Moussayer

Dr Moussayer khadija : maladies auto-immunes

La maladie cœliaque, ou intolérance au gluten, est de nos jours une des maladies digestives les plus fréquentes au Maroc. 10 à 15 % des cas seulement seraient aujourd’hui diagnostiqués. Son unique traitement consiste à suivre un régime sans gluten strict et à vie. Le congrès international des pharmaciens, les 20 et 21 janvier à Rabat, a été l’occasion pour l’association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG), une association de malades, de faire le point sur cette pathologie lors d’une conférence.

La maladie cœliaque est une pathologie auto-immune au cours de laquelle le système immunitaire, chargé normalement de nous défendre des agressions (des bactéries, virus…), se dérègle et attaque les constituants sains de l’organisme. Le responsable en est le gluten, une protéine contenue dans les céréales (blé, orge, seigle…) qui provoque chez certaines personnes cette réaction anormale. Celle-ci induit des dommages de la paroi de l’intestin grêle et des troubles de l’absorption du fer, du calcium, et des vitamines. La seule solution thérapeutique à ce mal est la suppression à vie du gluten de l’alimentation.

UNE AFFECTION SURVENANT AUSSI BIEN A L’ENFANCE QU’A L’AGE ADULTE
Classiquement, elle était connue surtout comme une affection de nourrissons et d’enfants en bas âge avec des signes se limitant à l’appareil digestif alors qu’actuellement on la rencontre de plus en plus souvent chez l’adulte, même au delà de 65 ans. Les manifestations sont alors très étendues et rendent son diagnostic parfois difficile, telles des douleurs articulaires, une ostéoporose, des anémies, des fausses couches à répétition, des aphtes buccaux, une dermatite ou même encore des maux de tête, une fatigue chronique, une anxiété et une dépression.
De plus, 15 à 25 % des cœliaques sont ou seront atteints d’une autre maladie auto-immune comme le diabète de type 1, des thyroïdites ou des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin…

UNE FORTE PREDISPOSITION GENETIQUE A LA MALADIE
Il existe une forte prédisposition familiale et donc génétique à la maladie puisque les membres de la même parenté en sont touchés dans 10 % des cas. Les mariages intrafamiliaux, entre cousins, en augmentent donc la fréquence. Cette héritabilité est en relation avec notre «carte d’identité biologique» (le système HLA - Human leukocyte antigen), un groupe de molécules situées à la surface de nos cellules et qui identifient et distinguent chacun de nous des autres. Certains marqueurs (nommés gènes DQ2 et/ou DQ8) sont présents chez pratiquement toutes les personnes souffrant de la maladie cœliaque et leur absence suffit à écarter ce risque.
Au Maroc, la maladie reste encore peu connue malgré qu’elle atteigne environ 1% de la population, avec en particulier une prédisposition encore plus élevée dans les populations du sud marocain. La très grosse majorité des personnes atteintes ne sont pas diagnostiquées ou mettent de nombreuses années avant que l’atteinte ne soit bien confirmée.

Dr Khadija Moussayer
 
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