Pour trouver un emploi, elles sont de plus en plus nombreuses à tenter leur chance à l'étranger. Un phénomène qui bouleverse les rapports économiques et sociaux.
"Beaucoup de Marocaines qui partent travailler à l'étranger font le trottoir", affirme Rachid, patron d'un magasin d'alimentation de Casablanca. Il n'est pas le seul à le penser. Les jeunes femmes qui partent pour les pétromonarchies du Golfe, en particulier, ont une réputation sulfureuse. Cet été, un dessin animé koweïtien, diffusé pendant les soirées du ramadan, qui confortait cette image négative en mettant en scène des prostituées marocaines, a mis le feu aux poudres. Tollé général dans l'opinion, éditos au vitriol, mise au point du ministère de la Communication...
Le ministère de l'Emploi refuse aujourd'hui de valider les contrats de travail de migrantes marocaines assortis de la mention "arts et musique". Une enquête sur l'emploi et le salariat des Marocaines immigrées dans les pays du Golfe a même été commanditée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). "En se focalisant sur le problème de la prostitution, les médias donnent une idée fausse de la réalité. La grande majorité des migrantes marocaines dans les pays du Golfe y occupent des emplois de très haut niveau", déplore Driss El Yazami, président du CCME.
Une plus grande émancipation mal vécue par une société conservatrice
Les clichés ont la vie dure, tant l'émigration féminine renvoie à des bouleversements profonds de la société marocaine. Elle suggère une plus grande émancipation des Marocaines, mal vécue par une société encore globalement conservatrice. Selon Mohamed Khachani, professeur à l'université Mohammed-V de Rabat et président de l'Association marocaine d'études et de recherches sur les migrations (Amerm), l'émigration marocaine s'est peu à peu féminisée depuis la seconde moitié des années 1980. Les femmes représentent aujourd'hui 47% des migrants, à destination de l'Europe très majoritairement.
"La migration est devenue un phénomène sociétal. Elle concerne tous les milieux et tous les âges", indique l'universitaire. Le Maroc est par ailleurs l'un des pays de la rive sud de la Méditerranée ayant vu le nombre de ses ressortissants partis à l'étranger augmenter le plus ces vingt dernières années. Au milieu des années 1990, il y avait 1,3 million de Marocains à l'étranger; ils étaient 3,4 millions à la fin de 2009, sans compter les moins de 16 ans et les irréguliers.
Si le regroupement familial touche encore des pays comme l'Espagne et l'Italie, l'émigration féminine est de plus en plus souvent le fait de femmes seules. "Elles se considèrent, dans la société marocaine, déjà comme des acteurs économiques autonomes. Leur entrée sur le marché du travail n'est qu'une manifestation de ce processus d'individuation", analyse Driss El Yazami. Le taux de féminisation de la population active marocaine est ainsi passé de 19% en 1982 à 26% en 2009.
"Beaucoup de Marocaines qui partent travailler à l'étranger font le trottoir", affirme Rachid, patron d'un magasin d'alimentation de Casablanca. Il n'est pas le seul à le penser. Les jeunes femmes qui partent pour les pétromonarchies du Golfe, en particulier, ont une réputation sulfureuse. Cet été, un dessin animé koweïtien, diffusé pendant les soirées du ramadan, qui confortait cette image négative en mettant en scène des prostituées marocaines, a mis le feu aux poudres. Tollé général dans l'opinion, éditos au vitriol, mise au point du ministère de la Communication...
Le ministère de l'Emploi refuse aujourd'hui de valider les contrats de travail de migrantes marocaines assortis de la mention "arts et musique". Une enquête sur l'emploi et le salariat des Marocaines immigrées dans les pays du Golfe a même été commanditée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). "En se focalisant sur le problème de la prostitution, les médias donnent une idée fausse de la réalité. La grande majorité des migrantes marocaines dans les pays du Golfe y occupent des emplois de très haut niveau", déplore Driss El Yazami, président du CCME.
Une plus grande émancipation mal vécue par une société conservatrice
Les clichés ont la vie dure, tant l'émigration féminine renvoie à des bouleversements profonds de la société marocaine. Elle suggère une plus grande émancipation des Marocaines, mal vécue par une société encore globalement conservatrice. Selon Mohamed Khachani, professeur à l'université Mohammed-V de Rabat et président de l'Association marocaine d'études et de recherches sur les migrations (Amerm), l'émigration marocaine s'est peu à peu féminisée depuis la seconde moitié des années 1980. Les femmes représentent aujourd'hui 47% des migrants, à destination de l'Europe très majoritairement.
"La migration est devenue un phénomène sociétal. Elle concerne tous les milieux et tous les âges", indique l'universitaire. Le Maroc est par ailleurs l'un des pays de la rive sud de la Méditerranée ayant vu le nombre de ses ressortissants partis à l'étranger augmenter le plus ces vingt dernières années. Au milieu des années 1990, il y avait 1,3 million de Marocains à l'étranger; ils étaient 3,4 millions à la fin de 2009, sans compter les moins de 16 ans et les irréguliers.
Si le regroupement familial touche encore des pays comme l'Espagne et l'Italie, l'émigration féminine est de plus en plus souvent le fait de femmes seules. "Elles se considèrent, dans la société marocaine, déjà comme des acteurs économiques autonomes. Leur entrée sur le marché du travail n'est qu'une manifestation de ce processus d'individuation", analyse Driss El Yazami. Le taux de féminisation de la population active marocaine est ainsi passé de 19% en 1982 à 26% en 2009.