La personnalité narcissique

zigotino

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Comme promis ici, @FemmeDeLaiYi je poste ce fil afin d'éclairer, modestement, sur la notion de personnalité narcissique. Ce terme est très galvaudé, déformé pour ne pas dire usurpé et notamment quand il s'agit de qualifier une personnalité dans un couple. Les accusations de perversion narcissique aussi bien les femmes vis à vis des hommes que l'inverse. Sans doute parfois à raison. Souvent, à tort. L'objectif ici n'étant pas de dédouaner ou légitimer mais expliquer ce que l'on considère en psychologie mais aussi en psychanalyse comme un trouble de la personnalité au même titre que les personnalités borderlines ou dites aux limites.

D'ailleurs, le DSM-V, manuel américain diagnostique des troubles psychiatriques ne classe pas la personnalité narcissique dans les troubles bien documentés des personnes borderline. L'on utilisera ce terme plutôt que celui français car limitatif.

Plusieurs auteurs ont écrit abondamment sur la personnalité narcissique. Racamier, Kohut, Abraham, Jacobson, Rivière, Rosenfeld, Tartakoff, Van der Waals, etc.. Le plus connu dans la description de la pathologie étant Otto Kernberg et notamment dans son ouvrage publié (chez Privat) "La personnalité narcissique". Je vous propose dans ce fil une compilation sur ce sujet afin d'éclairer les profanes ou les curieux. Cela peut tjrs être utile pour savoir comment s'adapter à ce type de personne que vous pouvez amener à rencontrer aussi bien dans votre cercle familial intime qu'en dehors, avec les amis (les pairs) ou les collègues, dans un contexte professionnel. Pour ce dernier cas, une récente étude a conclu que près de 40% des managers souffraient d'un trouble de la personnalité narcissique.

La personne narcissique appartient à un groupe de patients où le principal problème est "une perturbation de leur respect de soi en rapport avec des perturbations spécifiques dans leur relation d'objet". Il s'agit là d'un groupe spécifique que l'on peut considérer comme un pur produit du "développement pathologique du narcissisme" . En effet, tout narcissisme n'est pas nécessairement pathologique. Ainsi, chez l'enfant, dépendant jusqu'à un certain âge de l'affect et matériellement de ses parents, la notion de narcissisme a toute sa place. Elle est même vitale car sa dépendance, notamment dès les premiers moments, est totale.

Les patients narcissiques peuvent ne pas présenter de perturbations graves de leurs conduites. Certains peuvent même avoir une très bonne adaptation sociale.

Par contre, dans leur relation aux autres, ils présentent un "degré inhabituel de référence à soi, un grand besoin qu'on les aime ou apprécie et les admire et une curieuse contradiction apparente entre un concept hypertrophié d'eux mêmes et un inhabituel besoin de louanges". Leur vie affective à cet égard est superficielle, en surface. Nulle ou très peu de trace d'envie, de désir de l'autre.

Ils s'inquiètent rapidement et s'ennuient dès que les projecteurs ne sont pas dirigés vers eux. L'on peut dire qu'ils aiment la lumière, être sous le feux des projecteurs, être au centre des discussions, de l'attention de l'autre ou des autres.

Ils envient les autres, tendent à idéaliser une personne dont ils attendent un apport narcissique (tourbillon narcissique) et dévalorisent aisément avec une forme parfois agressive de mépris ceux dont ils ne pensent rien attendre.

Qu'ils exploitent les autres à leur avantage souvent ou se comportent en véritable parasite.

Sous un aspect agréable et parfois physiquement attrayant, la personne est souvent charmante, engageante mais elle dégage très souvent de la froideur et de la rudesse. Ils dépendent des autres du fait de leur louange et non pas pour se connecter à l'autre.

Ils sont incapables de dépendre de quiconque car ils sont par essence méfiants et dévalorisants.

L'exploration analytique, notamment en séance de psychanalyse, démontre souvent que leur conduite hautaine, froide, grandiose et manipulatrice est une défense contre des "traits paranoïdes liés à une projection d'une rage orale", d'une haine intérieure qui est au centre de leur psycho-pathologie.

En résumé, ils ont une absence remarquable de relation d'objet (à autrui) avec une incapacité à se reposer sur de bons objets internalisés.

La personnalité anti sociale est un sous groupe de la personnalité narcissique. Elle présente le plus mauvais pronostic. Certains auteurs, parmi lesquels Racamier notamment, considérant qu'ils sont d'emblée incurables quand Kernberg, en fonction d'une première pré analyse, considère que certains profils peuvent faire l'objet d'une "thérapie (longue) de soutien". L'on décrira plus tard dans quels cas, cette thérapie peut être engagée.

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D'emblée, certains traits peuvent alerter. Certains patients sont capables en leur fore intérieur de se retirer de toute vie sociale (socio-pathologie) de manière aussi efficace que les personnalités schizoïdes les plus graves.

Pour les autres, si les conditions sont réunies, l'analyse psychanalytique est le traitement de choix. Le travail peut être ardu, de longue haleine car la personnalité narcissique est souvent, comme l'indique Rivière, incapable de tolérer une réaction de dépendance dans l'absolu et encore plus vis à vis de l'analyste. Il y a selon Rosenfeld, chez ces patients, une "tendance paranoïde sous jacente" et un "puissant transfert sadique oral".

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La source de la personnalité narcissique est à rechercher notamment à la mère.

Quand il était jeune enfant, il a vécu la relation à une mère distante, économe en tendresse, se limitant aux soins et étant très soucieuse de ne jamais être mise au défaut dans son dévouement. Cette mère est volontier toxique, aime à utiliser le chantage affectif pour obtenir de cet enfant ce qu'elle souhaite. L'enfant est prisonnier. Il peut naitre dans un contexte de tension entre père et mère. De déni même. L'enfant le ressent.

Si elle apprécie l’enfant, cela ne porte guère vers des projets, plutôt vers des qualités performantes : ses muscles, son intelligence, son opiniâtreté, sa ruse, sa capacité à imposer ses points de vue.

La mère investit dans la continuité de son moi idéal narcissique. Leur relation devient un miroir où se reflètent les perfections communes. Ni l’un ni l’autre ne voit en face une personne mais une partie d’elle, celle qui nourrit son orgueil. L’enfant peut professer une grande admiration envers sa mère, bien qu’il ne soit pas rare qu’une multiplicité de figures maternelles s’occupe successivement de lui. En réalité, il ne développera pas d’attachement véritable, faute d’illusion duelle satisfaisante. La tristesse ou le sentiment d’abandon seront étouffés. Il apprend vite qu’il peut obtenir satisfaction en devenant coléreux et tapageur. Tout lui est dû. Déstabiliser les autres lui apparaît plus efficace que leur faire plaisir. La personnalité narcissique est volontier chamailleur.

Graduellement, il se considère comme autosuffisant. Il dit souvent qu'il n'a besoin de personne, qu'il est auto suffisant, qu'il se débrouille sans avoir besoin d'une aide extérieure. La suffisance, l'autosuffisance typique.

Le défaut de reconnaissance réciproque touche l’identification du parent par l’enfant et de celui-ci par le parent, autrement dit la reconnaissance parento-filiale.
 
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