L'histoire de l'Alsace, parlons-en !

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Bladinaute pas averti
En 1444, Louis XI organisa en Haute-Alsace des pillages et laissa derrière lui la misère et la destruction. Ce roi demanda de plus à la ville de Strasbourg si elle voulait devenir française. La réponse alsacienne d'un peuple qui encourageait des villes libres selon l'esprit germanique fût directe : « Niemals… » (jamais).
 

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Dans un memorandum de 1790, les princes vaincus écrivent : « Les Princes ne se sont soumis à la souveraineté de la France que pour se soustraire aux violences continuelles qu'ils n'avaient cessé d'essuyer de la part de cette puissance et contre laquelle le corps germanique n'avait pu les défendre avec succès et dont les territoires n'ont pour la plupart été enclavés dans cette province que par l'extension usurpatoire que la France a su donner à ses limites originaires. »
 

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Politique d'assimilation

Le retour de la région dans le giron de la France ne s'est pas fait sans douleur ni maladresse de la part de l'administration française. Le témoignage de Raymond Pauli de Brumath est explicite sur le sort des alsaciens : "Je me souviens d'avoir passer une enfance heureuse avant la première guère mondiale. Mon père, kaiserlicher Katasterkontrolleur in Elsass-Lothringen, avait une situation respectable et l'estime de tous les mères de la circonscription. Je me souviens qu'il avait dit en 1918 :" Garçons, maintenant nous allons devenir français, maintenant nous allons avoir le bordèle."

Sur le plan culturel, l'Alsace subit une francisation forcée, il fut interdit de parler alsacien à l'école et dans les services publics. L'ordre est donné d'utiliser la méthode d'enseignement directe dans les écoles, qui consistait à utiliser le français sans transition. Les Alsaciens furent divisés en quatre classes de citoyens, marquées par les inscriptions A-B-C-D sur leurs cartes d'identité. Ce classement des citoyens fut établi en fonction de l'ascendance, caractéristique supposée du degré de francophilie. Chaque classe correspond à des droits civiques différents31.

Les autorités françaises mettent en place une politique d'épuration, 112 000 personnes seront également expulsées32. Au printemps 1919 des commissions de triage sont chargées de l'examen individuel des Alsaciens selon les propos, les positions prises ou leur attitude supposée.

Cette politique d'assimilation linguistique a mené à ce que l'on appelle aujourd'hui la Verelsässerung : la perte de l'identité germanique, l'appauvrissement de la culture. La conscience historique et identitaire des Alsaciens disparaît, le lien avec l'espace culturel et linguistique allemand se distend, à tel point que la majorité des Alsaciens d'aujourd'hui ne se sent plus rien d'allemand (au sens « ethnique » du terme), mais français. Le traumatisme causé par la période nazie en est également pour beaucoup responsable, de par le rejet qu'il a engendré chez certains de tout caractère germanique.
 

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Conséquences de la rivalité hégémonique franco-allemande

L'alternance de la domination franco-allemande, le fait pour la région d'être toujours en première ligne de l'affrontement de ces deux grandes puissances européennes, la crainte permanente de la guerre, les mesures prises par les Français et les Allemands pour « assimiler » la population alsacienne, les répressions, épurations, incorporations de force, déportations, pénuries en temps de guerre, ayant rythmé l'histoire de la région, ont laissé des traces profondes, encore perceptibles chez une partie de la population. La quasi-totalité de la population compte dans sa famille des victimes de la dernière guerre. Le sujet est souvent tabou, surtout en ce qui concerne les incorporés de force : les malgré-nous. La réintégration de l'Alsace dans la République ne s'est pas faite sans difficulté. La perception du dialecte alsacien, très proche de l'allemand, a entraîné de nombreuses maladresses, mal acceptées par la population alsacienne qui ne désire surtout pas être confondue avec ses voisins d'outre-Rhin et appellant les français, "les français de l'intérieur". Une petite partie de la population a également adopté une attitude de rejet, aussi bien envers les Français qu'envers les Allemands sans pour autant être indépendantiste. L'usage du dialecte est encore une manière pour certains de mettre une barrière au francophone, et, au premier abord, les Alsaciens sont plutôt réservés. Le malaise existe donc toujours. L'Alsace, c'est un peu la « France germanisé», français de nationalité, faisant partie de la République, mais soucieuse de préserver sa germanité, son particularisme si souvent méprisé.
 
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