Le ramadan chez la personne âgée : conseils santé

Moussayer

Dr Moussayer khadija : maladies auto-immunes
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Il faut toujours tenir compte chez la personne âgée (PA) des modifications physiologiques et de la présence de diverses pathologies s’accumulant avec l’avancée dans l’âge. Ainsi, les PA souhaitant observer le jeûne du ramadan sont invitées à prendre conseil auprès de leur médecin quelques semaines avant le début du jeûne, afin de recevoir des conseils adaptés à leur situation et ainsi minimiser le risque de complications et garantir une bonne tolérance du jeûne. Ce dernier est à éviter en cas de certaines pathologies : diabète non équilibré ou de surcroit traité à l'insuline, d'insuffisance rénale ou de maladie cardiaque sous traitement diurétique qui en éliminant le surplus de liquides de l’organisme, peut engendrer une déshydratation.​
1/ Les risques associés au jeûne

Le jeûne intermittent, alternant des périodes de jeûne avec des périodes de consommation alimentaire normale, en particulier lorsqu'il est pratiqué à long terme, peut contribuer à limiter le risque d’événements cardiaques et avoir des effets positifs sur la santé métabolique.
Néanmoins, au cours du jeûne du Ramadan, la prise des repas est concentrée dans le temps et l’alimentation se caractérise par une densité énergétique souvent élevée par rapport aux besoins. Ainsi, les bienfaits du jeûne sont battus en brèche par les excès alimentaires observés à la rupture de ce dernier.
Chez les patients diabétiques, le jeûne du mois de Ramadan peut avoir des effets néfastes et générer des accidents métaboliques -hypoglycémie, hyperglycémie ou acidocétose diabétique-, voire aggraver les complications dégénératives du diabète. Le patient diabétique peut être exposé à d’autres complications aiguës, notamment la déshydratation et la constitution de caillots sanguins au niveau des vaisseaux.
2/ Des recommandations spécifiques en termes de durée du jeûne ou de gestion des repas
Il faut veiller à une alimentation bien équilibrée et surtout ne pas diminuer sa consommation alimentaire habituelle pour ne pas aggraver la fonte musculaire. En effet, Le capital musculaire diminue avec l’âge et cette diminution de la masse musculaire peut être source de troubles nutritionnels et de l’hydratation. En effet, 73% de l’eau totale du corps sont stockés dans les muscles, une baisse des réserves en eau sera ainsi corrélative à cette diminution de la masse musculaire. Ce phénomène, la sarcopénie, a des répercussions considérables par les faiblesses qu’il provoque : risques infectieux par baisse des réserves protéiques nécessaires aux défenses immunitaires, chutes et fractures éventuelles compromettant l’autonomie de la PA…
Ainsi, pour éviter l’aggravation de la fonte musculaire, l’apport protéique, doit être supérieur à celui de l’adulte jeune et une activité physique quotidienne de 15 à 30 mn par jour est également nécessaire pour lutter contre cette sarcopénie.
3/ La capacité d’une PA à jeûner en toute sécurité face à la gestion des médicaments
Le plus grand souci au cours du Ramadan est la gestion des médicaments. Ces derniers restent en plus grande quantité et plus longtemps dans l’organisme d’une personne âgée que chez un adulte de 30/40 ans. Leur élimination rénale est ralentie, leur accumulation dans les graisses est augmentée et leur passage dans le cerveau est plus agressif rendent de fait les PA beaucoup plus fragiles face aux médicaments.
4/ Les signes ou symptômes qui imposent un arrêt du jeûne
La déshydratation est parmi les dangers qui guettent la PA particulièrement en période de jeûne. La perception de la soif s’émousse avec l’âge et les pertes en eau sont plus importantes à cause d’une plus forte résistance du rein à l’action d’une substance qui limite les pertes en urine : l’hormone antidiurétique. De plus, les mécanismes de régulation sont moins bien assurés, et l’élimination des surplus de sucre ou de sodium s’accompagne d’une plus grande perte en eau. L’équilibre hydrique est également menacé par certains médicaments (diurétiques, neuroleptiques…).
Il faut préciser que les signes de la déshydrations chez la PA sont sournois et pas toujours faciles à interpréter. Ainsi, on peut avoir des manifestations de somnolence brusque, de troubles neuromusculaires, de constipation ou d’accélération du rythme cardiaque.
Aussi, Il ne faut pas attendre la survenue de ces symptômes pour s’alarmer, leur anticipation s’impose en contrôlant régulièrement l’état d’hydratation de la PA et en évaluant les risques que comportent la pratique de jeûne et la prise des médicaments par rapport à la genèse d’une déshydratation.
oire le décès.

Dr MOUSSAYER KHADIJA , Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie,
 
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