« Nous avons tous eu (du moins, les personnes de ma génération) dans les maisons de nos parents un salon marocain entouré d’une attention particulière. Ce salon était invariablement meublé de canapés marocains (seddari), d’une grande table ronde posée au milieu, couverte d’une nappe d’une blancheur immaculée, brodée de fils rouges ou verts.
Cette pièce était la plus propre et la mieux rangée de la maison…Ce salon était réservé aux invités, qui venaient nous rendre visite de manière épisodique, lors des jours de fête ou encore pour partager des événements heureux ou tragiques….Peu importe ce qui se passait dans les autres pièces de la maison et leur état, le plus important était que le salon devait être une image impeccable. Le regard étranger des visiteurs était celui à espérer ou à craindre le plus.
Ce “syndrome du salon marocain” est applicable à notre vie politique et à nos débats publics. C’est ainsi que l’on lit et entend parfois des voix qui appellent à ne pas trop faire montre de critiques, à ne pas entretenir de polémiques, à être “positif”, à ne pas trop commenter des faits sinistres ou malheureux sous prétexte que cela pourrait… “nuire à l’image du pays”. On préfère alors mettre la poussière sous le tapis, se draper dans un faux patriotisme, qui ne mène finalement qu’à une société rabougrie, susceptible et recroquevillée sur des certitudes fantasmées »
« L’image du Maroc ne peut pas être une publicité mensongère, une pièce de théâtre à l’échelle d’un pays, mais elle doit refléter ce que nous sommes, avec nos accomplissements et nos lacunes, la fierté de ce qui a été réalisé et la lucidité de reconnaître ce qui reste à faire. Elle est l’image de toute une maison, et non d’un salon fermé et interdit à ses enfants »
Abdellah Tourabi
Cette pièce était la plus propre et la mieux rangée de la maison…Ce salon était réservé aux invités, qui venaient nous rendre visite de manière épisodique, lors des jours de fête ou encore pour partager des événements heureux ou tragiques….Peu importe ce qui se passait dans les autres pièces de la maison et leur état, le plus important était que le salon devait être une image impeccable. Le regard étranger des visiteurs était celui à espérer ou à craindre le plus.
Ce “syndrome du salon marocain” est applicable à notre vie politique et à nos débats publics. C’est ainsi que l’on lit et entend parfois des voix qui appellent à ne pas trop faire montre de critiques, à ne pas entretenir de polémiques, à être “positif”, à ne pas trop commenter des faits sinistres ou malheureux sous prétexte que cela pourrait… “nuire à l’image du pays”. On préfère alors mettre la poussière sous le tapis, se draper dans un faux patriotisme, qui ne mène finalement qu’à une société rabougrie, susceptible et recroquevillée sur des certitudes fantasmées »
« L’image du Maroc ne peut pas être une publicité mensongère, une pièce de théâtre à l’échelle d’un pays, mais elle doit refléter ce que nous sommes, avec nos accomplissements et nos lacunes, la fierté de ce qui a été réalisé et la lucidité de reconnaître ce qui reste à faire. Elle est l’image de toute une maison, et non d’un salon fermé et interdit à ses enfants »
Abdellah Tourabi
Le syndrome du salon marocain
telquel.ma