Le système bancaire est en faillite

Roubini : les pertes peuvent atteindre 3600 milliards, le système bancaire US est virtuellement en faillite

23 janvier 2009

Wall Street, combien de zombies ? Combien d’établissements seraient aujourd’hui en faillite sans l’apport répété de liquidités et les facilités mises en place par la Fed, qui leur permettent de continuer à exister alors que leur valeur liquidative est vraisemblablement largement dans le rouge ? Roubini estime que les pertes de l’ensemble du système financier US pourraient s’élever jusqu’à 3600 milliards, dont une moitié pour les banques. Or leur capitalisation agrégée n’est que 1400 milliards. Conclusion ? Le système bancaire US est virtuellement en faillite, avertit Roubini. Faut-il s’en étonner puisque les USA sont à l’épicentre de cette explosion de la bulle d’actifs douteux et de dettes irrécouvrables ? Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, Il n’y a pas lieu de croire que l’Europe serait à l’abri. La situation est la même de ce côté-ci de l’Atlantique, avertit Roubini, et les déboires récents des banques anglaises sont là pour confirmer ses dires.



Les pertes du secteur financier US pourraient atteindre 3600 milliards, selon Nouriel Roubini, qui estime que le système bancaire est « techniquement en état d’insolvabilité ».

« J’estime que les pertes pourraient atteindre 3600 milliards de dollars pour les établissements financiers américains, avec une moitié pour les banques, » a avertit Roubini lors d’une conférence qui se tenait à Dubaï.

« Si c’est le cas, cela signifie que le système bancaire US est effectivement insolvable, car il ne dispose que de 1400 milliards de capitalisation. C’est une crise bancaire systémique. »

Selon Bloomberg, le total des pertes constatées par le système financier avoisine les 1000 milliards de dollars.

Bank of America, qui a annoncé 1,8 milliards de pertes la semaine dernière, vient de recevoir 128 milliards en garanties et en capital, fournis par les autorités US. La banque Citigroup, avec 8,3 milliards de pertes au dernier trimestre, prévoit de se scinder en deux entités.

« Les problème de Citi, de Bank of America et d’autres, laissent penser que le système est en état de banqueroute, » précise M. Roubini, qui ajoute « c’est la même chose en Europe . »


Bloomberg
 
1000 Milliards de perte de valeur pour les dix premières banques au monde.

mais on ne va pas les plaindre, bien fait pour leur gueule

seul pb, c'est tjs les plus pauvres qui paient les pots cassés
 
Dans le New-York Times du 19 janvier, sous le titre « Wall Street Voodoo », Paul Krugman illustre ainsi la situation des banques.

« Pour (l’) expliquer, laissez moi décrire l’état d’une banque hypothétique que j’appellerai Gothamgroup, Gotham pour faire court.

Sur le papier, Gotham a des actifs de 2 trillions de dollars et 1,9 trillions d’engagements et donc une valeur nette de 100 billions. Mais une partie substantielle de ces actifs, disons 400 billions, sont des hypothèques ou des actifs toxiques. Si la banque essaie de les vendre, elle n’en tirerait pas plus de 200 billions.

Gotham est donc une banque zombie : elle est encore active, mais en réalité elle est déjà en faillite. Ces actifs ne peuvent plus être valorisés — elle a encore une capitalisation de 20 billions, mais cette valeur est entièrement basée sur l’espoir que le gouvernement viendra au secours des actionnaires.

Mais pourquoi le gouvernement sauverait-il Gotham ? Parce qu’elle joue central dans le système financier. Lorsque Lehman Brothers a été sacrifiée, les marchés financiers se sont effondrés et pendant quelques semaines l’économie mondiale a frisé l’infarctus. Pour ne pas recommencer, Gotham doit être maintenue en vie. Mais comment s’y prendre ?

Le gouvernement peut simplement faire cadeau de 200 billions à Gotham, de quoi la rendre à nouveau solvable. Ce serait évidemment un cadeau formidable aux actionnaires et cela encouragerait aussi la prise de risques dans l’avenir. Cela peut être encore une manière de soutenir le cours de l’action.

Une meilleure approche serait de faire ce que fit le gouvernement avec les Caisses d’épargne à la fin des années 80. Il s’en empara et en vira les actionnaires. Il transféra leurs créances pourries dans une institution, la Resolution Trust Corporation, apura les comptes pour rendre les caisses solvables et les revendit à de nouveaux actionnaires.

La rumeur actuelle suggère cependant que les politiques ne veulent pas de cette solution. On rapporte qu’ils recherchent un compromis, où les actifs toxiques seraient transférés des comptes des banques vers une « bad bank » ou « aggregator bank » publique, mais sans prendre d’abord le contrôle des banques.

Sheila Blair, présidente de la Federal Deposit Insurance Corporation, vient d’essayer d’expliquer comment cela marcherait : « La banque d’agrégation achèterait les actifs à leur « fair value ». Mais que veut dire « fair value » ?

Dans mon exemple, Gotham est insolvable parce qu’elle a dans ses comptes 400 billions d’actifs qui n’en valent plus que 200. Pour que l’achat des actifs toxiques par le gouvernement la rende à nouveau solvable, il faut qu’il les achète plus cher que ne le feraient des acheteurs privés.

Maintenant, des acheteurs privés achèteraient-ils ces actifs pour ce qu’ils valent ? « Nous n’avons aucun prix rationnel pour cette sorte d’actifs », dit Ms Blair. Le gouvernement est-il dans le secret des marchés pour soutenir qu’il connaît mieux qu’eux ce que valent ces actifs ? Et est-on sûr qu’il suffise de payer la « fair value », quoiqu’elle veuille dire, pour que les banques soient de nouveau solvables ?
 
Haut