L’exposé le plus sexy de toute l’histoire des sciences

miasssa

Fiona aka Habouba
VIB
J'adoooooooooooore !! :D

La préparation de ma chronique [...]. En fait, l'histoire en question est encore plus ancienne, puisqu'elle remonte à 1983. Cette année-là se tient à Las Vegas un congrès d'urologie au cours duquel le chercheur britannique Giles Brindley doit décrire dans un exposé le premier traitement médical efficace contre ce que l'on appelle pudiquement la dysfonction érectile (DE). Si l'on se replace dans le contexte de l'époque (sans Viagra et compagnie), il s'agit potentiellement, selon les propres termes de Laurence Klotz, d'une "découverte historique dans la prise en charge de la DE".

L'exposé en question est censé avoir lieu en soirée dans un auditorium de l'hôtel dans lequel M. Klotz est descendu. Celui-ci, en prenant l'ascenseur pour s'y rendre, voit entrer dans la cabine un homme à lunettes d'une cinquantaine d'années, visiblement nerveux et vêtu d'un survêtement bleu, qui se met à vérifier des microphotographies transparentes (à l'époque Powerpoint n'existait pas) sur lesquelles son compagnon de translation verticale peut distinguer des pénis humains en érection. "J'en conclus, se souvient Laurence Klotz, qu'il s'agissait du professeur Brindley, en route pour sa conférence, même si sa tenue semblait trop décontractée pour la circonstance." Etant donné que l'exposé se tient tard, avant la réception qui clôture la journée, il n'y a que quelques dizaines de spectateurs dans la salle, des urologues venus avec leurs conjoints en grande tenue de soirée.

Giles Brindley commence par décrire son hypothèse de travail, à savoir que l'injection dans le pénis de substances agissant sur la circulation sanguine peut provoquer une érection, ce qui serait d'un grand secours pour les hommes frappés d'impuissance. N'ayant pas de modèle animal valable sous la main, le chercheur s'est pris lui-même comme cobaye. Il est en cela fidèle à une longue tradition d'auto-expérimentation dans la recherche médicale. Parmi les exemples les plus connus, citons deux Prix Nobel, l'Allemand Werner Forssman, qui s'inséra un cathéter jusque dans le cœur, et l'Australien Barry Marshall qui, pour prouver que l'ulcère de l'estomac était essentiellement dû à la bactérie Helicobacter pylori, n'hésita pas à avaler une bonne rasade de culture de ce microbe et attendit que les premiers symptômes se développent. Mister Brindley a donc pris son courage à une main et s'est injecté plusieurs substances dans la verge, qu'il a ensuite scrupuleusement photographiée à des stades divers de tumescence, car la pudeur s'efface derrière la science. "Après avoir vu une trentaine de ces clichés, raconte Laurence Klotz, il ne faisait aucun doute dans mon esprit que, au moins dans le cas du professeur Brindley, la thérapie était efficace. Bien sûr, on ne pouvait exclure la possibilité qu'une stimulation érotique ait joué un rôle dans l'obtention de ces érections, et le professeur Brindley le reconnut."

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Pierre Barthélémy

source : http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/01/15/expose-le-plus-sexy-histoire-des-sciences/
 
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