L’inventeur de la douche était médecin à rouen

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اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Insolite. À Rouen, l’ouverture des douches municipales est remise en cause depuis six mois. Cocasse, quand on sait que son inventeur, le docteur Merry Delabost, est rouennais.

Pouvait-on fermer les douches municipales dans la ville où elles ont été inventées au XIXe siècle ? A priori, non. Pourtant, les membres du collectif qui se sont mobilisés pour faire revenir la municipalité de Rouen sur leur fermeture n’ont sûrement pas pensé rendre hommage au docteur François Merry Delabost quand ils ont engagé leur combat. D’ailleurs, qui, chaque matin quand il se savonne sous la douche, l’esprit encore embué par le sommeil, se soucie de savoir qui a bien pu l’inventer ?

Car c’est bien le docteur Delabost, alors médecin-chef de la prison Bonne-Nouvelle, qui a eu l’idée en 1872 de ce nouveau système d’ablution, plus pratique, plus rapide et plus hygiénique que le bain. Cette année-là, une circulaire incite les chefs d’établissement pénitentiaire à améliorer l’hygiène des détenus. Pour le médecin, il s’agit alors d’accroître la fréquence des bains de plus de 1 000 détenus, le plus rapidement possible et de la façon le plus économique. Rien de bien philanthropique. «Il ne s’agit pas de procurer aux prisonniers une sensation de bien-être, écrit le docteur dans son rapport. Une bonne hygiène assure et entretient la santé, et cela permetd’exiger de lui – le détenu — un travail dontleproduit diminue d’autant les frais d’emprisonnement.»

Plus propres pour être plus productifs. D’autant que les prisonniers rouennais sont employés à des tâches salissantes, comme dans l’atelier d’aplatissage des cornes pour confectionner des boutons. Six puis huit cabines de douches sont installées. L’eau est chauffée par une machine à vapeur et en moins de cinq minutes, huit prisonniers peuvent se laver. Avec seulement vingt litres d’eau. Le concept est vite repris par d’autres établissements pénitentiaires et des casernes militaires, mais son invention va mettre du temps à parvenir au grand public.

Le premier établissement public de bains-douches voit le jour à Vienne, en Autriche, en 1887. En France, Bordeaux inaugurera le sien en 1893 et Paris en 1899. Rouen devra attendre 1897. C’est François Depeaux, importateur de charbon, qui finance l’établissement, coiffant au poteau la municipalité de l’époque. Il est installé quai de France, notamment pour que les dockers puissent se nettoyer. La douche coûte 10 centimes, 20 avec le savon et la serviette. La ville achète des jetons, pour les distribuer aux enfants des écoles. En 1902, François Depeaux fonde un deuxième établissement, rue du Pré, près de la prison et plus proche de la ville. Une rue qui porte aujourd’hui le nom de Merry-Delabost. En 1913, l’établissement de 16 cabines « vend » 38 454 douches. Et en 1910, on compte plus d’une centaine de cabines de douche dans la ville, qu’elles soivent ouvertes à tous ou reservées à certains. Il faudra attendre 1922 pour que la municipalité ouvre son propre établissement, rue Martainville, transféré depuis rue Orbe.

Quand le docteur Merry-Delabost meurt en 1918, ses obsèques rassemblent une foule considérable à l’église Saint-Godard de Rouen. Il est enterré à Saint-Saire, le petit village du pays de Bray où il est né 72 ans plus tôt. «Il avait formé le vœu de reposer à jamais dans le modeste cimetière de Saint-Saire. Son buste est posé sur sa tombe», rappelle lemaire de la commune, Willy Lamulle, qui tente de perpétuer le souvenir de cet illustre concitoyen. «C’est vrai que peu de gens connaissent son action.»

Un oubli qui pourrait être réparé dans trois ans, à l’occasion du centenaire de sa mort.

Olivier Cassiau

http://www.paris-normandie.fr/detai...-la-douche-etait-medecin-a-rouen#.VbchovDQ6sR
 
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