Mère de la première victime du djihadiste Mohammed Merah, Latifa Ibn Ziaten réagit à l’incident du 11 octobre au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, lorsque Julien Odoul, élu du RN, a pris à partie une mère, accompagnatrice scolaire voilée.
« Quand j’ai vu la vidéo la première fois, j’ai été choquée, comme tout le monde. J’ai immédiatement pensé à cet enfant qui était venu, probablement pour la première fois de sa vie, découvrir un hémicycle d’élus régionaux et faire l’expérience de la République française. J’imagine qu’il était fier que sa maman puisse l’accompagner avec sa classe. Que va-t-il garder de ce moment ? Très probablement une souffrance pour toute sa vie, car on n’humilie pas une mère de famille devant son enfant sans conséquence. Cette scène a eu une résonance particulière pour moi.
Le 8 décembre 2015, j’avais été invitée à parler de laïcité à l’Assemblée nationale devant un groupe de députés. A l’époque, j’étais peut-être encore un peu naïve, mais je n’avais pas du tout imaginé que cela pouvait être un piège. Quelques minutes après avoir pris la parole et m’être présentée, je sens, dans le regard des députés présents dans la salle, que quelque chose ne va pas. Je leur demande si c’est à cause de mon foulard ? Et là, une moitié répond oui et une autre, non. Je leur explique que je porte ce foulard depuis le décès de mon fils, en signe de deuil, qu’il n’a rien à voir avec un voile islamique. Je suis française, née au Maroc, de religion musulmane, mais je n’ai jamais porté le voile.
Je voulais lui exprimer ma solidarité et lui rappeler que le comportement de ce Julien Odoul, ce n’est pas la République, ce n’est pas la France. Qu’il ne faut pas prendre ce monsieur au sérieux. La semaine dernière, comme toutes les semaines, j’étais dans un collège, devant des troisièmes, pour parler de laïcité, de tolérance et de la République. Comme d’habitude, je leur parle coiffée de mon foulard. A chaque fois, j’insiste sur l’importance du regard que l’on porte sur les autres. Un élève m’a beaucoup touchée en me disant : « Mais, madame, je ne le vois même pas votre foulard, je vous vois vous. »
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/art...n-fils-en-signe-de-deuil_6016863_4500055.html
« Quand j’ai vu la vidéo la première fois, j’ai été choquée, comme tout le monde. J’ai immédiatement pensé à cet enfant qui était venu, probablement pour la première fois de sa vie, découvrir un hémicycle d’élus régionaux et faire l’expérience de la République française. J’imagine qu’il était fier que sa maman puisse l’accompagner avec sa classe. Que va-t-il garder de ce moment ? Très probablement une souffrance pour toute sa vie, car on n’humilie pas une mère de famille devant son enfant sans conséquence. Cette scène a eu une résonance particulière pour moi.
Le 8 décembre 2015, j’avais été invitée à parler de laïcité à l’Assemblée nationale devant un groupe de députés. A l’époque, j’étais peut-être encore un peu naïve, mais je n’avais pas du tout imaginé que cela pouvait être un piège. Quelques minutes après avoir pris la parole et m’être présentée, je sens, dans le regard des députés présents dans la salle, que quelque chose ne va pas. Je leur demande si c’est à cause de mon foulard ? Et là, une moitié répond oui et une autre, non. Je leur explique que je porte ce foulard depuis le décès de mon fils, en signe de deuil, qu’il n’a rien à voir avec un voile islamique. Je suis française, née au Maroc, de religion musulmane, mais je n’ai jamais porté le voile.
Pourtant au moment de quitter l’Assemblée, deux hommes, dont je ne veux pas révéler l’identité, viennent m’agresser en me criant dessus que je n’avais « pas le droit de parler de laïcité avec un voile sur la tête » et que j’étais « la honte de la France ». Je m’en souviens comme si c’était hier. Ils avaient quasiment la bave aux lèvres. Sans mon officier de sécurité, je crois qu’ils m’auraient frappée. C’est pourquoi, après l’incident au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, j’ai immédiatement cherché à entrer en contact avec cette mère de famille voilée, par le biais de Facebook et des réseaux sociaux… mais je n’ai pas réussi.« Je voulais lui exprimer ma solidarité et lui rappeler que le comportement de ce Julien Odoul, ce n’est pas la République, ce n’est pas la France. » Latifa Ibn Ziaten
Je voulais lui exprimer ma solidarité et lui rappeler que le comportement de ce Julien Odoul, ce n’est pas la République, ce n’est pas la France. Qu’il ne faut pas prendre ce monsieur au sérieux. La semaine dernière, comme toutes les semaines, j’étais dans un collège, devant des troisièmes, pour parler de laïcité, de tolérance et de la République. Comme d’habitude, je leur parle coiffée de mon foulard. A chaque fois, j’insiste sur l’importance du regard que l’on porte sur les autres. Un élève m’a beaucoup touchée en me disant : « Mais, madame, je ne le vois même pas votre foulard, je vous vois vous. »
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/art...n-fils-en-signe-de-deuil_6016863_4500055.html