Washington à la conquête du "9-3"
nauguration d'une fresque murale géante à Villiers-le-Bel. Un déplacement à La Courneuve pour rencontrer des jeunes. Une rencontre à Bondy avec une star hollywoodienne. L'ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Rivkin, multiplie depuis un an les actions en direction des banlieues sensibles. Mais ces opérations symboliques et médiatiques masquent l'ampleur du travail de réseau effectué en France ces dernières années pour identifier les élites des quartiers et des minorités ethniques.
L'ambassade américaine s'est en effet constitué un carnet d'adresses exceptionnel - aujourd'hui le plus complet, le plus pertinent, le plus actualisé sur les banlieues françaises. Au point que ni les partis politiques ou les associations, ni le monde intellectuel ou médiatique - toujours très frileux sur les questions de diversité - ne rivalisent avec le réseau de l'ambassade américaine.
Des dizaines de responsables associatifs, d'éducateurs, d'élus locaux de droite comme de gauche, d'artistes, de jeunes chercheurs ont ainsi été identifiés comme de futures élites de la société française. "C'est fascinant : chaque fois que je rencontre quelqu'un de brillant, il est déjà en contact avec l'ambassade", témoigne Ahmed El-Keiy, 43 ans, présentateur d'un talk-show sur France Ô et un des meilleurs connaisseurs des réseaux de la diversité.
Les plus prometteurs se voient proposer des séjours de deux à trois semaines aux Etats-Unis pour approfondir leurs réflexions sur leurs sujets d'intérêt (Le Monde du 6 mai). Un programme de "visiteurs internationaux" que l'ambassade destinait autrefois aux filières traditionnelles les plus élitistes. Des figures comme Nicolas Sarkozy ou François Fillon ont ainsi bénéficié de ces dispositifs lorsqu'ils étaient trentenaires.
Depuis le 11 septembre 2001, les Américains ont en partie réorienté leur stratégie d'influence vers les leaders musulmans des pays occidentaux. Une démarche renforcée par l'élection de Barack Obama. "Notre volonté est d'identifier les futurs leaders français, ceux qui pourront émerger, ceux qui seront amenés à prendre des responsabilités", explique Lora Berg, attachée culturelle de l'ambassade. "Les Américains misent sur un changement socio-démographique en France, complète le chercheur Vincent Geisser, 42 ans, spécialiste de l'islam, parti aux Etats-Unis fin 2009. Ils font le calcul que les élites françaises, aujourd'hui âgées et blanches, vont forcément évoluer, et identifient ceux qui, aujourd'hui en périphérie du système, pourront être demain des leaders."
Loin des fantasmes sur la toute-puissance américaine, le travail de repérage est effectué par une employée française de l'ambassade, Randiane Peccoud, 53 ans, chargée de la société civile ; une méthode simple mais efficace, un travail de veille, la participation à des dizaines de rencontres et le bouche-à-oreille pour savoir qui fait quoi et qui est intéressant.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/06/05/washington-a-la-conquete-du-9-3_1368266_3224.html
nauguration d'une fresque murale géante à Villiers-le-Bel. Un déplacement à La Courneuve pour rencontrer des jeunes. Une rencontre à Bondy avec une star hollywoodienne. L'ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Rivkin, multiplie depuis un an les actions en direction des banlieues sensibles. Mais ces opérations symboliques et médiatiques masquent l'ampleur du travail de réseau effectué en France ces dernières années pour identifier les élites des quartiers et des minorités ethniques.
L'ambassade américaine s'est en effet constitué un carnet d'adresses exceptionnel - aujourd'hui le plus complet, le plus pertinent, le plus actualisé sur les banlieues françaises. Au point que ni les partis politiques ou les associations, ni le monde intellectuel ou médiatique - toujours très frileux sur les questions de diversité - ne rivalisent avec le réseau de l'ambassade américaine.
Des dizaines de responsables associatifs, d'éducateurs, d'élus locaux de droite comme de gauche, d'artistes, de jeunes chercheurs ont ainsi été identifiés comme de futures élites de la société française. "C'est fascinant : chaque fois que je rencontre quelqu'un de brillant, il est déjà en contact avec l'ambassade", témoigne Ahmed El-Keiy, 43 ans, présentateur d'un talk-show sur France Ô et un des meilleurs connaisseurs des réseaux de la diversité.
Les plus prometteurs se voient proposer des séjours de deux à trois semaines aux Etats-Unis pour approfondir leurs réflexions sur leurs sujets d'intérêt (Le Monde du 6 mai). Un programme de "visiteurs internationaux" que l'ambassade destinait autrefois aux filières traditionnelles les plus élitistes. Des figures comme Nicolas Sarkozy ou François Fillon ont ainsi bénéficié de ces dispositifs lorsqu'ils étaient trentenaires.
Depuis le 11 septembre 2001, les Américains ont en partie réorienté leur stratégie d'influence vers les leaders musulmans des pays occidentaux. Une démarche renforcée par l'élection de Barack Obama. "Notre volonté est d'identifier les futurs leaders français, ceux qui pourront émerger, ceux qui seront amenés à prendre des responsabilités", explique Lora Berg, attachée culturelle de l'ambassade. "Les Américains misent sur un changement socio-démographique en France, complète le chercheur Vincent Geisser, 42 ans, spécialiste de l'islam, parti aux Etats-Unis fin 2009. Ils font le calcul que les élites françaises, aujourd'hui âgées et blanches, vont forcément évoluer, et identifient ceux qui, aujourd'hui en périphérie du système, pourront être demain des leaders."
Loin des fantasmes sur la toute-puissance américaine, le travail de repérage est effectué par une employée française de l'ambassade, Randiane Peccoud, 53 ans, chargée de la société civile ; une méthode simple mais efficace, un travail de veille, la participation à des dizaines de rencontres et le bouche-à-oreille pour savoir qui fait quoi et qui est intéressant.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/06/05/washington-a-la-conquete-du-9-3_1368266_3224.html