L'immigration Italienne en France: entre mythe et réalité 🇮🇹

David39

On est les enfants oublié de l'Histoire les amis!
VIB
Salam,

@nordia @Marbeldano @tonystark ?

Pour ceux que ça pourrait intéresser, un petit sujet sur l'immigration Italienne en France qui sera non sans rappeler quasiment la même mécanique qu'ont subi les maghrébins dans la foulée.

Sujet pertinent à l'heure des prochaines élections ou l'immigration de la France semble être toujours le problème numéro 1 où le français moyen écoute depuis x décennies des investisseurs et des prétendument "juifs" de l'Europe de l'est ou du Maghreb sur ce qui est bon ou non pour lui car son discernement est en veille avec ce qui lui reste d'étincelle de vie pour pester sur tout ce qui bouge comme un gros mollusque.

Voici Les migrants italiens en france : mythes et réalités par Marie-Claude Blanc-Chaléard

Sa synthèse est bonne si ce n'est la conclusion a laquelle aucun Italien n'adhère, l'identité Européenne. Non déso on reste à notre culte de la Madonne comme vous le dites si bien ma chère Marie Claude ne vous en déplaisent 😉



LES MIGRANTS ITALIENS EN FRANCE : MYTHES ET RÉALITÉS
Il court une vulgate au sujet de l’immigration des Italiens en France. On la regarde comme une
immigration ancienne, mais que l’on situe plutôt dans l’entre-deux-guerres. On en parle comme d’une
immigration nombreuse et fortement teintée d’antifascisme, aux côtés de la nation dans les luttes pour
la liberté ; on en fait surtout l’immigration modèle qui a su s’intégrer discrètement, “sans poser de
problème”, avec à la clé une réussite sociale exemplaire, de l’entreprise du bâtiment aux sommets de la
politique (Raymond Forni, ex-président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, Catherine Tasca,
pour ne citer que des personnalités ayant récemment exercé le pouvoir), du sport (Michel Platini) ou
des variétés (Yves Montand/Ivo Livi, Coluche/Michel Colucci). En un mot, elle constitue l’exemple le
plus accompli de l’“assimilation à la française”.
Depuis plus de 20 ans, les historiens, à la suite de l’œuvre pionnière de Pierre Milza1
, n’ont
cessé de décrire les réalités qui se cachent derrière ce mythe, sans grande efficacité puisque tout
discours officiel sur les Italiens continue de s’accrocher aux mêmes idées. Il faut reconnaître que le
“discours officiel” est un discours de gens pressés, journalistes ou décideurs politiques.
Prenons une fois de plus le temps de rappeler quelques faits historiques. Après quoi nous
essaierons de comprendre pourquoi le mythe est si tenace.
“Christos”, “Babis” et “Italboches”
Les années 1970 ont eu leurs ratonnades. À la fin du XIXe siècle, à peu près dans les mêmes
régions — dans le midi de la France surtout — on s’adonnait au lynchage d’Italiens. Sans doute, avant
1900, le grand Sud-Est concentrait-il près des trois quarts des Transalpins de France, avec des
proportions de 20 % de la population dans les Alpes-Maritimes et de 12 % dans les Bouches-du-Rhône.
Dans le nord de l’Hexagone, on fait plutôt la chasse au Belge. Pourtant, jusqu’en 1900, les Italiens sont
de loin la cible privilégiée de l’hostilité populaire.
Deux choses doivent être distinguées : les causes du rejet des Italiens et ses formes. La
xénophobie ouvrière vient en première ligne. S’y mêlent un racisme spontané chez les ouvriers du cru
et les craintes d’une concurrence déloyale imposée par le patronat en quête de main-d’œuvre docile et
bon marché. Tel est l’argument des syndicats pour s’opposer à l’immigration, et ils ne changeront
guère de position par la suite. Mais peut-on nier que le patronat donne quelque crédibilité à cet
argument lorsqu’il a recours aux Italiens pour parer aux effets des grèves dans les savonneries de
Marseille à la fin du XIXe siècle, comme il aura recours quelques années plus tard aux Kabyles pour remplacer les Italiens à leur tour en grève ?
D’ailleurs, les rixes les plus nombreuses ont lieu au
moment de la Grande Dépression (première grande crise capitaliste dans les années 1880-1890),
moment de tension sur le marché du travail.
Toutefois la concurrence ouvrière n’explique pas tout. Le XIXe siècle est le temps des nations,
et ses dernières décennies voient l’exacerbation des nationalismes : l’État républicain, né de la défaite
de 1870, encourage la communion autour de la patrie ; les journaux, plus accessibles et soucieux de
cultiver les sensations, font vibrer aux nouvelles de la “patrie en danger” à Fachoda ou sur la ligne
bleue des Vosges.
 

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Or, les Italiens sont dans le camp des ennemis : le nouveau royaume, jadis “sœur
latine”, a trahi pour signer la Triple Alliance avec l’Allemagne honnie (1882), d’où le surnom
d’Italboches qu’on donne aux immigrés en Lorraine.
Ennemis, les originaires de la péninsule sont aussi les derniers des étrangers : les plus pauvres,
les plus déracinés, menaçant la sécurité et même la santé publique. Leurs logis sont crasseux, leurs
vociférations insupportables… et ne parlons pas des odeurs ! : « Si vous passez un jour, à l’heure de
midi, vers Mont-Saint-Martin ou Villerupt, près d’une des nombreuses cantines italiennes, votre odorat
est désagréablement chatouillé par des odeurs d’abominables ratatouilles. Des vieilles sordides, à la
peau fripée et aux cheveux rares, font mijoter des fritures étranges dans des poêles ébréchées. Et les
bêtes mortes de maladie, à des lieues à la ronde, ne sont pas souvent enfouies, elles ont leur sépulture
dans les estomacs des Italiens, qui les trouvent excellentes pour des ragoûts dignes de l’enfer »5
.
Ce tableau de genre s’inscrit dans une ambiance : celle d’une époque où hygiénisme et racisme
font l’objet d’un discours “scientifique” et où la question de la présence étrangère se pose en termes
d’eugénisme social : il ne s’agit plus d’hostilité ouvrière, mais bien d’un rejet de l’Autre, inférieur, qui
menace la “race” française. L’Italien, misérable et dernier arrivé, est la cible privilégiée. Il est ce que
sera l’Arabe dans la deuxième moitié du XXe siècle. On le décrit d’ailleurs frisé et basané. L’écrivain
nationaliste Louis Bertrand compare leur arrivée à une nuée de sauterelles dans un roman au titre
suggestif : L’invasion
6
.
La xénophobie anti-italienne fait donc partie de l’atmosphère du temps. La manifestation la plus
évidente apparaît dans les surnoms. D’abord, on dit rarement “Italiens”. Les originaires du nord de la
péninsule (les plus nombreux) sont des “Piémontais”, les autres sont des “Napolitains”. Mais on préfère
le sobriquet injurieux, et le Midi en possède une grande variété. On dit “Babis” à Marseille, mais on
emploie aussi “Kroumirs” pour dire leur servilité à l’égard du patronat, ou “Christos”, qui marque le
mépris de l’ouvrier français libre-penseur pour ces “culs-bénits” qui embrassent le quai de
débarquement en implorant la Madona. La religion n’est pas alors facteur d’intégration, c’est le moins
qu’on puisse dire. À Paris, Jules Vallès, journaliste et écrivain, écrit que « la piété vile et veule de ces
lazzaroni déshérités » déshonore le faubourg Saint-Antoine7
.
 

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Encore si l’on s’en tenait aux mots… Mais l’époque est violente et l’ouvrier a le culte de la
force tandis que le peuple se mue à l’occasion en populace prête au meurtre. Les archives
départementales regorgent de rapports de police décrivant les bagarres ouvrières. Souvent, les immigrés
sont contraints de retourner dans leur pays, avant de revenir quelque temps après. Mais les moments les
plus terribles ont été à l’origine d’incidents diplomatiques entre la France et l’Italie avant de devenir
des événements emblématiques de la violence xénophobe cisalpine. En 1881 ont lieu les “Vêpres
marseillaises”, nom donné aux deux jours d’émeute anti-italienne déclenchée à l’occasion du défilé à
travers Marseille des troupes revenant de Tunisie où elles venaient de sceller le protectorat français…
et ce, contre l’Italie. On accuse les occupants du Club nazionale italiano de les avoir sifflées.
Résultat : trois morts et 21 blessés. La tuerie d’Aigues-Mortes est un lynchage collectif qui commence
par une rixe ouvrière dans les Salins du Midi et qui se poursuit en chasse à l’homme. Il faut lire le
rapport du procureur général de Nîmes décrivant l’acharnement nationaliste et sanguinaire des
habitants d’Aigues-Mortes contre les malheureux Transalpins. Le bilan officiel est de huit morts, mais
il est probable qu’il s’élève à une trentaine. L’année suivante, c’est l’assassinat du président Sadi
Carnot par l’anarchiste italien Santo Jeronimo Caserio qui entraîne le saccage des boutiques italiennes à
Lyon et dans d’autres villes proches. À Paris, la situation est plus calme, mais voici le genre d’affiche
qu’on trouve : « Cet assassinat a été commis par un Italien — et nous autres Français supportons sans
rien dire la présence de ces êtres infects dans nos usines où ils occupent la place d’honnêtes ouvriers
français qui meurent de privations et de misère. Depuis longtemps nous avons l’intention et le désir de
nous débarrasser de cette vermine »8
.
Du “Macaroni” au “Rital”
Pour autant, les Italiens ont continué à venir, et à venir toujours plus nombreux. On avait beau
les accuser de concurrence, ils étaient indispensables à l’économie française et ne pouvaient que
trouver de l’embauche : à la Belle Époque, quand la grande industrie se développe autour de la mine et
de la sidérurgie et que le bâtiment demande une main-d’œuvre qui ne se trouve guère parmi les
Français, et bien plus encore après la Première Guerre mondiale, quand les régions les plus productives
sont à reconstruire. La destination française est alors une aubaine pour les Transalpins : l’économie de
la péninsule est dans une situation dramatique et le fascisme pousse à l’exil des masses de paysans et
d’ouvriers engagés dans les luttes du biennio rosso (1919-1920). Mais tous les immigrés ne sont pas
des antifascistes, loin s’en faut : ils se pressent vers le seul pays grand ouvert, depuis que l’Europe
centrale est morcelée et que les États-Unis ont instauré des quotas. Les Italiens représentent plus du
tiers des étrangers présents en France en 1931, soit près d’un million. On les trouve dans tout le pays, y
compris dans le Sud-Ouest agricole qu’ils sauvent de la désertification.
Sont-ils mieux aimés ? Sans doute ne sont-ils plus l’objet de lynchages, le monde ouvrier est
mieux policé. L’aura antifasciste facilite leurs relations avec certains milieux engagés. Surtout, les
Italiens ne sont plus les derniers des immigrés : au titre d’accords signés entre la France et l’Italie, ils
ont théoriquement les mêmes droits sociaux que les Français (sauf celui d’être délégué syndical). Au-
delà, il existe désormais des réseaux transalpins, des lieux communautaires, des employeurs italiens,
bref, une certaine place au sein de la société française. Ils sont indispensables dans de nombreux
secteurs, notamment dans le bâtiment, et bénéficient d’une appréciation positive de la part des
employeurs français. Pour autant, ils restent des étrangers. Quand les regroupements communautaires
sont très visibles, comme dans la rue Sainte-Anne à Nogent-sur-Marne, berceau de François Cavanna.
 

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ou le quartier du Panier à Marseille, les Français les évitent soigneusement. Pour tous, ils ne sont que
les “Macaronis”, sobriquet douloureusement subi par les écoliers d’origine italienne à qui l’école
apprend à être des “Français comme tout le monde”.
Les événements vont se charger de leur rappeler qu’ils ne sont pas justement des “Français
comme tout le monde”. La crise des années 30 d’abord : en 1932 prend effet une loi votée à l’unanimité
par la Chambre des députés (y compris par les communistes), qui permet le contingentement de la
main-d’œuvre étrangère dans l’industrie et les services. Un peu plus tard, une autre loi interdit aux
étrangers de s’installer à leur compte sans une autorisation, rarement accordée pour cause de crise. La
loi concerne tous les étrangers, et cette fois-ci c’est plutôt le retour forcé des familles polonaises en
1934 que l’histoire a retenu. Mais les Italiens, privés d’emplois et de ressources (la plupart des
communes ne versent pas d’allocations chômage aux étrangers), ont payé un lourd tribut à la vague des
refoulements.
Pour ceux qui restent s’ouvre une nouvelle période de rejet. Sans doute ne peut-on compter pour
rien les moments d’espoir et de fraternisation de 1936, qui demeurent inoubliables pour certains
(manifestations du Front populaire, puis guerre civile d’Espagne). En même temps, la terrible crise
xénophobe de la décennie, qui prépare le terrain au régime de Vichy et à sa participation au génocide
juif, n’épargne en rien les Italiens, à l’encontre desquels resurgissent les haines de jadis. Ennemis à
nouveau, tous sont regardés comme des suppôts de Mussolini dès l’agression de l’Éthiopie en 1934 et
comme des agents de la “cinquième colonne” quand le Duce se met à réclamer Nice et la Corse en
1938.
Concurrents déloyaux bien sûr, pour les artisans et commerçants notamment, ils sont aussi
fauteurs de troubles, faisant de la France le champ clos de leurs règlements de compte (tel que
l’assassinat des frères Rosselli en 1937) et des menées subversives des fasci, que l’on finit par interdire.
« Sales Macaronis », « sales Ritals », s’entendent dire les écoliers qui vont finir par se revendiquer
Italiens, par bravade, alors que beaucoup sont français. D’ailleurs, nombre d’enfants français prennent
peu après le chemin de l’Italie avec leurs parents, au moment de la guerre. Le 10 juin 1940 signe l’arrêt
fatal : Mussolini attaque la France défaite par Hitler. C’est “le coup de poignard dans le dos”, et les
autorités françaises dirigent les Italiens résidents, devenus “ressortissants ennemis”, vers des camps.
Rappelons que quelques mois plus tôt, les mêmes autorités françaises avaient écarté la
proposition des Italiens de France de constituer une Légion garibaldienne (sur le modèle de celle de
1914) prête à combattre contre Hitler, et avaient naturalisé à tour de bras les futurs soldats… dont on
internait maintenant les parents ! Est-ce là ce qu’on appelle une “bonne intégration” ou une
“assimilation facile” ?
C’était la guerre, dira-t-on. Mais après la guerre, alors que, comme les Espagnols et d’autres
étrangers, bien des Italiens et surtout des jeunes ont donné leur vie pour la Résistance et la Libération,
on chante le courage espagnol et on continue de détester les Italiens. Les enfants vivent plus mal que
jamais le fait de se faire traiter de “Ritals” à l’école, et les jeunes gens se gardent bien de parler de leurs
origines à l’élu(e) de leur cœur, pour finir parfois par s’avouer l’un à l’autre des parents italiens !
 

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Ce temps d’humiliation est encore vif dans les mémoires. Les choses vont s’estomper à partir de
la fin des années 50. Alors survient, assez brutalement, l’invisibilité des Italiens, qu’on a appelé
assimilation “culturelle”, mais qui a surtout été l’oubli des Français
10
.
Les vraies raisons de l’assimilation
Car il y a bien eu assimilation, et cela explique en partie la reconstruction mythique qui s’est
faite autour des conditions de cette assimilation. L’assimilation a pris deux formes : une assimilation
individuelle (ou familiale), qui se faisait au fur et à mesure depuis le XIXe siècle, et une assimilation de
masse, qui a concerné les Italiens et leurs enfants issus de la grande vague migratoire de l’entre-deux-
guerres. Ce sont eux, qui, de très visibles et fortement rejetés jusqu’en 1950, deviennent ensuite
invisibles en un temps record.
Peut-on voir dans cette assimilation une particularité des migrants venus de la “sœur latine” ?
On évoque ici ou là la langue et la religion. Langue proche du français ? C’est vrai pour certains
dialectes, et cela pouvait aider les ouvriers sur les chantiers. Mais bien des immigrés ne parleront
jamais qu’un sabir difficile à comprendre. Quant aux écoliers, les résultats au “certif” parisien montrent
que les enfants juifs parlant diverses langues d’Europe centrale ou le yiddish avaient des résultats bien
meilleurs que les Italiens (et que les Français). Pour ce qui est de la religion, nous avons déjà souligné
combien l’attitude religieuse des Italiens différait de celle des milieux français. Ouvriers anticléricaux,
mais aussi catholiques (à l’instar d’ailleurs de l’épiscopat français) qui trouvaient ridicules la dévotion
“à l’italienne” et le culte démonstratif voué à la Vierge. En revanche, dans l’entre-deux-guerres,
l’Église catholique a joué un rôle d’encadrement de la jeunesse qu’elle destinait à tous les enfants
d’ouvriers, mais où les jeunes Italiens se retrouvèrent particulièrement nombreux. Rappelons que cet
encadrement existe toujours, accueillant les enfants de toutes confessions. En fait, le discours sur le
rapprochement culturel avec la sœur latine est d’abord celui des lettrés, voire des diplomates, mais les
zones de convergence des milieux populaires sont ailleurs.
Dans les sondages d’autrefois (années 40) on loue les “facilités d’adaptation” des Italiens. Peut-
être, mais il faudrait plus sûrement évoquer le faible investissement nationaliste des Italiens qui leur a
épargné le culte de la patrie et le repli sur soi dont ont fait preuve longtemps les Polonais, par exemple.
Pour autant, ces derniers ont connu la même évolution vers l’invisibilité à partir des années 50.
Il faut donc davantage regarder du côté de l’histoire de la société d’accueil que du côté des
aptitudes à l’intégration des immigrés pour comprendre l’intégration.
L’histoire de l’assimilation italienne relève, à notre sens, de trois ordres majeurs d’explication,
qui ont tous plus ou moins à voir avec l’époque dans laquelle s’est inscrit le périple migratoire, du
milieu du XIXe siècle aux années 60 du XXe siècle (au recensement de 1968, le temps de la
domination italienne prend fin pour laisser la place aux Espagnols, aux Portugais et aux Algériens).
Une première explication est à chercher dans la façon dont les Italiens sont “entrés en
immigration” : prolongement d’une immigration de voisinage saisonnière avec la France (pays de
montagne : colporteurs, bûcherons, puis ouvriers agricoles), liberté de circulation, liberté d’installation
résidentielle. Les réseaux se constituent, les petites colonies aussi, l’habitude de se mettre à son compte
 

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devient un modèle. Les Italiens conservent cette préférence pour les modes libres de l’économie et
quittent la mine ou l’usine dès qu’ils le peuvent pour le bâtiment, plus souple dans ses structures. Bien
sûr, dès l’entre-deux-guerres, le système est contrôlé, on arrive en France avec des contrats et la
situation s’aggrave avec la création de l’ONI (Office national de l’immigration) après 1945. Mais le
système est imparfait et les habitudes italiennes tiennent bon. Contre le travailleur “importé” habitant
en foyer ou le clandestin sans attache s’accumulant dans les bidonvilles, le migrant italien a pu
bénéficier d’une expérience remontant à l’époque d’une plus grande liberté. Le prix à payer était celui
de moindres garanties, et c’est là que pouvaient jouer les soutiens communautaires (à double tranchant,
car l’exploitation communautaire n’est jamais loin !).
L’autre ligne explicative suit l’histoire du monde ouvrier où la communauté de destin entre
Français et étrangers est aussi réelle que leurs relations étaient mauvaises. À côté de la xénophobie
toujours prête à surgir, le quotidien partagé, les aspirations communes, le mélange des enfants, écoliers
mais aussi jeunes ouvriers, car on travaille à 13 ou 14 ans et on va ensemble voir des films ou faire du
vélo dès que le temps de loisirs s’étend un peu. Même si certaines rues ont des allures de micro-ghettos
(on a déjà évoqué la rue Sainte-Anne à Nogent-sur-Marne), les quartiers et banlieues populaires ont
partout la même allure et on y vit la même vie. C’est ainsi que vers 1906 est né dans le quartier parisien
de la Bastille le musette, genre musical qui va devenir celui de toute la France ouvrière : il s’agissait de
la fusion entre les airs rythmés par la cabrette auvergnate et ceux de l’accordéon italien.
Quant au mouvement ouvrier, où ne s’investit qu’une minorité d’Italiens (et d’étrangers), il est
d’une importance extrême. Au XIXe siècle, les Italiens jouent un rôle moteur dans la naissance du
syndicalisme en Lorraine ; après 1900, ils sont les plus combatifs à Marseille, et dans les années 20 les
antifascistes sont beaucoup plus mobilisés que les Français. Derrière cela il y a l’expression d’un
langage commun, celui des prolétaires, qui facilite pour une minorité l’assimilation à travers le combat
internationaliste, mais qui donne aux autres une culture commune et un horizon, si vague soit-il. Et les
enfants d’immigrés qui s’insurgent contre l’oppression subie par leurs parents trouvent là un champ de
contestation et de lutte où s’investir. La “deuxième génération” italienne est nombreuse au sein du
personnel politique des communes rouges, en Lorraine ou en banlieue parisienne11
. L’existence d’une
base sociale commune fut donc fondamentale. Ce n’est pas une affaire d’Italiens, mais une affaire
d’époque.
La troisième explication permet de comprendre la rapidité de l’assimilation de masse et
l’intensité de l’oubli qui a suivi les années 50. Le racisme nazi et les errements de Vichy ont accéléré le
refoulement des souvenirs xénophobes des années 30. Les Italiens, comme les étrangers, étaient fort
contents qu’on ne parle plus d’eux : pas question alors de revendiquer leurs différences ! Mais surtout,
les rescapés de ces années de crise (la France a tout de même perdu le quart de sa population italienne
entre 1931 et 1946, naturalisations comprises) ont connu la période de croissance la plus considérable
de l’histoire : pour les parents, quelques améliorations liées à la sécurité sociale ; pour les enfants, des
facilités d’embauche qui ont permis l’assimilation économique dans la société de consommation,
assimilation progressive mais continue, à l’instar des ouvriers français. Sans parler de la dynamique du
bâtiment dans une France en pleine fièvre de construction de grands ensembles, de barrages et
d’autoroutes. Le temps des Italiens s’achève dans une bonne période, ce qui permet une intégration
rapide des migrants arrivés entre 1947 et 1968.

Est-ce à dire que tous les Italiens sont des entrepreneurs enrichis et leurs petits-enfants des
avocats ou des chirurgiens ? Les recensements récents donnent une image bien différente de ces
représentations, souvent diffusées par les Français d’origine italienne eux-mêmes. La plupart sont du
côté des ouvriers qualifiés, des contremaîtres, des employés, appartenant plutôt à la “France d’en bas”,
comme diraient certains. Beaucoup, anciens communistes antifascistes, sont affectés par l’évolution du
monde actuel et vieillissent dans la déception. D’autres rejettent l’immigration récente et ont des
sympathies pour le Front national, conséquence d’une intégration chèrement acquise. Aujourd’hui, être
italien est devenu prestigieux, et on ne souhaite pas être désigné comme “immigré”. Pour tous ceux qui
sont restés italiens ou qui sont fiers de leur double nationalité, la citoyenneté européenne a un vrai sens.
Marie-Claude BLANC-CHALÉARD
Historienne
Université Paris I
 

David39

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Yes! Quadrifoglio! 🍀🇮🇹

Continuons un peu de nous cultiver en apprenant les doux sobriquets utilisé de par le monde, et oui! Soyez vigilant! D'un pays à l'autre la dénomination de ces raclures de bidets élevé aux pates bon marché n'est pas la même!

Termes utilisés pour nommer les Italiens:

Macaroni (utilisé dans les années 1950 et 1960 en Belgique contre les mineurs italiens)

Spaghetti

Spagettifresser (mangespaghetti, dans les pays de langues allemandes. Fressen désigne l'animal qui dévore, c'est péjoratif)

Los Polpettoes

Pizzagang

Garlics

Calzone

Maiser (en Suisse, mangeur de polenta, polentone)

MozzarellaniggerGreaseball (aux États-Unis, pour la propreté et la mode de la brillantine)

Dago (aux États-Unis, utilisé pour les Latinos, de Diego ou de dagger, couteau)

Gino (au Québec. Féminin: Gina)

Guido (au Québec. Féminin: Guidette)

Goombah (dans la zone de New York, de l'italien compare, à travers le dialecte cumpà)

Wop (du napolitain guappo)

Wog (utilisé contre tous les hommes de peau sombre, mate, ou bronzé mais pas noire)

Itakas (en Allemagne, jeu de mots entre Italie et Itaca qui renvoie à vagabonds)

Rital

Carcamano (au Brésil, signifie malin, voleur, l'action de surcharger la balance avec la main)

Tano (en Argentine, signifie Napoletano)

Mangiabroccoli (en Argentine)

Gringo (en Argentine)

Tschinggali (en Suisse, fin xixe siècle, de la transcription du mot cinq, utilisé dans un jeu très pratiqué par les Italiens)

Minghiaweisch (en Suisse pour les Italiens de seconde génération)

Tony (aux États-Unis avec l'intention de mettre en évidence ce prénom très commun et faire en même temps un jeu de mots, Antonio = Tony = TO NY traduction de À NY = celui qui va À New York)

Lucchesi, lucchesacci est la surnom donné aux italiens par les corses. De la ville de Lucques. L'augmentatif lucchesacci est fortement péjoratif.

Babi Terme de la région marseillaise issu de l'occitan, signifiant crapaud, pour évoquer les immigrés italiens et leur descendance, cette expression n'est pas forcément appréciée des enfants ou petits-enfants d'immigrés italiens, c'est un terme qui peut paraitre insultant… Victor Gelu évoque également les surnoms de Bachin et de Quècouou Cacou) pour désigner les italiens à Marseille, tous deux dérivés des formes génoises des prénoms Jean-Baptiste et François.

Minghiati (en Belgique, mélange de minghia en italien et de l'interjection ti en wallon qui, à l'origine, signifie « toi » mais qui est considérée comme vulgaire)

Piaf (surnom utilisé en Suisse à l'entrée des restaurants ex: « interdit aux chiens et aux piafs »)

Et en France bien sur laissez vous portez par votre imagination, n'hésitez pas à mixer avec divers qualificatifs en vigueur du type schizophrène, bipo, pervers, faible, soumis etc

Au final les Italiens c'est comme les pates, ca se mange sans fin et à toutes les sauces mmmmh 😋
 
Merci.
ma nièce travaille sur un mémoire concernant l'immigration italienne dans la région de Nice, et celle ci est fort ancienne.
L'immigration italienne en Belgique date de 70 ans, date a laquelle des accords ont été conclus pour faire venir des dizaines de milliers d'italiens du sud, parmi lesquels figuraient alors mes grands parents qui ne retournèrent plus jamais dans leurs Pouilles originelles.
Je suis de la troisième génération et je n'ai aucune attache particulière à l'Italie, je me sens belge, wallon, européen.
 

David39

On est les enfants oublié de l'Histoire les amis!
VIB
Merci.
ma nièce travaille sur un mémoire concernant l'immigration italienne dans la région de Nice, et celle ci est fort ancienne.
L'immigration italienne en Belgique date de 70 ans, date a laquelle des accords ont été conclus pour faire venir des dizaines de milliers d'italiens du sud, parmi lesquels figuraient alors mes grands parents qui ne retournèrent plus jamais dans leurs Pouilles originelles.
Je suis de la troisième génération et je n'ai aucune attache particulière à l'Italie, je me sens belge, wallon, européen.

L'essentiel c'est de se sentir bien! Moi je me sens parfaitement Français et je sais à quel point nous travaillons! Mais je me sens méditerranéens tout autant, avec sa bouffe, sa musique, son climat parfois chaleureux et parfois si sombre.
 
L'essentiel c'est de se sentir bien! Moi je me sens parfaitement Français et je sais à quel point nous travaillons! Mais je me sens méditerranéens tout autant, avec sa bouffe, sa musique, son climat parfois chaleureux et parfois si sombre.
Moi pareil, j'ai besoin de vivre dans un pays méditerranéen au plus profond de mon être. Je sais que ma vie se trouve la bas, quelque part...en Espagne 😉
 
Merci.
ma nièce travaille sur un mémoire concernant l'immigration italienne dans la région de Nice, et celle ci est fort ancienne.
L'immigration italienne en Belgique date de 70 ans, date a laquelle des accords ont été conclus pour faire venir des dizaines de milliers d'italiens du sud, parmi lesquels figuraient alors mes grands parents qui ne retournèrent plus jamais dans leurs Pouilles originelles.
Je suis de la troisième génération et je n'ai aucune attache particulière à l'Italie, je me sens belge, wallon, européen.
Lq gde majorité des Italiens que je connais se sentent Italiens. Et pensent être différents des Belges niveau mentalité.
 
Italiens de 3e génération ? Dans ma famille, on évoque l'Italie avec nostalgie mais sans plus. Les grands parents sont morts, ma mère et mon père sont nés en Belgique...
J'hésite en 2 ou 3 mais vu mon âge moi je dirais 3 car moi je suis de la 2. Moi c mon père qui était mineur et eux leur gd-père.
 
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