Le président de l'Assemblée générale de l'ONU dérape!!!
NEW YORK, NATIONS UNIES CORRESPONDANT
Dans les couloirs de l'ONU, le père Miguel d'Escoto ne fait plus sourire.
A force de s'affranchir du devoir de réserve attaché à sa fonction,
le président de l'Assemblée générale, qui regroupe les 192 pays membres des Nations unies, commence à embarrasser une partie de la communauté diplomatique.
Au cours d'une conférence de presse, mardi 17 mars, le prêtre sandiniste,
ancien ministre des affaires étrangères du Nicaragua,
a tout à la fois accusé la Cour pénale internationale (CPI) de "racisme",
pris la défense du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad,
et comparé George Bush à Al Capone.
"C'est une catastrophe", affirme un haut responsable onusien, pour qui le prêtre sandiniste "abuse" d'une position généralement occupée par des ambassadeurs discrets, qui se bornent à orchestrer les débats de l'Assemblée générale.
"Plus personne ne le prend au sérieux", juge un diplomate, qui explique que beaucoup d'ambassadeurs "préfèrent regarder de l'autre côté", de peur de lui donner davantage d'importance en le critiquant.
Elu pour un an en septembre 2008, l'ancien ministre est revenu d'un voyage, notamment en Syrie et en Iran,
"frappé" du "grand respect" dont bénéficie, selon lui, Mahmoud Ahmadinejad, injustement "diabolisé" par les Etats-Unis.
Photographié un bras autour du cou du président,
M. d'Escoto a défendu le programme nucléaire iranien.
A New York, il a émis des doutes sur la véracité de l'appel de M. Ahmadinejad à "rayer Israël de la carte".
Proche du président nicaraguayen Daniel Ortega, Miguel d'Escoto s'est aussi élevé contre le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) visant le président soudanais, Omar Al-Bachir, pour les atrocités commises au Darfour.
Cette décision contribue à "approfondir la perception selon laquelle la justice internationale est raciste", a-t-il dit.
Pour M. d'Escoto, c'est d'autant plus "lamentable" que la Ligue arabe et l'Union africaine ont demandé un sursis pour le président soudanais.
"Qui en premier a soulevé la question du génocide ?
Bush. (...)
Imaginez-vous Al Capone appeler la police pour dire qu'on a volé du lait au marché ?
" a raillé M. d'Escoto, qui n'a pas une seule fois évoqué le sort des 300 000 Soudanais qui, selon l'ONU, ont péri au Darfour.
Il dénonce "l'apartheid" dont sont victimes les Palestiniens et fait preuve,
sur Gaza, d'un activisme parfois jugé excessif par la délégation palestinienne.
Il a aussi affirmé avoir reçu des menaces de morts nées de rumeurs propagées,
selon lui, par des diplomates israéliens.
Jusque-là, le prêtre de 76 ans, à la santé fragile et la personnalité aimable,
bénéficiait d'une relative indifférence.
Mais mardi, la représentante britannique à l'ONU a dénoncé des déclarations
"qui sèment la discorde".
Elles ont été jugées "bizarres" par les Etats-Unis et "inacceptables" par l'ambassadeur de France, Jean-Maurice Ripert.
Pour le représentant du Costa Rica, Jorge Urbina,
M. d'Escoto "porte atteinte à la présidence en tant qu'institution en confondant ses opinions personnelles avec celles de l'Assemblée générale",
dont une majorité de membres a signé les statuts de la CPI.
Beaucoup de diplomates, notamment occidentaux, attendent impatiemment la nomination du successeur de M. d'Escoto, qui sera vraisemblablement libyen.