Il est clair en tout cas que le terme principal qui fut utilisé par les juifs pour qualifier Jésus était « nazoréen ». C’est ce que rapportent les évangiles (Lc 18, 38 ; 24, 19 ; Jn 8, 5 ; 19, 19 ; Ac 2, 22 ; 3, 6 ; 6, 14 ; 10, 38 ; 22, 8 ; 26, 9, etc.) et il est donc nécessaire d’en déterminer le sens. Une première indication est fournie par l’évangile de Luc (18, 37).
On annonce dans Jéricho que « Jésus le nazoréen est en train de passer ». Un aveugle s’écrie : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ». L’appellation paraît connue et comprise par cet aveugle, car elle évoque pour lui l’attente messianique et la légitimité davidique.
Cet acte de reconnaissance méritait pour les évangélistes d’être signalé. Mais dans le texte de Marc (10, 47), parallèle à celui de Luc, le terme « nazoréen » a été remplacé par « nazaréen ». Ce peut être une correction par un scribe pagano-chrétien qui ne connaît pas le mot, et du coup la péricope devient inintelligible.
Ou bien ce pourrait être une dissimulation intentionnelle de Marc, l’auteur de cet évangile, une façon d’éviter la charge religieuse, idéologique ou politique du terme. L’évangile de Marc, a-t-on dit, cache tout au long le « secret » messianique. On peut supposer alors ce fait que l’appellation de Jésus, le « nazoréen », aurait été plus ou moins dissimulée par les disciples, peut-être à la demande de Jésus lui-même. En revanche elle est employée par la foule (Lc 18, 37).