Le patinage artistique de François Hollande sur l'Europe
François Hollande a totalement brouillé sa revendication d'un gouvernement économique de la zone euro en déniant à la Commission européenne le droit de faire des recommandations précises sur les réformes à mettre en oeuvre en France.
Le président français avait choisi le 16 mai de placer la deuxième année de son quinquennat sous le signe d'une intégration européenne plus poussée, prônant la mise sur pied d'un véritable gouvernement économique de l'euro avec la perspective d'une union politique.
Il avait lors de la même conférence de presse salué les réformes réalisées par l'Allemagne pour assainir ses comptes et redresser sa compétitivité, un message spectaculairement réaffirmé le 23 mai à Leipzig lors des cérémonies du 150e anniversaire du Parti social-démocrate allemand (SPD).
Le terrain était donc en toute logique libre pour que les recommandations de politique économique présentées par la Commission européenne mercredi dernier en échange d'un délai de deux ans pour ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB soient bien accueillies à Paris.
Elles l'ont été par le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, qui a dit "partager" le "diagnostic" de l'exécutif européen sur les réformes à entreprendre, qui passent notamment par une réduction de la dépense publique et une réforme des retraites, deux objectifs du gouvernement français.
Mais François Hollande a perturbé cette chorégraphie bien huilée par un coup de menton inattendu.
"La Commission européenne n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire, elle a simplement à dire que la France doit rétablir ses comptes publics", a-t-il dit lors d'un déplacement en province, réagissant selon des sources gouvernementales à la piste bruxelloise d'un report de l'âge de départ à la retraite.
SCHIZOPHRÉNIE
Cette sortie a étonné le parti d'Angela Merkel.
"L'Union européenne a eu de l'indulgence pour la gestion par la France de son déficit et se voit quand même critiquée par Hollande", a déclaré jeudi Michael Meister, vice-président du groupe parlementaire CDU-CSU.
Pour Thomas Klau, directeur du bureau de Paris du Conseil européen pour les relations étrangères (ECFR), François Hollande illustre ainsi la "schizophrénie" française sur l'Europe.
"On a l'impression d'une communication présidentielle qui est moins une course en ligne droite qu'un numéro de patinage artistique", a-t-il déclaré à Reuters. "Le message est complètement brouillé, les gens n'y comprennent plus rien."
Non pas que François Hollande ait factuellement tort : il est évident que les réformes seront mises en oeuvre par la France, selon ses procédures, et notamment avec les partenaires sociaux pour celle, cruciale, des retraites.
"Mais la manière dont François Hollande a affirmé cette réalité est propre à jeter le trouble et dépasse l'entendement d'une grande majorité de citoyens en France et ailleurs en Europe", estime Thomas Klau.
Comment, en effet, concilier les appels à un gouvernement économique qui suppose des abandons de souveraineté pour mieux gérer l'euro avec une remise en question des pouvoirs renforcés dévolus à la Commission pendant la crise de l'euro ?
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François Hollande a totalement brouillé sa revendication d'un gouvernement économique de la zone euro en déniant à la Commission européenne le droit de faire des recommandations précises sur les réformes à mettre en oeuvre en France.
Le président français avait choisi le 16 mai de placer la deuxième année de son quinquennat sous le signe d'une intégration européenne plus poussée, prônant la mise sur pied d'un véritable gouvernement économique de l'euro avec la perspective d'une union politique.
Il avait lors de la même conférence de presse salué les réformes réalisées par l'Allemagne pour assainir ses comptes et redresser sa compétitivité, un message spectaculairement réaffirmé le 23 mai à Leipzig lors des cérémonies du 150e anniversaire du Parti social-démocrate allemand (SPD).
Le terrain était donc en toute logique libre pour que les recommandations de politique économique présentées par la Commission européenne mercredi dernier en échange d'un délai de deux ans pour ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB soient bien accueillies à Paris.
Elles l'ont été par le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, qui a dit "partager" le "diagnostic" de l'exécutif européen sur les réformes à entreprendre, qui passent notamment par une réduction de la dépense publique et une réforme des retraites, deux objectifs du gouvernement français.
Mais François Hollande a perturbé cette chorégraphie bien huilée par un coup de menton inattendu.
"La Commission européenne n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire, elle a simplement à dire que la France doit rétablir ses comptes publics", a-t-il dit lors d'un déplacement en province, réagissant selon des sources gouvernementales à la piste bruxelloise d'un report de l'âge de départ à la retraite.
SCHIZOPHRÉNIE
Cette sortie a étonné le parti d'Angela Merkel.
"L'Union européenne a eu de l'indulgence pour la gestion par la France de son déficit et se voit quand même critiquée par Hollande", a déclaré jeudi Michael Meister, vice-président du groupe parlementaire CDU-CSU.
Pour Thomas Klau, directeur du bureau de Paris du Conseil européen pour les relations étrangères (ECFR), François Hollande illustre ainsi la "schizophrénie" française sur l'Europe.
"On a l'impression d'une communication présidentielle qui est moins une course en ligne droite qu'un numéro de patinage artistique", a-t-il déclaré à Reuters. "Le message est complètement brouillé, les gens n'y comprennent plus rien."
Non pas que François Hollande ait factuellement tort : il est évident que les réformes seront mises en oeuvre par la France, selon ses procédures, et notamment avec les partenaires sociaux pour celle, cruciale, des retraites.
"Mais la manière dont François Hollande a affirmé cette réalité est propre à jeter le trouble et dépasse l'entendement d'une grande majorité de citoyens en France et ailleurs en Europe", estime Thomas Klau.
Comment, en effet, concilier les appels à un gouvernement économique qui suppose des abandons de souveraineté pour mieux gérer l'euro avec une remise en question des pouvoirs renforcés dévolus à la Commission pendant la crise de l'euro ?
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