Adhrab
Vergissmeinnicht
Jugement du Tribunal Correctionnel de Boué, en date du 22 avril 1964 :
- Attendu que Blyeke Etienne a été cité à comparaître devant le Tribunal correctionnel de céans,
sous la prévention d'avoir, à BISSOBINLAM, district de BOUE, le 13 septembre 1963, en tout
cas depuis moins de 3 ans, par imprudence, maladresse, négligence, inattention ou
inobservation des règlements, involontairement causé un homicide sur la personne du sieur
Joseph Akoué.
- Attendu qu'il résulte des débats et du dossier sur Blyeke Etienne, le 13 septembre 1963, qu'il
s'est rendu à la chasse dans l'après-midi ; que vers 16h, il entendit les cris des singes ; qu'il se
posta entre la grande forêt et les vielles plantations d'où venaient ces cris, espérant que les
singes allaient passer ; que s'apercevant qu'ils s'éloignaient plutôt de lui, Blyeke décida de les
suivre quand, sous le feuillage, il vit venir à lui un chimpanzé ; que celui-ci s'approchant de
plus en plus de lui en hurlant, Blyeke se vit dans l'obligation de le charger à la tête d'un coup
de feu ; que le chimpanzé tomba et fit plutôt entendre un cri d'homme ; qu'il se redressa en
homme et put encore faire plus de 1000 mètres en forêt en courant, puis s'affaissa et mourut
sans rien dire ; qu'appelés au secours, les villageois virent, reconnurent et transportèrent au
village le corps d'Akoué Joseph.
- Attendu qu'à l'audience, le prévenu a soutenu qu'il voyait parfaitement clair lorsqu'il avait fait
partir le coup de feu et qu'il avait bien identifié un chimpanzé, qu'il ne chasse d'ailleurs pas
pour la première fois, en ayant déjà capturé 4 depuis qu'il chasse.
- Attendu qu'un homicide involontaire n'est punissable que si c'est bien un homme qui a été tué
par maladresse, imprudence ou négligence ; que dans le cas d'espèce Blyeke a visé en plein jour
et a tiré sur un chimpanzé et non sur un homme ; que si le chimpanzé est devenu homme après
le coup de feu, Blyeke ne peut plus être retenu dans la prévention d'homicide involontaire.
- Attendu qu'il est de notoriété publique au Gabon que les hommes se changent soit en panthère,
soit en gorille, soit en éléphant etc..., pour accomplir des exploits, éliminer les ennemis ou
attirer sur eux de lourdes responsabilités, défendre leurs plantations et ravager celles des
voisins et amis ; que ce sont là ces faits qui sont inconnus du droit occidental et dont le Juge
Gabonais doit tenir compte ; qu'il est en effet inconcevable à l'esprit européen qu'un homme
puisse faire plus de 400 km en 27h à pieds, alors qu'un Bakoto de Makokou et Boué,
l'accomplissait.
- Attendu aussi qu'il n'est pas de la commune mesure qu'un individu ayant reçu une charge de
plomb dans la tête et, après être tombé, se relève et arrive encore à faire 1000 mètres en forêt
en courant ; que tel a été le cas de Akoué Joseph.
- Attendu qu'il faut encore savoir que les transformations des hommes en animaux féroces sont
courantes en vue d'effrayer le gibier pour s'en saisir plus facilement et qu'Akoué Joseph est
parti en chasse sans armes, puisqu'il n'en avait pas besoin, pouvant prendre le gibier
autrement.
- Attendu que le Tribunal a l'entière conviction qu'Akoué Joseph s'est transformé en chimpanzé
en forêt et que Blyeke, notable, ancien combattant, largement décoré, plusieurs fois vainqueur
des chimpanzés, ne pouvait pas tirer en plein jour sur un homme contre lequel il n'avait aucun
antécédent défavorable ;
- Par ces motifs, déclare Blyeke Etienne non coupable des faits qui lui sont reprochés.
http://vitae.pagesperso-orange.fr/paroledevie/A281_gabon.pdf
- Attendu que Blyeke Etienne a été cité à comparaître devant le Tribunal correctionnel de céans,
sous la prévention d'avoir, à BISSOBINLAM, district de BOUE, le 13 septembre 1963, en tout
cas depuis moins de 3 ans, par imprudence, maladresse, négligence, inattention ou
inobservation des règlements, involontairement causé un homicide sur la personne du sieur
Joseph Akoué.
- Attendu qu'il résulte des débats et du dossier sur Blyeke Etienne, le 13 septembre 1963, qu'il
s'est rendu à la chasse dans l'après-midi ; que vers 16h, il entendit les cris des singes ; qu'il se
posta entre la grande forêt et les vielles plantations d'où venaient ces cris, espérant que les
singes allaient passer ; que s'apercevant qu'ils s'éloignaient plutôt de lui, Blyeke décida de les
suivre quand, sous le feuillage, il vit venir à lui un chimpanzé ; que celui-ci s'approchant de
plus en plus de lui en hurlant, Blyeke se vit dans l'obligation de le charger à la tête d'un coup
de feu ; que le chimpanzé tomba et fit plutôt entendre un cri d'homme ; qu'il se redressa en
homme et put encore faire plus de 1000 mètres en forêt en courant, puis s'affaissa et mourut
sans rien dire ; qu'appelés au secours, les villageois virent, reconnurent et transportèrent au
village le corps d'Akoué Joseph.
- Attendu qu'à l'audience, le prévenu a soutenu qu'il voyait parfaitement clair lorsqu'il avait fait
partir le coup de feu et qu'il avait bien identifié un chimpanzé, qu'il ne chasse d'ailleurs pas
pour la première fois, en ayant déjà capturé 4 depuis qu'il chasse.
- Attendu qu'un homicide involontaire n'est punissable que si c'est bien un homme qui a été tué
par maladresse, imprudence ou négligence ; que dans le cas d'espèce Blyeke a visé en plein jour
et a tiré sur un chimpanzé et non sur un homme ; que si le chimpanzé est devenu homme après
le coup de feu, Blyeke ne peut plus être retenu dans la prévention d'homicide involontaire.
- Attendu qu'il est de notoriété publique au Gabon que les hommes se changent soit en panthère,
soit en gorille, soit en éléphant etc..., pour accomplir des exploits, éliminer les ennemis ou
attirer sur eux de lourdes responsabilités, défendre leurs plantations et ravager celles des
voisins et amis ; que ce sont là ces faits qui sont inconnus du droit occidental et dont le Juge
Gabonais doit tenir compte ; qu'il est en effet inconcevable à l'esprit européen qu'un homme
puisse faire plus de 400 km en 27h à pieds, alors qu'un Bakoto de Makokou et Boué,
l'accomplissait.
- Attendu aussi qu'il n'est pas de la commune mesure qu'un individu ayant reçu une charge de
plomb dans la tête et, après être tombé, se relève et arrive encore à faire 1000 mètres en forêt
en courant ; que tel a été le cas de Akoué Joseph.
- Attendu qu'il faut encore savoir que les transformations des hommes en animaux féroces sont
courantes en vue d'effrayer le gibier pour s'en saisir plus facilement et qu'Akoué Joseph est
parti en chasse sans armes, puisqu'il n'en avait pas besoin, pouvant prendre le gibier
autrement.
- Attendu que le Tribunal a l'entière conviction qu'Akoué Joseph s'est transformé en chimpanzé
en forêt et que Blyeke, notable, ancien combattant, largement décoré, plusieurs fois vainqueur
des chimpanzés, ne pouvait pas tirer en plein jour sur un homme contre lequel il n'avait aucun
antécédent défavorable ;
- Par ces motifs, déclare Blyeke Etienne non coupable des faits qui lui sont reprochés.
http://vitae.pagesperso-orange.fr/paroledevie/A281_gabon.pdf