Bonjour 
Parmi les profs et les savants, il y a une vision généralement positive de la philosophie, qui, prétendument, permettrait de nous rendre sages, de nous rendre lucides, de nous émanciper, de nous prémunir contre les tyrans et finalement de nous rendre heureux.
Je crois cependant qu'on surestime la philosophie.
Elle peut aussi avoir des effets négatifs, et les écrits des philosophes peuvent être utilisés à mauvais escient.
La philosophie ne nous rend pas forcément critiques. La plupart des temps, les gens ont déjà leurs croyances toutes faites dans leur esprit, et ils vont puiser dans la philosophie des arguments pour justifier après coup leurs positions. Ils sont pas intéressés à réellement examiner critiquement leurs propres petites croyances. Qu'on soit croyant ou athée, capitaliste ou communiste, féministe ou antiféministe, pro-Occident ou anti-Occident, on va trouver dans la philosophie des arsenaux d'arguments pour se justifier...
La philosophie a aussi servi à appuyer tous les préjugés des anciennes cultures, et elle appuie sans doute des préjugés de nos cultures actuelles. En fait dans les cultures anciennes, le « droit » de philosopher était refusé aux femmes et aux minorités et aux hérétiques. La philosophie servait de caisse de résonance des préjugés des élites.
Les jeunes qui s'initient à la philosophie ont aussi tendance à se croire meilleurs que les autres, à devenir suffisants, prétentieux et méprisants. La philosophie ne les rend pas plus humbles : elle les rend plus fous!
La philosophie peut aussi rendre plus intolérant. Si on croit avoir des démonstrations rationnelles de quelque chose, on risque de ne pas supporter ceux qui résistent à nos raisonnements « irréfutables » et « évidents » et à leur imputer des défauts moraux, voire de chercher à restreindre leur liberté « d'égarer » les autres.
Il y a aussi une insupportable culture du pédantisme parmi les philosophes vedettes. Surtout dans la philosophie du dernier siècle. Écrire de façon obscure et torturée, inventer ou déformer des mots à tout bout de champ, certains l'ont fait et le font encore comme si cela les rendait plus intelligents et profonds. Et maintenant pour être dans le coup, il faut avoir lu et fait semblant d'avoir compris ces philosophes incompréhensibles, et saupoudrer nos textes de leurs citations! La philosophie s'éloigne des préoccupations des gens ordinaires (heureusement, il y a aussi des philosophes contemporains qui vulgarisent et s'adressent à un public large, comme Comte-Sponville et Roger Pol-Droit).
Depuis des siècles, on fait le procès de la religion, récemment on fait même le procès de la science, mais il faut aussi faire le procès de la philosophie.
Le procès de la philosophie a cependant ceci de particulier que c'est lui-même un acte philosophique (ou « méta-philosophique » si on préfère).
Parmi les profs et les savants, il y a une vision généralement positive de la philosophie, qui, prétendument, permettrait de nous rendre sages, de nous rendre lucides, de nous émanciper, de nous prémunir contre les tyrans et finalement de nous rendre heureux.
Je crois cependant qu'on surestime la philosophie.
Elle peut aussi avoir des effets négatifs, et les écrits des philosophes peuvent être utilisés à mauvais escient.
La philosophie ne nous rend pas forcément critiques. La plupart des temps, les gens ont déjà leurs croyances toutes faites dans leur esprit, et ils vont puiser dans la philosophie des arguments pour justifier après coup leurs positions. Ils sont pas intéressés à réellement examiner critiquement leurs propres petites croyances. Qu'on soit croyant ou athée, capitaliste ou communiste, féministe ou antiféministe, pro-Occident ou anti-Occident, on va trouver dans la philosophie des arsenaux d'arguments pour se justifier...
La philosophie a aussi servi à appuyer tous les préjugés des anciennes cultures, et elle appuie sans doute des préjugés de nos cultures actuelles. En fait dans les cultures anciennes, le « droit » de philosopher était refusé aux femmes et aux minorités et aux hérétiques. La philosophie servait de caisse de résonance des préjugés des élites.
Les jeunes qui s'initient à la philosophie ont aussi tendance à se croire meilleurs que les autres, à devenir suffisants, prétentieux et méprisants. La philosophie ne les rend pas plus humbles : elle les rend plus fous!
La philosophie peut aussi rendre plus intolérant. Si on croit avoir des démonstrations rationnelles de quelque chose, on risque de ne pas supporter ceux qui résistent à nos raisonnements « irréfutables » et « évidents » et à leur imputer des défauts moraux, voire de chercher à restreindre leur liberté « d'égarer » les autres.
Il y a aussi une insupportable culture du pédantisme parmi les philosophes vedettes. Surtout dans la philosophie du dernier siècle. Écrire de façon obscure et torturée, inventer ou déformer des mots à tout bout de champ, certains l'ont fait et le font encore comme si cela les rendait plus intelligents et profonds. Et maintenant pour être dans le coup, il faut avoir lu et fait semblant d'avoir compris ces philosophes incompréhensibles, et saupoudrer nos textes de leurs citations! La philosophie s'éloigne des préoccupations des gens ordinaires (heureusement, il y a aussi des philosophes contemporains qui vulgarisent et s'adressent à un public large, comme Comte-Sponville et Roger Pol-Droit).
Depuis des siècles, on fait le procès de la religion, récemment on fait même le procès de la science, mais il faut aussi faire le procès de la philosophie.
Le procès de la philosophie a cependant ceci de particulier que c'est lui-même un acte philosophique (ou « méta-philosophique » si on préfère).