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L'immigration Italienne en France: entre mythe et réalité 🇮🇹
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[QUOTE="David39, post: 17386965, member: 315454"] devient un modèle. Les Italiens conservent cette préférence pour les modes libres de l’économie et quittent la mine ou l’usine dès qu’ils le peuvent pour le bâtiment, plus souple dans ses structures. Bien sûr, dès l’entre-deux-guerres, le système est contrôlé, on arrive en France avec des contrats et la situation s’aggrave avec la création de l’ONI (Office national de l’immigration) après 1945. Mais le système est imparfait et les habitudes italiennes tiennent bon. Contre le travailleur “importé” habitant en foyer ou le clandestin sans attache s’accumulant dans les bidonvilles, le migrant italien a pu bénéficier d’une expérience remontant à l’époque d’une plus grande liberté. Le prix à payer était celui de moindres garanties, et c’est là que pouvaient jouer les soutiens communautaires (à double tranchant, car l’exploitation communautaire n’est jamais loin !). L’autre ligne explicative suit l’histoire du monde ouvrier où la communauté de destin entre Français et étrangers est aussi réelle que leurs relations étaient mauvaises. À côté de la xénophobie toujours prête à surgir, le quotidien partagé, les aspirations communes, le mélange des enfants, écoliers mais aussi jeunes ouvriers, car on travaille à 13 ou 14 ans et on va ensemble voir des films ou faire du vélo dès que le temps de loisirs s’étend un peu. Même si certaines rues ont des allures de micro-ghettos (on a déjà évoqué la rue Sainte-Anne à Nogent-sur-Marne), les quartiers et banlieues populaires ont partout la même allure et on y vit la même vie. C’est ainsi que vers 1906 est né dans le quartier parisien de la Bastille le musette, genre musical qui va devenir celui de toute la France ouvrière : il s’agissait de la fusion entre les airs rythmés par la cabrette auvergnate et ceux de l’accordéon italien. Quant au mouvement ouvrier, où ne s’investit qu’une minorité d’Italiens (et d’étrangers), il est d’une importance extrême. Au XIXe siècle, les Italiens jouent un rôle moteur dans la naissance du syndicalisme en Lorraine ; après 1900, ils sont les plus combatifs à Marseille, et dans les années 20 les antifascistes sont beaucoup plus mobilisés que les Français. Derrière cela il y a l’expression d’un langage commun, celui des prolétaires, qui facilite pour une minorité l’assimilation à travers le combat internationaliste, mais qui donne aux autres une culture commune et un horizon, si vague soit-il. Et les enfants d’immigrés qui s’insurgent contre l’oppression subie par leurs parents trouvent là un champ de contestation et de lutte où s’investir. La “deuxième génération” italienne est nombreuse au sein du personnel politique des communes rouges, en Lorraine ou en banlieue parisienne11 . L’existence d’une base sociale commune fut donc fondamentale. Ce n’est pas une affaire d’Italiens, mais une affaire d’époque. La troisième explication permet de comprendre la rapidité de l’assimilation de masse et l’intensité de l’oubli qui a suivi les années 50. Le racisme nazi et les errements de Vichy ont accéléré le refoulement des souvenirs xénophobes des années 30. Les Italiens, comme les étrangers, étaient fort contents qu’on ne parle plus d’eux : pas question alors de revendiquer leurs différences ! Mais surtout, les rescapés de ces années de crise (la France a tout de même perdu le quart de sa population italienne entre 1931 et 1946, naturalisations comprises) ont connu la période de croissance la plus considérable de l’histoire : pour les parents, quelques améliorations liées à la sécurité sociale ; pour les enfants, des facilités d’embauche qui ont permis l’assimilation économique dans la société de consommation, assimilation progressive mais continue, à l’instar des ouvriers français. Sans parler de la dynamique du bâtiment dans une France en pleine fièvre de construction de grands ensembles, de barrages et d’autoroutes. Le temps des Italiens s’achève dans une bonne période, ce qui permet une intégration rapide des migrants arrivés entre 1947 et 1968. Est-ce à dire que tous les Italiens sont des entrepreneurs enrichis et leurs petits-enfants des avocats ou des chirurgiens ? Les recensements récents donnent une image bien différente de ces représentations, souvent diffusées par les Français d’origine italienne eux-mêmes. La plupart sont du côté des ouvriers qualifiés, des contremaîtres, des employés, appartenant plutôt à la “France d’en bas”, comme diraient certains. Beaucoup, anciens communistes antifascistes, sont affectés par l’évolution du monde actuel et vieillissent dans la déception. D’autres rejettent l’immigration récente et ont des sympathies pour le Front national, conséquence d’une intégration chèrement acquise. Aujourd’hui, être italien est devenu prestigieux, et on ne souhaite pas être désigné comme “immigré”. Pour tous ceux qui sont restés italiens ou qui sont fiers de leur double nationalité, la citoyenneté européenne a un vrai sens. Marie-Claude BLANC-CHALÉARD Historienne Université Paris I [/QUOTE]
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