Bonjour
voilà, je viens de finir de lire l'Utopie de Thomas More, un texte riche en enseignements et en idées stimulantes, qui en plus est facile à lire du moins qu'on a une édition avec quelques notes.
J'aimerais partager avec vous un extrait tiré des dernières pages du livre, sur la liberté de religion chez les Utopiens :
"""
« Les Utopiens mettent au nombre de leurs institutions les plus anciennes celle qui prescrit de ne faire tort à personne pour sa religion. Utopus, à l’époque de la fondation de l’empire, avait appris qu’avant son arrivée, les indigènes étaient en guerre continuelle au sujet de la religion. Il avait aussi remarqué que cette situation du pays lui en avait puissamment facilité la conquête, parce que les sectes dissidentes, au lieu de se réunir en masse, combattaient isolées et à part. Dès qu’il fut victorieux et maître, il se hâta de décréter la liberté de religion. Cependant, il ne proscrivit pas le prosélytisme qui propage la foi au moyen du raisonnement, avec douceur et modestie ; qui ne cherche pas à détruire par la force brutale la religion contraire, s’il ne réussit pas à persuader ; qui enfin n’emploie ni la violence, ni l’injure. Mais l’intolérance et le fanatisme furent punis de l’exil ou de l’esclavage.
« Utopus [le fondateur ancien de cette société], en décrétant la liberté religieuse, n’avait pas seulement en vue le maintien de la paix que troublaient naguère des combats continuels et des haines implacables ; il pensait encore que l’intérêt de la religion elle-même commandait une pareille mesure. Jamais il n’osa rien statuer témérairement en matière de foi, incertain si Dieu n’inspirait pas lui-même aux hommes des croyances diverses, afin d’éprouver, pour ainsi dire, cette grande multitude de cultes variés. Quant à l’emploi de la violence et des menaces pour contraindre un autre à croire comme soi, cela lui parut tyrannique et absurde. Il prévoyait que si toutes les religions étaient fausses, à l’exception d’une seule, le temps viendrait où, à l’aide de la douceur et de la raison, la vérité se dégagerait elle-même, lumineuse et triomphante, de la nuit de l’erreur.
« Au contraire, lorsque la controverse se fait en tumulte et les armes à la main, comme les plus méchants hommes sont les plus entêtés, il arrive que la meilleure et la plus sainte religion finit par être enterrée sous une foule de superstitions vaines, ainsi qu’une belle moisson sous les ronces et les broussailles. Voilà pourquoi Utopus laissa à chacun liberté entière de conscience et de foi.
(à suivre)
voilà, je viens de finir de lire l'Utopie de Thomas More, un texte riche en enseignements et en idées stimulantes, qui en plus est facile à lire du moins qu'on a une édition avec quelques notes.
J'aimerais partager avec vous un extrait tiré des dernières pages du livre, sur la liberté de religion chez les Utopiens :
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« Les Utopiens mettent au nombre de leurs institutions les plus anciennes celle qui prescrit de ne faire tort à personne pour sa religion. Utopus, à l’époque de la fondation de l’empire, avait appris qu’avant son arrivée, les indigènes étaient en guerre continuelle au sujet de la religion. Il avait aussi remarqué que cette situation du pays lui en avait puissamment facilité la conquête, parce que les sectes dissidentes, au lieu de se réunir en masse, combattaient isolées et à part. Dès qu’il fut victorieux et maître, il se hâta de décréter la liberté de religion. Cependant, il ne proscrivit pas le prosélytisme qui propage la foi au moyen du raisonnement, avec douceur et modestie ; qui ne cherche pas à détruire par la force brutale la religion contraire, s’il ne réussit pas à persuader ; qui enfin n’emploie ni la violence, ni l’injure. Mais l’intolérance et le fanatisme furent punis de l’exil ou de l’esclavage.
« Utopus [le fondateur ancien de cette société], en décrétant la liberté religieuse, n’avait pas seulement en vue le maintien de la paix que troublaient naguère des combats continuels et des haines implacables ; il pensait encore que l’intérêt de la religion elle-même commandait une pareille mesure. Jamais il n’osa rien statuer témérairement en matière de foi, incertain si Dieu n’inspirait pas lui-même aux hommes des croyances diverses, afin d’éprouver, pour ainsi dire, cette grande multitude de cultes variés. Quant à l’emploi de la violence et des menaces pour contraindre un autre à croire comme soi, cela lui parut tyrannique et absurde. Il prévoyait que si toutes les religions étaient fausses, à l’exception d’une seule, le temps viendrait où, à l’aide de la douceur et de la raison, la vérité se dégagerait elle-même, lumineuse et triomphante, de la nuit de l’erreur.
« Au contraire, lorsque la controverse se fait en tumulte et les armes à la main, comme les plus méchants hommes sont les plus entêtés, il arrive que la meilleure et la plus sainte religion finit par être enterrée sous une foule de superstitions vaines, ainsi qu’une belle moisson sous les ronces et les broussailles. Voilà pourquoi Utopus laissa à chacun liberté entière de conscience et de foi.
(à suivre)