Les Marocains grands seigneurs avec le roi

Un Marocain.

La vie change avec Orange
Les Marocains grands seigneurs avec le roi

- Alors que le pouvoir est contesté, Mohammed VI est épargné par les critiques du peuple...
Le visage d'Hosni Moubarak sur la devanture du moindre kiosque à journaux de Casablanca ou de Rabat, surmonté d'un titre en arabe ou en français.La place Tahrir du Caire sur tous les écrans de télé dans les cafés et les échoppes. Depuis une semaine, le Maroc vit au rythme des bouleversements du monde arabe.

«C'est formidable qu'ils veulent changer de président, il faut la liberté!», s'enthousiasme Raguij, un cafetier de 20 ans. Une soif de changement qui pourrait être contagieuse dans le royaume? «Mais ici, il y a déjà la liberté, il y a tout ce que tu veux, on remercie notre roi!», assène, sûr de lui, Raguij, qui concède simplement que «ça pourrait bouger au Sahara [occidental]».

La popularité du roi Mohammed VI est évidente dans la rue marocaine. Elle y est portée ostensiblement. «Il est ambitieux. On l'appelle “le roi des pauvres”», s'exclame fièrement un chauffeur de taxi. Un autre enchaîne:«En quarante ans, l'ancien roi Hassan II a construit 300km d'autoroutes. En dix ans, son fils en a fait 1.200!» Une formule qui revient souvent dans la bouche des Marocains.

Changer le gouvernement, pas le roi«Il faut le respecter», se presse d'avancer un épicier de Rabat de 52 ans. Puis, entraînant le journaliste dans l'arrière-boutique: «On espère un changement de gouvernement, pas de roi.»

La classe politique ne semble pas bénéficier de la même immunité que le chef de l'Etat. Dans un café de Casablanca, les yeux rivés sur la chaîne arabe d'information Al-Jazira, Abdessamad, enseignant de 46 ans, se met à rêver. «Maintenant, on pourrait faire tomber le gouvernement dont les politiques sont coupées du peuple. Nous voulons une vraie réforme constitutionnelle qui ferait en sorte que le Premier ministre soit responsable devant le Parlement.»

Mais il n'y croit pas. «Les pauvres n'iront pas spontanément dans la rue, dit-il. Il n'y a pas de partis ni de syndicalistes qui veulent vraiment le changement. Et les prix des matières premières sont stables.»

Des émeutes sociales possibles?
A plusieurs kilomètres de là, dans le bidonville de Sidi Moumen –d'où étaient originaires les kamikazes islamistes des attentats de 2003– Abdeljebbar, 27 ans, gagne 100€ par mois. Lui n'exclut pas des émeutes «pour des raisons sociales». «Ça peut se produire, confirme un autre habitant de ce quartier misérable. Nous n'avons pas de problèmes avec le roi, mais avec les autorités» qui, selon lui, attribuent prioritairement, par clientélisme, des logements sociaux à certaines familles.

«Vous allez créer des problèmes, vous poussez les gens à manifester, s'interpose alors une vieille dame. Notre roi, tu as le peuple avec toi», se met-elle à scander, créant un attroupement hostile à la poursuite de la discussion. Sous le regard bienveillant des autorités locales.
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