L’emprise persistante de la rhétorique du Kremlin
On retrouve aussi dans le conflit ukrainien les mêmes éléments rhétoriques si doux à l’oreille du Kremlin qu’on entendait déjà en Syrie.
Le premier est le discours sur les prétendues « lignes rouges ». En raison du
précédent désastreux de la volte-face de Barack Obama après les attaques chimiques de la Ghouta, nul ne pouvait reprendre ce discours tel quel, mais les
avertissements de Joe Biden sur l’emploi d’armes chimiques ou bactériologiques en Ukraine y ressemblent.
En réalité, ce discours est intenable sur les plans juridique et stratégique.
Juridiquement, les armes chimiques et bactériologiques sont certes prohibées par les conventions internationales, mais il en va de même des armes à sous-munitions, particulièrement destructrices pour les populations civiles, et dont
plusieurs enquêtes montrent qu’elles ont été utilisées par la Russie en Ukraine.
A-t-on appris la leçon syrienne ?
Si certains gouvernements occidentaux cherchaient à pousser Kiev à accepter des concessions sur ces points, ils remettraient en cause la souveraineté de l’Ukraine, mais aussi les fondements du droit international. L’exemple syrien nous avait déjà appris que le fait même d’entrer dans un
tel jeu de négociations ne fait que permettre au régime russe de renforcer ses positions et son armée, et qu’elles se traduisent par une déroute du monde libre.
Les leçons de la Syrie doivent s’appliquer à l’Ukraine. Tout recul, tout accommodement, tout apaisement avec le régime de Poutine se traduisent sur le terrain par le renforcement du crime. Si l’Occident tarde à aider de manière décisive l’Ukraine à reconquérir son territoire en lui fournissant tous les armements nécessaires pour ce faire, cela se traduira par des milliers de morts supplémentaires. Toute tentative de négociation ne respectant pas les deux principes clés édictés par Zelensky aura le même résultat. En laissant faire des pouvoirs criminels en Syrie, nous avons affaibli le camp de la liberté. Si nous recommençons la même faute devant l’histoire en Ukraine, son effondrement sera achevé.
Extrait
https://theconversation.com/de-la-syrie-a-lukraine-les-crimes-de-guerre-de-vladimir-poutine-181022