
L’ancien Premier ministre tunisien Ali Larayedh condamné à 34 ans de prison
Ali Larayedh était accusé de « formation et d’appartenance à une organisation terroriste » et d’avoir facilité l’envoi de jihadistes vers les zones de conflit en Irak et Syrie. Depuis sa prison, il a toujours clamé son innocence.
L’ancien Premier ministre tunisien et dirigeant du mouvement islamiste Ennahdha, Ali Larayedh, a été condamné vendredi 2 mai à 34 ans de prison pour son implication dans l’envoi de jihadistes tunisiens vers l’Irak et la Syrie quand Ennahdha était au pouvoir en Tunisie, selon plusieurs médias locaux.
Outre Ali Larayedh, qui fut aussi ministre de l’Intérieur après la révolution de 2011, un tribunal pénal de Tunis a également condamné Fathi Beldi et Abdelkrim Labidi, d’anciens membres des forces de sécurité, à 26 ans de réclusion. Selon une source judiciaire citée par la radio Mosaïque, les peines pour les huit accusés s’échelonnent de 18 à 36 ans de réclusion.
Ali Larayedh a été arrêté le 20 décembre 2022 en vertu de la loi antiterroriste, a indiqué le coordinateur du comité de défense, Oussama Bouthelja. Il a été accusé de « formation et d’appartenance à une organisation terroriste » et d’avoir facilité l’envoi de jihadistes vers les zones de conflit en Irak et Syrie.
Depuis sa prison, l’ancien responsable qui fut Premier ministre de mars 2013 à janvier 2014, après avoir été ministre de l’Intérieur de 2011 à 2013, a toujours clamé son innocence. « Je ne suis pas un criminel. Je suis innocent de ces accusations. Je suis une victime dans ce dossier », a-t-il écrit dans une lettre adressée le 18 avril au parquet de Tunis.
Lors d’une audience à distance vendredi, Ali Larayedh a exprimé son espoir que « le tribunal soit indépendant et libre de toute pression et de toute tentative d’instrumentalisation », selon son avocat, Me Bouthelja.
Après la révolution de 2011 qui a chassé Zine El Abidine Ben Ali, le pays a connu l’essor d’une mouvance jihadiste ayant culminé dans une série d’attentats meurtriers en 2015 (plusieurs dizaines de touristes étrangers tués à Sousse et au Bardo à Tunis). Environ 5 500 Tunisiens ont combattu, selon l’ONU, auprès de groupes jihadistes dont l’État islamique (EI) en Irak, Syrie ou Libye entre 2011 et 2016. Ennahdha, qui a dominé la vie politique tunisienne jusqu’à l’été 2021, a été accusé d’avoir facilité l’envoi de ces jihadistes à l’étranger, ce que le parti a toujours nié.