Babouchemasquee
VIB
Ce sont des scènes dignes des favelas brésiliennes. Depuis quelques semaines, dans le quartier de la Goutte-d’Or, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, des enfants d'une dizaine d’années sont livrés à eux-mêmes. Parfois violents, ils sniffent de la colle, le jour comme la nuit. Rétifs aux dispositifs de prise en charge traditionnels, ces enfants toxicomanes venus du Maroc laissent riverains et autorités désemparés. Qui sont-ils ? Comment sont-ils arrivés-là ? Franceinfo est allé à leur rencontre.
Il est 18h30. Le square Alain Bashung vient de fermer. Furtivement, une silhouette en doudoune grise franchit la grille et s’installe au fond du parc. À intervalles réguliers, on voit devant son visage un sac en plastique orange qui se gonfle et se dégonfle. De temps en temps, le garçon sort de sa poche un tube de colle forte, en garnit les parois du sachet et replonge le nez dedans.
Il est agité mais veut bien échanger quelques mots. Il dit avoir 11 ans, même s’il en fait un peu plus. Il parle essentiellement arabe, dit être arrivé en France il y a cinq mois, être venu pour le travail. S’il sniffe de la colle, c’est parce qu’il a beaucoup de problèmes, explique-t-il. On n’en saura pas plus. Son œil devient vitreux. Il court dans un sens, puis dans l’autre, tente de nous chiper nos clés de voiture avant de chanter dans le micro.
Un parcours chaotique
Des enfants ou jeunes adolescents vivant dans la rue, on en croise d’autres dans le quartier. Youssef et Hamza ont souvent une cigarette ou un joint à la bouche, des yeux cernés. Ils racontent des parcours similaires. Partis du Maroc, ils ont passé quelques mois ou années en Espagne, puis sont arrivés en France récemment.
Anas n'est ici que depuis quelques jours. Provocateur, il tente de rentrer dans le square au moment où celui-ci ferme. Plus de chaussures et une simple toile en guise de pantalon, il dit sortir de garde à vue pour un vol de téléphone portable. Il en a tiré 300 euros. Il va se racheter des baskets et un pantalon auprès des vendeurs à la sauvette du métro La Chapelle.
Anas a sans doute un peu plus que les 14 ans qu’il annonce. Ses parents sont, dit-il, restés à Fès. Il échange avec eux de temps en temps. Ils l’incitent à revenir mais lui ne le fera que quand il aura "beaucoup d’argent". S’il n’est pas resté à Barcelone, où il a transité plusieurs mois, c’est, dit-il, parce qu’il n’y avait pas de travail. Il semble toutefois déçu par la situation en France.
Isolement, drogue, violence, une spirale infernale
Anas dort dans un squat. Pour d’autres enfants, c’est le square ou alors des Autolibs ou des voitures dont ils forcent les portières. Des dégradations que supportent de moins en moins les riverains. Theodore Ceccone tient la pizzeria Bella Dona. Il voit depuis le début de l’année ces enfants errer par groupe d’une dizaine ou plus, de plus en plus violents. Les scènes qu'ils rapportent sont à peine croyables. "Ils ont entouré deux touristes asiatiques, ils ont commencé à les toucher, à essayer de les voler. Un jour, il y a eu un petit entre eux qui s'est fait égorgé. Heureusement, un monsieur a mis sa main sur la gorge pour arrêter le sang qui giclait et le Samu est intervenu", raconte le patron du restaurant.
Des enfants "shootés, hystériques, fous à lier, le regard vide", poursuit une voisine qui ne rentre plus chez elle à pied le soir. Mohammed, le boucher qui fait face au square, raconte qu'une fois, il a dû mettre à l’abri dans sa boutique une dame âgée qui se faisait malmener.
"Ils disent oui mais après c'est comme si je n'avais rien dit. C'est des bébés pour moi. Ils ont 8 ans, 12 ans. Ça fait trop mal de voir une jeunesse perdue", se désespère Mohammed. Avec d’autres riverains, il vient de co-signer une lettre envoyée il y a quelques jours aux autorités. Ils demandent des mesures "sans délai", "dans l’intérêt de ces enfants" et "du quartier" aussi. Mais les autorités font face à une situation inédite en France, même si déjà repérée en Espagne, Belgique ou Suède. Inédite à la fois par le très jeune âge de ces enfants et aussi par leur toxicomanie.
Il est 18h30. Le square Alain Bashung vient de fermer. Furtivement, une silhouette en doudoune grise franchit la grille et s’installe au fond du parc. À intervalles réguliers, on voit devant son visage un sac en plastique orange qui se gonfle et se dégonfle. De temps en temps, le garçon sort de sa poche un tube de colle forte, en garnit les parois du sachet et replonge le nez dedans.
Il est agité mais veut bien échanger quelques mots. Il dit avoir 11 ans, même s’il en fait un peu plus. Il parle essentiellement arabe, dit être arrivé en France il y a cinq mois, être venu pour le travail. S’il sniffe de la colle, c’est parce qu’il a beaucoup de problèmes, explique-t-il. On n’en saura pas plus. Son œil devient vitreux. Il court dans un sens, puis dans l’autre, tente de nous chiper nos clés de voiture avant de chanter dans le micro.
Un parcours chaotique
Des enfants ou jeunes adolescents vivant dans la rue, on en croise d’autres dans le quartier. Youssef et Hamza ont souvent une cigarette ou un joint à la bouche, des yeux cernés. Ils racontent des parcours similaires. Partis du Maroc, ils ont passé quelques mois ou années en Espagne, puis sont arrivés en France récemment.
Anas n'est ici que depuis quelques jours. Provocateur, il tente de rentrer dans le square au moment où celui-ci ferme. Plus de chaussures et une simple toile en guise de pantalon, il dit sortir de garde à vue pour un vol de téléphone portable. Il en a tiré 300 euros. Il va se racheter des baskets et un pantalon auprès des vendeurs à la sauvette du métro La Chapelle.
Anas a sans doute un peu plus que les 14 ans qu’il annonce. Ses parents sont, dit-il, restés à Fès. Il échange avec eux de temps en temps. Ils l’incitent à revenir mais lui ne le fera que quand il aura "beaucoup d’argent". S’il n’est pas resté à Barcelone, où il a transité plusieurs mois, c’est, dit-il, parce qu’il n’y avait pas de travail. Il semble toutefois déçu par la situation en France.
Isolement, drogue, violence, une spirale infernale
Anas dort dans un squat. Pour d’autres enfants, c’est le square ou alors des Autolibs ou des voitures dont ils forcent les portières. Des dégradations que supportent de moins en moins les riverains. Theodore Ceccone tient la pizzeria Bella Dona. Il voit depuis le début de l’année ces enfants errer par groupe d’une dizaine ou plus, de plus en plus violents. Les scènes qu'ils rapportent sont à peine croyables. "Ils ont entouré deux touristes asiatiques, ils ont commencé à les toucher, à essayer de les voler. Un jour, il y a eu un petit entre eux qui s'est fait égorgé. Heureusement, un monsieur a mis sa main sur la gorge pour arrêter le sang qui giclait et le Samu est intervenu", raconte le patron du restaurant.
Des enfants "shootés, hystériques, fous à lier, le regard vide", poursuit une voisine qui ne rentre plus chez elle à pied le soir. Mohammed, le boucher qui fait face au square, raconte qu'une fois, il a dû mettre à l’abri dans sa boutique une dame âgée qui se faisait malmener.
"Ils disent oui mais après c'est comme si je n'avais rien dit. C'est des bébés pour moi. Ils ont 8 ans, 12 ans. Ça fait trop mal de voir une jeunesse perdue", se désespère Mohammed. Avec d’autres riverains, il vient de co-signer une lettre envoyée il y a quelques jours aux autorités. Ils demandent des mesures "sans délai", "dans l’intérêt de ces enfants" et "du quartier" aussi. Mais les autorités font face à une situation inédite en France, même si déjà repérée en Espagne, Belgique ou Suède. Inédite à la fois par le très jeune âge de ces enfants et aussi par leur toxicomanie.