Après l'effet papillon, l'effet sauterelle:
Un après-midi dautomne 1996, alors que la pluie gifle les carreaux, Hassan II, installé dans un salon de son haras, se livre devant moi (É. L.) à une étrange confidence : « En politique comme dans la vie, il faut avoir de la chance. Prenez le cas de ma famille, les Alaouites. Ils avaient émigré dArabie Saoudite pour sinstaller dans la région marocaine de Tafilalet. Sans exercer dinfluence notable. Puis, une année, les récoltes sont détruites par des essaims de sauterelles. On prie à travers le pays, le mécontentement monte, mais rien ny fait, les sauterelles sont de retour la saison suivante. Alors on vient voir mes ancêtres qui descendraient du Prophète, on leur demande de prendre le pouvoir. Ils sinstallent » Hassan marque une courte pause, le visage gourmand : « et là, coup de pot (sic), les raids de sauterelles sinterrompent 1. »
Magnifique ! Quelle lucidité, racontée avec autant de simplicité !
Ben oui, il a absolument raison : le talent n'est rien sans le petit coup de chance qui le dévoile...