La question se pose pour trois personnes qui ont publié sur Instagram la vidéo d’un moment privé où l’une d’elles s’est grimé le visage en noir. Explication.
Publier des contenus sur Instagram peut-il nuire professionnellement? Voici la question que se posent aujourd'hui trois amis accusés de racisme depuis vendredi sur les réseaux sociaux et désormais menacés de licenciement par leurs employeurs.
Dans une vidéo, visionnée par plus d'un million de personnes, on voit une jeune femme danser avec le visage grimé en noir et vêtue d'un boubou africain, pendant qu'un homme imite un singe avec un masque de macaque. Le tout sur le son de « Saga Africa », et sous les éclats de rire de la dernière personne.
Face à ce « bad buzz » et à un appel à boycott, la société Le Slip français a convoqué ses deux collaborateurs et les a mis à pied à titre conservatoire. L'écurie chinoise de sport automobile DS Techeetah affirme également au Parisien avoir « suspendu » son employée, celle de la danse et du « black face ».
« Un trouble objectif dans le fonctionnement de l'entreprise »
En principe, en effet, un acte privé ne peut motiver aucune sanction disciplinaire. Et cela qu'il s'agisse d'un blâme ou d'un licenciement pour faute grave ou lourde. Il existe bien une exception « en cas de manquement à une obligation de son contrat de travail ». Mais cela concerne surtout des cas de « probité », comme cet agent des caisses d'allocations familiales débarqué en 2003 en raison de fraude aux prestations sociales. Ou ce cadre dans une banque viré en 2011 après avoir été condamné pénalement pour vol et trafic de véhicule.
Il y a néanmoins une autre façon de se séparer d'un employé pour son comportement en dehors du bureau, sans passer par la sanction disciplinaire. La direction doit alors prouver que ces agissements créent « un trouble objectif dans le fonctionnement de l'entreprise ».
Juger le niveau du bad buzz, et non la dimension raciste
C'est principalement dans ce cadre-là que vous pouvez être menacé de licenciement en raison de votre activité sur Facebook, Twitter ou Instagram. L'entreprise peut alors dénoncer une atteinte à son image ou considérer que son agent n'est plus opérationnel car devenu infréquentable.
Ce genre de motif concerne notamment les salariés en lien avec de la clientèle ou disposant d'un poste exposé. Ce qui semble être le cas des collaborateurs du Slip français. Charge toutefois au service juridique de récolter des preuves. « Boîtes mails remplis de critiques de consommateurs, vague de contestation sur les réseaux sociaux, création d'une cellule de crise… tout est bon pour remplir le dossier », résume l'avocat.
Aux prud'hommes, les juges auront ensuite à décider si les retombées d'un bad buzz sont telles qu'elles justifient un licenciement. « Cela peut paraître bizarre à première vue mais il ne sera pas question de statuer sur le caractère ou non raciste du comportement. Après, on imagine que cela influencera forcément les juges », conclut Me François Vaccaro.
À noter que cette démarche a aussi un coût. Contrairement à une procédure disciplinaire, l'entreprise sera dans l'obligation de verser à son collaborateur une indemnité légale de licenciement, un préavis et une indemnité compensatrice de congés payés. Mais nul doute que certaines sont prêtes à pareil effort pour « laver » leur réputation face à la pression publique.
Source : http://www.leparisien.fr/societe/pe...tm_campaign=twitter_partage&utm_medium=social
Publier des contenus sur Instagram peut-il nuire professionnellement? Voici la question que se posent aujourd'hui trois amis accusés de racisme depuis vendredi sur les réseaux sociaux et désormais menacés de licenciement par leurs employeurs.
Dans une vidéo, visionnée par plus d'un million de personnes, on voit une jeune femme danser avec le visage grimé en noir et vêtue d'un boubou africain, pendant qu'un homme imite un singe avec un masque de macaque. Le tout sur le son de « Saga Africa », et sous les éclats de rire de la dernière personne.
Face à ce « bad buzz » et à un appel à boycott, la société Le Slip français a convoqué ses deux collaborateurs et les a mis à pied à titre conservatoire. L'écurie chinoise de sport automobile DS Techeetah affirme également au Parisien avoir « suspendu » son employée, celle de la danse et du « black face ».
« Un trouble objectif dans le fonctionnement de l'entreprise »
En principe, en effet, un acte privé ne peut motiver aucune sanction disciplinaire. Et cela qu'il s'agisse d'un blâme ou d'un licenciement pour faute grave ou lourde. Il existe bien une exception « en cas de manquement à une obligation de son contrat de travail ». Mais cela concerne surtout des cas de « probité », comme cet agent des caisses d'allocations familiales débarqué en 2003 en raison de fraude aux prestations sociales. Ou ce cadre dans une banque viré en 2011 après avoir été condamné pénalement pour vol et trafic de véhicule.
Il y a néanmoins une autre façon de se séparer d'un employé pour son comportement en dehors du bureau, sans passer par la sanction disciplinaire. La direction doit alors prouver que ces agissements créent « un trouble objectif dans le fonctionnement de l'entreprise ».
Juger le niveau du bad buzz, et non la dimension raciste
C'est principalement dans ce cadre-là que vous pouvez être menacé de licenciement en raison de votre activité sur Facebook, Twitter ou Instagram. L'entreprise peut alors dénoncer une atteinte à son image ou considérer que son agent n'est plus opérationnel car devenu infréquentable.
Ce genre de motif concerne notamment les salariés en lien avec de la clientèle ou disposant d'un poste exposé. Ce qui semble être le cas des collaborateurs du Slip français. Charge toutefois au service juridique de récolter des preuves. « Boîtes mails remplis de critiques de consommateurs, vague de contestation sur les réseaux sociaux, création d'une cellule de crise… tout est bon pour remplir le dossier », résume l'avocat.
Aux prud'hommes, les juges auront ensuite à décider si les retombées d'un bad buzz sont telles qu'elles justifient un licenciement. « Cela peut paraître bizarre à première vue mais il ne sera pas question de statuer sur le caractère ou non raciste du comportement. Après, on imagine que cela influencera forcément les juges », conclut Me François Vaccaro.
À noter que cette démarche a aussi un coût. Contrairement à une procédure disciplinaire, l'entreprise sera dans l'obligation de verser à son collaborateur une indemnité légale de licenciement, un préavis et une indemnité compensatrice de congés payés. Mais nul doute que certaines sont prêtes à pareil effort pour « laver » leur réputation face à la pression publique.
Source : http://www.leparisien.fr/societe/pe...tm_campaign=twitter_partage&utm_medium=social