L'égoïsme vertueux et l'altruisme vicieux

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Bonjour :timide:

Il y a certains moralistes qui ont tendance à identifier l'égoïsme au mal et l'altruisme au bien. Et donc ça donne des sentences comme celle d'Augustin qui dit que la cité des hommes consiste à s'aimer jusqu'au mépris de Dieu alors que la cité de Dieu consiste à aimer Dieu jusqu'au mépris de soi, ou encore des outrances comme celles du Sermon sur la Montagne de Jésus (paradoxalement, l'Ancien Testament est plus réaliste ici).

Et donc il serait toujours suspect de s'aimer soi-même et de poursuivre ses intérêts dans nos relations avec autrui, alors qu'il serait toujours louable de se sacrifier, de se nier soi-même, de s'humilier, de s'abaisser au bénéfice des autres. Jésus a dit : qui veut gagner sa vie la perdra. Il a dit aussi que le plus grand dans le Royaume est celui qui se fait le plus petit (dans cette vie).

À la rigueur, certains moralistes concèdent à contrecoeur que l'égoïsme est un mal qui dans certaines circonstances est inévitable chez les personnes ordinaires, mais certainement pas un idéal de sainteté ou d'excellence morale.

Cette vision simpliste du bien et du mal doit être sérieusement nuancée. La morale ne devrait pas alimenter en nous des sentiments autodestructeurs ou masochistes. Il y a toute une tradition morale parallèle qui affirme que le but de la vie est de trouver le bonheur, de s'épanouir, de développer nos forces et de se perfectionner constamment, et même les plaisirs, souvent regardés avec suspicion comme la quintessence de l'égoïsme, peuvent être utilisés de façon raisonnable et modérée.

Mais il y a plus : non seulement l'égoïsme n'est pas automatiquement immoral, mais dans certains cas l'égoïsme est positivement vertueux, ou du moins, il est tel que par lui, on arrive au plus grand bien pour la collectivité.

La comparaison entre les économies capitalistes (fondées sur la compétition et l'intérêt personnel pour le gain) et les économistes communistes (fondées en théorie sur la coopération, le partage et l'altruisme) est révélatrice. Les pays communistes ont TOUS échoué économiquement, et leur population a été ou est dans la grande misère. Le capitalisme n'apporte pas toujours de solution magique, mais au moins il a bien réussi dans certains cas et produit une société d'abondance où la plupart ne sont pas angoissés au sujet de leurs besoins de base.

Mais même sans entrer dans les idéologies économiques, voici quelques exemples : un jeune qui est tenté de consommer des drogues pour faire partie d'une bande de jeunes peut en être écarté par un égoïsme vertueux : il peut craindre pour sa santé ou son argent.

Une personne qui refuse d'aider un sociopathe agit moralement, car le sociopathe tentait de la manipuler en essayant de susciter la compassion ou l'amour, alors que c'est un ******.

Un parent qui ne cède pas systématiquement aux demandes de ses enfants et qui dans certains cas préfère sa propre tranquillité ou garder son argent, est vertueux : un enfant ne devrait pas avoir tout ce qu'il demande, et il doit apprendre qu'il n'est pas le centre de l'univers et que les autres aussi ont des besoins et des intérêts, à commencer par ses parents.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Inversement, l'altruisme peut être immoral. La pratique des vendettas dans certaines sociétés repose sur une notion d'altruisme réciproque, dans ce cas-ci une sorte de loi du talion (un égoïste authentique ne voudrait pas risquer sa vie pour laver l'honneur d'autres personnes, même de ses proches, ou de quelque chose d'abstrait pour lui, comme "le clan", "la communauté", "le peuple"), mais c'est un altruisme réciproque immoral.

De même, une personne qui est prise de pitié pour un sociopathe qui simule, et qui lui vient en aide, ne fait que rendre le sociopathe plus dangereux et plus nuisible. Résister à un sociopathes, entre autres choses pour des motifs égoïstes, permet aussi de protéger d'autres personnes qui auraient pu être ses victimes.

Autre exemple : des compagnies dans un secteur restreint de l'économie peuvent conclure des pactes secrets entre elles pour maintenir les prix artificiellement élevés et ainsi s'enrichir sur le dos des consommateurs. Cela est un effet pervers de l'altruisme. Si ces compagnies choisissaient plutôt la compétition, de façon à battre leurs concurrents, il y aurait une pression pour baisser les prix, et les consommateurs en sortiraient gagnants.

De même, qu'est-ce que la corruption, sinon une forme d'altruisme? Z donne un pot-de-vin à un fonctionnaire pour obtenir un service en échange, auquel il n'aurait pas droit normalement. Encore là ça suppose l'altruisme réciproque. Ce "deal" ne fonctionnerait pas si le fonctionnaire était assez égoïste pour refuser de se déranger et de prendre des risques pour rendre service à Z, ou bien si Z aimait mieux garder son argent plutôt que de l'offrir en pot-de-vin (sans parler du risque d'être découvert).

La loyauté, forme d'altruisme de groupe, est aussi parfois immorale. Si on est loyal envers un groupe qui commet des crimes ou qui mène une guerre injustifiée, on agit immoralement, et un déserteur qui craint pour sa vie a au moins la consolation de n'avoir pas collaboré à ces crimes! Un Allemand qui a déserté l'armée nazie au tout début de la guerre aura au moins eu la consolation de n'avoir pas combattu la cause juste des Alliés. La loyauté est ambiguë, parfois louable, parfois méprisable de par sa servilité et son absence de jugement critique. C'est un altruisme bien douteux.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Autre exemple : un criminel qui refuse de dénoncer ses complices par solidarité (donc altruisme) est moins vertueux qu'un criminel capturé qui négocie une entente avec la police pour livrer ses complices en échange d'une réduction de peine!
 
Autre exemple : un criminel qui refuse de dénoncer ses complices par solidarité (donc altruisme) est moins vertueux qu'un criminel capturé qui négocie une entente avec la police pour livrer ses complices en échange d'une réduction de peine!
c est de la propagande quoi, de la reclame, de la publicité, du relation publique,
du marketing faut savoir que tout ces mots signifie la meme chose
merci edward bernays d avoir arnaquer les femmes par la cigarette
conclusion tout n est que magouille est arnaque
 

etre2en1

intersex people are cool
VIB
@Ebion, le terme altruisme est mal place dans ton discoure
Un mauvais choix de vocabulaire.
:intello:
" Le mot altruisme et l'adjectif altruiste s'appliquent aujourd'hui à un comportement animal et humain caractérisé par des actes a priori désintéressés, ne procurant pas d'avantages apparents et immédiats à l'individu qui les exécute mais qui sont bénéfiques à d'autres individus et peuvent favoriser surtout à long terme un vivre-ensemble et une reconnaissance mutuelle au sein du groupe où il est présent, bien que l'altruisme brut soit néanmoins un acte ne demandant rien en retour. "
Altruisme n'est pas le meilleur antonyme dans ce cas pour faire opposition à l'égoïsme, il y avait :
bonté, dévouement, désintéressement, philanthropie, charité………..
 

etre2en1

intersex people are cool
VIB
Je me méfie des gens qui se prétendent sympa et qui veulent mon bien.
J'habite un logement insalubre dont les travaux devaient être fait avant mon entrée dans les locaux, depuis aucun des autres travaux n'ont été faits malgré des promesses et les textes de loi.
J'attends un nouveau logement depuis des années, et dernièrement on a voulu me faire pression pour que moi je fasse faire tous ces travaux pour avoir un nouveau logement, donc pour mon propre bien on m'a proposé un crédit sur 10 ou 20 ans pour financer ces travaux. :confused:
 
Bonjour Ebion,

Je ne suis pas certain que les conceptions religieuses de l'altruisme et de l'égoisme possèdent la même acception que celles que tu laisses entendre (mais peut-être me trompé-je).
Ainsi, lorsque Jésus, par-exemple, évoque le fait de figurer de façon modeste dans cette vie (être le plus petit) ou lorsque la religion enjoint au sacrifice de soi, au désintérêt concernant divers plaisirs de ce bas-monde, à l'altruisme, cela ne signifie nullement (à mon sens) qu'il faille mener une vie d'ascète sans qu'aucun plaisirs "égoistes" ne viennent l'égayer.

L'Islam, pour prendre cet exemple, relaye la notion de juste milieu. En l'occurrence, aussi bien celui qui se prive volontairement de tout ce que Dieu lui a permis se voit réprouvé dans son attitude (il y a un hadith concernant trois personnes qui s'étaient respectivement engagés à "prier toute la nuit/jeûner incessamment/ne pas se marier") que celui qui profite de certains plaisirs interdits ou même qui jouit à l'excès de plaisirs autorisés. Tout est question de mesure. L'Islam (une nouvelle fois), pas plus que la Chrétienté originelle ne prohibent le mariage, le fait de manger des mets de qualité, le fait de posséder des objets qui ravivent nos sens etc....

Le sacrifice de soi, l'entraide envers sa communauté, l'amour inconditionnel de Dieu ne s'avèrent pas incompatibles avec une vie égayée par certains plaisirs (éprouvés avec mesure). Maintenant, lorsque l'accession à ces plaisirs passent par un choix qui à opérer entre soi et son prochain, l'égoisme se caractérise par le fait de se privilégier lors même que le choix contraire n'impacterait nullement négativement celui qui se voit ainsi priver de la jouissance que l'on convoite.
Ainsi le contexte est prépondérant, c'est la raison pour laquelle tes exemples (enfants; sociopathe; dealers) ne sont pas définis comme des marques d'égoisme d'un point de vue religieux.


De la même façon que pour l'altruisme. Celui-ci n'est pas réductible à l'acte seul mais s'apprécie selon le sens réel de celui-ci. Ainsi "aider quelqu'un" n'est pas nécessairement altruiste. Mais par-contre "aidez quelqu'un pour qu'il puisse se soigner" l'est, à contrario "aidez quelqu'un pour qu'il commette une mauvaise action" ne l'est pas. Ou encore "aider quelqu'un dans le seul but de profiter de ses atouts" est un acte égoiste. De cette façon, aussi bien l'altruisme que l'égoisme sont, religieusement parlant (du moins, de la façon dont je l'interprète), plus qu'une simple question "d'actions brutes". Il est nécessaire d'apprécier les actes dans leur globalité avec les finalités de ceux-ci afin de pouvoir déterminer de quelle façon ils se définiront.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Bonjour débatto @DKKRR ! :joueur:

En fait je pensais pas tant au problème des plaisirs versus ascétisme (ce qui relève de la vertu de tempérance, donc finalement de la maîtrise de soi pour être en meilleure santé et plus en forme), mais à des questions de justice, donc avant tout de distribution des devoirs et des droits. Le problème est quand certains "spirituels" nous disent qu'il vaut toujours mieux renoncer à ses droits et à ses intérêts pour se mettre au service des autres, comme si notre vie à nous était honteuse.

Le problème est qu'il y en a qui ne méritent pas qu'on se mette à leur service. Ce qu'ils méritent, c'est une punition, ou parfois une éducation pour leur apprendre à travailler et à faire leur part. Et donc, certaines formes d'altruisme sont contre-productives et doivent être rejetées. Et l'égoïsme n'est pas systématiquement mauvais. Parfois se montrer égoïstes finit par bénéficier à la société dans son ensemble (thèse de la main invisible d'Adam Smith). Je dis pas que ça marche toujours, mais parfois ça marche mieux que l'altruisme.

Mais je suis évidemment d'accord avec l'idée de juste milieu dont tu parles, qui est aussi proposée par d'anciens philosophes moraux comme voie vers le bonheur. Il ne faut ni être toujours altruistes ni être toujours égoïstes.

Et c'est bien vrai qu'il faut tenir compte du contexte des actes et de leurs finalités. Un même geste matériellement peut avoir des sens différents dans différents contextes. Faire la charité à un pauvre, qui va ensuite aller s'acheter des cigarettes, ce n'est pas réellement lui rendre service. Par contre, faire la charité est parfois louable, non seulement en intention, mais parce que la personne qu'on aide est responsable et sérieuse!
 
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