Monde. On y apprend également que la tutelle exercée par les militaires français sur les troupes maliennes sera pérennisée puisque des détachements français encadreront l’armée nationale, mais qu’en plus Serval pourra jouer le rôle de « « force de réaction rapide » pour l’armée malienne. » En vertu de cet accord la France sera de fait toute puissante sur le territoire malien, reléguant le Mali au rang de simple département comme au temps de la colonisation.

En conséquence, Survie demande :

•L’annulation de l’accord de défense entre la France et le Mali
•La complète transparence des accords de défense et de coopération militaire
•Un contrôle parlementaire systématique des actions engagées par l’exécutif français en matière de défense, y compris la signature de tels accords
•La fermeture des bases militaires françaises sur le continent africain.
 
Boubacar Diop: «L'exception française, c'est ce refus de décoloniser»

" Peut-être faudrait-il écrire dans les écoles :

«La Françafrique est un crime contre l’Humanité !» "


Co-auteur avec Aminata Traoré de La Gloire des imposteurs, l'écrivain sénégalais évoque les liens néfastes de la France avec ses anciennes colonies à l'heure des interventions au Mali et en Centrafrique. « La France devrait se livrer à un honnête examen de conscience au lieu de continuer à prendre le monde à témoin de sa générosité et de sa grandeur d’âme en Afrique », dit-il.

C’est un petit livre de correspondance à l’ancienne, des mails échangés au gré des mois pendant deux ans entre deux intellectuels africains : la Malienne Aminata Traoré, essayiste, altermondialiste et ancienne ministre de la culture de son pays, et le Sénégalais Boubacar Boris Diop, romancier et journaliste.

Entamés début 2012, leurs échanges se trouvent vite accaparés par la conquête du nord du Mali par les djihadistes, puis par l’intervention française. Mais les mails que s’envoient ces deux écrivains, rassemblés dans un livre qui vient de paraître, La Gloire des imposteurs (Éditions Philippe Rey), concernent également une multitude d’autres sujets liés à l’Afrique, leur continent de naissance et celui où ils ont choisi de vivre : une Afrique, principalement sa partie francophone, qu’ils aimeraient voir libérée des chaînes pesantes du néo-colonialisme, débarrassée des autocrates et dépeceurs en tous genres, et traçant sa propre route dans le XXIe siècle.

Nous avons profité du passage à Paris de Boubacar Boris Diop pour l’interroger sur les différents fils de réflexion qui traversent son ouvrage et qu’il n’est pas incongru de relier à l’actuelle opération française en Centrafrique.

Votre livre de correspondance avec Aminata Traoré est marqué par l’intervention française au Mali. Depuis, il y a eu une nouvelle opération hexagonale en Centrafrique, qui est la cinquantième depuis les indépendances. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Boubacar Boris Diop. Le compte est vite fait : une intervention militaire par an pendant un demi-siècle. C’est une situation unique : la Grande-Bretagne n’a jamais monté une opération dans son ex-empire colonial sous prétexte de sauver tel ou tel pays de ses démons. On peut en dire de même du Portugal et de la Belgique. Toutes ces anciennes puissances européennes ont compris que le fait colonial a une fin et qu’il faut savoir en prendre acte.
Cette exception française, le refus de décoloniser, devrait inciter les Français à se demander : « Pourquoi sommes-nous les seuls à agir de la sorte ? » Complice des génocidaires du Rwanda, la France devrait se livrer à un honnête examen de conscience au lieu de continuer à prendre le monde à témoin de sa générosité et de sa grandeur d’âme en Afrique.

Que l’on ne me dise surtout pas que je suis en train de me défausser sur la France : je sais bien que nous sommes, nous intellectuels et hommes politiques d’Afrique francophone, totalement responsables de ce qui nous arrive. La France n’ose pas piétiner la souveraineté de ses anciennes colonies d’Afrique du Nord ou d’Asie et si elle se comporte ainsi avec nous, c’est que nous la laissons faire. Nous revenons très souvent sur cette incroyable veulerie des élites d’Afrique francophone dans notre livre. Notre génération a failli, nous avons failli avec elle, Aminata Traoré et moi-même, mais nous avons à cœur d’aider les jeunes à prendre la mesure du lavage de cerveau qui nous a transformés en zombies et a mené nos pays à leur perte.


Au Mali, dans la foulée de l’opération Serval, les Maliens applaudissaient l’intervention française. En Centrafrique, au mois de novembre 2013, tout le monde sur place, citoyens ordinaires et politiciens, appelait de ses vœux une intervention étrangère. N’est-ce pas troublant ?

C’est plus que troublant, c’est très choquant. Les jeunes Maliens qui applaudissaient les soldats de Serval étaient sincères, ils venaient d’être délivrés des djihadistes. Mais ces vivats ne pouvaient qu’être éphémères, ce que ne semblaient pas avoir compris de nombreux journalistes français qui nous tympanisaient avec leurs cocoricos. Je me suis un peu moqué d’eux à l’époque en disant qu’à leur place, je me serais quand même dit que la mariée est trop belle. Après toutes les atrocités commises au cours des siècles par la France en Afrique, ces applaudissements étaient tout simplement contre nature. Et comme il fallait s’y attendre, un sentiment anti-français a vite pris le dessus sur ces effusions.

Je ne dirais pas que ce ressentiment est très fort au Mali mais il existe, surtout à cause du statut singulier de Kidal, cette ville du nord offerte comme un sanctuaire à la rébellion touareg....................

http://surviegironde.blogspot.fr/2014/01/boubacar-diop-lexception-francaise-cest.html


http://www.amazon.fr/La-gloire-imposteurs-Lettres-lAfrique/dp/2848762322
 
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