Le "Made in France"...

Les uniformes de l’armée fabriqués au Sri Lanka

Alors que le « made in France » s’invite au cœur de la campagne présidentielle, qu’en est-il de l’administration française et des entreprises publiques? Sont-elles toutes converties au slogan « Achetons français »? Pas si sûr. Cette semaine, on apprenait que la production de la carte Vitale, fabriquée à Mareuil, en Dordogne, sera délocalisée en Inde.


De même, la Poste, entreprise publique, a délaissé Peugeot pour attribuer au Taïwanais Kymco le contrat de fabrication des scooters de 50 cm3 sur lesquels les facteurs feront leur tournée. « Les écarts de prix étaient de 30% », s’est défendu Jean-Paul Bailly, le président de la Poste, auditionné à l’Assemblée nationale par des députés très remontés contre ce choix peu patriotique. En 2010, Nicolas Sarkozy était monté au créneau pour fustiger une délocalisation de la Clio de Renault en Turquie.

Economie ouverte

Pourtant, l’Etat lui-même n’est pas exempt de reproches. L’armée ne fait-elle pas fabriquer ses uniformes dans des pays comme le Maroc, la Chine ou le Sri Lanka? L’an dernier, André Wojciechowski, député UMP de Moselle, avait interpellé Hervé Morin, alors ministre de la Défense, pour protester contre la délocalisation en Turquie des brodequins à jambières de nos soldats.

La réponse du ministre était alors sans appel : « Les achats du ministère de la Défense se conforment aux procédures du Code des marchés publics », qui interdit tout « principe de préférence nationale ». Et Hervé Morin d’enfoncer le clou : dès lors qu’il satisfait aux cahiers des charges de l’appel d’offres, « il n’est pas légalement possible d’écarter un fournisseur, même si sa production est localisée à l’étranger ». Bref, dans une économie ouverte, « acheter systématiquement français » est interdit par la loi. Et ce, même pour une administration.





Le Parisien
 
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