Les enfants handicapés, ces éternels laissés-pour-compte

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Les personnes en situation de handicap sont sans conteste une catégorie de citoyens exclue et marginalisée. En particulier, en matière de scolarisation. En témoignent les indicateurs : 66,1% des personnes en situation de handicap ne fréquentent pas l’école. Ce taux alarmant a été mis en exergue, le 23 mai 2019, au siège du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, à l’occasion de la présentation d’un projet d’avis sur «L’enseignement des personnes en situation de handicap : vers une éducation inclusive, équitable et efficiente». Un avis que veut exprimer la commission permanente des curricula, programmes, formations et outils didactiques, relevant du conseil supérieur que préside Omar Azziman, à l’opinion publique ainsi qu’aux départements étatiques, qui sont les premiers responsables de la prise en charge de ces citoyens, à savoir le ministère de l’éducation nationale, celui de la solidarité ainsi que la santé. Le principal objectif est la définition des contours d’une éducation inclusive, en mesure de parvenir à une totale intégration des personnes en situation de handicap, au sein de l’école publique, avec le reste des élèves.

«Dans un rapport, qui a été édité par l’instance nationale d’évaluation, il est indiqué que les enfants en situation de handicap sont absents du système éducatif. Partout au Maroc: tant dans le monde rural qu’urbain», nous dit d’emblée Latifa Jbabdi, membre de la commission permanente en charge du projet d’avis. C’est un état de fait, qui résulte d’une longue dynamique. Cette dernière indique que les personnes en situation de handicap n’ont pas pu bénéficier d’un traitement convenable, approprié et cohérent, pour qu’ils soient intégrés dans la société, et ce, en partant de l’école ainsi que l’insertion professionnelle.
Certes, des approches ont été adoptées. Sauf qu’elles n’ont fait qu’exacerber l’exclusion de cette catégorie de citoyens. «Ce qui a été adopté comme approche, depuis très longtemps, est le caritatif, le bénévolat et la bienfaisance, sous prétexte qu’on n’attend rien de ces enfants», explique la spécialiste. Une approche qui a vite montré ses limites, ce qui a poussé les autorités à adopter une autre : le médical basée sur la rééducation, le suivi, etc., dans des espaces isolés, «sans prendre la peine de les mettre dans des structures d’apprentissage, pour qu’ils puissent acquérir un savoir et des compétences», déplore Latifa Jbabdi.

A l’école de s’adapter, et non l’inverse

Selon Latifa Jbabdi, c’est à partir des années 1990 que le ministère de l’éducation nationale a adopté l’approche de l’intégration. Cette dernière se résume à la simple création de classes au sein des écoles publiques. «Ce sont des classes, où l’on mettait tout le monde : tous les types de handicaps, tous les âges, et dont la gestion était entre les mains des associations, sans le moindre contrôle du ministère», explique-t-elle. Tout tournait ainsi : le ministère offrait les classes, les parents payaient et les associations s’occupaient de la formation, de l’encadrement et du suivi, en totale rupture avec le reste des élèves. Une sorte «d’univers parallèle ou de ghettos», qualifie le membre de la commission permanente.

De plus, cette approche d’intégration avait bien évidemment un objectif : préparer les enfants en situation de handicap à intégrer les classes ordinaires. Selon elle, rares sont les enfants handicapés qui ont pu le faire. Quand bien même ce fut le cas, «ces enfants n’avaient pas le droit de jouer avec les autres enfants pendant la récréation», ajoute-t-elle.

Ces approches ont en fait donné lieu à davantage d’exclusion et de marginalisation. Mettant ainsi en péril l’avenir tant des filles que des garçons, qu’ils soient en milieu rural ou celui urbain. Tous ces constats ont fait que le conseil s’est saisi de la question, en vue d’émettre un avis, dont l’objectif est de mettre les fondations d’une école inclusive. «C’est, avant tout, un cadre philosophique, une approche, dont l’idée majeure est que la place de tout enfant est à l’école», définit Latifa Jbabdi. En clair, une école en mesure de lutter efficacement contre la discrimination, les inégalités sociales et l’exclusion. Pour ce qui est des enfants en situation de handicap, l’objectif est de leur garantir une place dans une classe ordinaire. Une école, selon les experts, qui soit en mesure de s’adapter aux besoins spécifiques des enfants en situation de handicap, et non l’inverse. Car, «c’est l’interaction avec l’environnement, notamment social, qui produit des obstacles empêchant les personnes handicapées à jouir de leurs droits fondamentaux», explique Latifa Jbabdi.


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