Est-on libre de croire ou de ne pas croire (en Dieu, en une religion...)?

@Ebion
Nous croyons lorsqu'une théorie, une hypothèse, un énoncé quelconques est 1) nécessaire ou 2)fait fortement écho à notre sensibilité, notre entendement, notre raison ou notre vision du monde, sans qu'une démonstration par observation ou par expérimentation puisse y être attachée dans les deux cas.

Pour 1) la croyance en la fiabilité des lois de la raison, en l'existence d'un monde extérieur à nos sens, en l'existence d'autres subjectivités autres que la nôtre, la fiabilité de ma mémoire lorsque je me dis que j'ai pris un café ce matin en sont de bons exemples.

Pour 2) les croyances religieuses, les positionnements métaphysiques, les hypothèses scientifiques indémontrées ou indémontrables...

Dire que la croyance peut être une contrainte me fait penser à (1), dans la mesure où si l'on se refuse à y croire, on est sommés de se refuser à penser, puisque ces éléments sont impliqués de fait dans tout acte de pensée.

Pour (2), la contrainte peut exister mais il me semble qu'elle est d'un autre ordre. Par exemple, je suis intellectuellement contraint de croire en la théorie de l'évolution, non au créationnisme, même si la première théorie présente des carences indéniables. J'y crois par choix car elle me semble plus convaincante scientifiquement et plus en adéquation avec ma vision du monde. Autrement dit, à partir de mes présupposés, je suis contraint de croire en la théorie de l'évolution. Si je me rabattais sur le créationnisme, je serais obligé de réinterroger à un niveau plus global et plus abstrait ma vision du monde de façon à ce que le créationnisme puisse s'y insérer sans dissonance.

À ce point, la question à se poser me semble la suivante : est-ce que ma vision globale du monde, que j'ai en ce moment, est le produit d'une contrainte ou bien y ai-je adhéré en mon âme et conscience ? La réponse suggère à mon avis une pensée du tiers exclu. Les contextes où j'ai acquis ma sensibilité à tel élément ou tel autre (mon époque, ma société, mon vécu, mes lectures, mes influences, mes émotions...) Peuvent se lire comme des contraintes à un niveau ou à un autre, mais à l'intérieur de ces contextes, c'est consciemment que j'ai choisi telle ou telle orientation, que j'ai jugé pertinente telle ou telle idée...une fois intériorisés, ces présupposés limitent ( donc contraignent) le spectre des idées qui peuvent nous être acceptables.

Je pense que c'est ce qui a fait dire à Al-Ghazali (même si l'idée n'est pas de lui et qu'elle était très répandue à l'époque ) que la plupart des gens seront sous la miséricorde de Dieu le jour du jugement. Sa théologie en la matière est que seuls ceux qui se sont "détournés", par "arrogance", par "intérêt"... (Mots omniprésents dans le Coran et les hadiths) Subiront le châtiment de Dieu, ce qui coïncide avec la définition même du "kafir" en arabe, du terme "kafara" signifiant dans ce sens couvrir de façon à rendre invisible, en l'occurrence la Vérité qu'ils ont reconnue et choisi d'ignorer au nom de considérations dont certaines ont été longuement détaillées dans le coran : peur de perdre leur statut social, leur argent, refus d'abandonner les croyances de leurs parents, esprit tribal réfractaire à toute bannière commune...
 

Franc_Lazur

DIEU est amour
VIB
C'est pourquoi que l'idée que Dieu juge les hommes sur leur foi me semble un peu injuste. Je veux bien que Dieu nous juge sur les fausses divinités ou superstitions, mais la foi en Dieu, elle ne se commande pas.
Il est plus juste que Dieu nous juge sur la morale,l'intention, notre ouverture envers lui, notre combat contre l'orgueil :)
Et c'est ce qu'affirme Jésus. Il a dit, Paroles citées par Matthieu :
"Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
35 Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
36 j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
37 Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
38 tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
39 tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”
40 Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
 
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