Louis Boyard déplore l’indifférence du monde politique après avoir été insulté dans un train.

« Tu es un antisémite notoire », « nazi »… Le député insoumis Louis Boyard a passé un mauvais quart d’heure dans le train. Une vidéo devenue virale ce week-end le montre se faire copieusement insulter alors qu’il se tient debout dans ce qui semble être le wagon-restaurant d’un TGV. « Tout du long, je n’ai cherché qu’à apaiser la situation », réagit-il dans un long message publié sur X (ex-Twitter) ce lundi. Dans la vidéo, on l’entend notamment appeler son interlocuteur à « rester digne ».

Si le député du Val-de-Marne n’en est pas à sa première scène d’insulte, il a en revanche été choqué par l’absence de soutien, après la publication de ces images sur les réseaux sociaux. « Aucun journaliste indigné, aucun mot de soutien de députés de la minorité présidentielle, aucun signe de la Présidente de l’Assemblée Nationale », écrit-il, avant de dénoncer un « deux poids deux mesures ».

« Deux poids, deux mesures »​

En mai 2020, Éric Zemmour a également été agressé en pleine rue, ce qui avait soulevé une vague d’indignation, assure-t-il. « Lui, le raciste multicondamné aura eu le droit à leur soutien et à leur compassion (…) Lui a même eu droit à un appel du Président de la République ! », affirme l’élu insoumis. L’hebdomadaire d’extrême droite « Valeurs actuelles » avait en effet relevé que le polémiste, ancien candidat à la présidentielle, avait reçu un coup de téléphone du chef de l’État.

 
Hier, une vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux. Un homme me filme, m’insulte, me menace. Tout du long, je n’ai cherché qu’à apaiser la situation. C’est ce qu’il y avait de mieux à faire. Deux jours plus tard, voilà la vidéo sur les réseaux sociaux. Je pouvais m’y attendre il n’y a rien d’étonnant. Ce qui m’a le plus surpris c’est de ne voir… aucune réaction. Aucun journaliste indigné, aucun mot de soutien de députés de la minorité présidentielle, aucun signe de la Présidente de l’Assemblée Nationale. Rien d’étonnant non plus, je n’attends rien de ces gens-là. Mais en visionnant la vidéo quelque chose m’a fait mal. Je me suis souvenu de ce moment de Mai 2020 où il était arrivé exactement la même chose à Éric Zemmour. Mêmes insultes, mêmes menaces, mais pas les mêmes indignations. Voilà qui fait mal ! Lui, le raciste multi-condamné aura eu le droit à leur soutien et à leur compassion. Lui aura eu le droit à plusieurs dizaines d’heures de plateaux télé pour le pleurer. Lui a même eu droit à un appel du Président de la République ! Je n’en demande pas tant. J’ai dû déménager après que mon adresse ait été diffusée par l’extrême droite française. J’ai été insulté pendant dix longues minutes sur un plateau télé pour avoir critiqué Vincent Bolloré. J’ai été suivi et mes trajets détaillés. Ma famille a été directement menacée à plusieurs reprises. Trente personnes sont entrées armées et cagoulées dans une conférence que nous tenions avec
@BilongoCarlos
à Bordeaux. Il s’est déjà passé tant de choses en seulement un an et demi, alors pourquoi cette vidéo ferait réagir ceux qui n’ont jamais réagit avant ? L’abject Darmanin avait même instrumentalisé ma situation. Sans me demander quoi que ce soit, il annonce que je suis sous protection policière. Rien de plus faux. Je ne l’ai jamais demandé et je ne l’ai jamais vu. Un coup de communication pour mieux éteindre nos critiques de l’institution policière. Zemmour, lui, n’aura pas eu à subir cette fourberie. Il a été loyalement soutenu. Deux poids, deux mesures. Voilà que l’on y vient ! Deux poids deux mesures. Une expression qui résume si bien la période. Entre une vie Palestinienne et une vie Israélienne ; deux poids deux mesures. Entre Gérard Depardieu et la parole de ses victimes ; deux poids deux mesures. Entre le salarié licencié et le patron à qui l’on arracherait la chemise ; deux poids deux mesures. Entre le manifestant de Sainte-Soline et la multinationale pollueuse ; deux poids deux mesures. Entre un abribus cassé et un gilet jaune éborgné ; deux poids deux mesures. Entre le mot de trop venu de la gauche et le racisme banalisé venu de l’extrême droite ; deux poids deux mesures. Entre Nahel tué pour un refus d’obtempérer et son policier meurtrier devenu millionnaire ; deux poids deux mesures. Quelle violence. Mais aussi quelle violence symbolique. Cette liste non exhaustive le montre bien ; rien n’est épargné à notre camp social. Aucune retenue et aucun soutien de la bourgeoisie et de ses représentants politiques et médiatiques ne sont à attendre. Dès lors, leur silence quant à mon cas me rassure. A leurs yeux je ne fais pas partie de leur caste. Quel bonheur ! Je m’inquièterais quand ils feront preuve d’empathie à mon égard. Le combat politique est difficile pour chaque militante et chaque militant de notre camp. Chaque jour un seuil est franchi, on se demande quand cette montée en tension va s’arrêter. Elle ne s’arrêtera que le jour de notre victoire ; même dans le pire nous ne cesserons jamais de lutter. Aujourd’hui je pense à toutes celles et ceux qui n’ont pas la chance d’être du bon côté du deux poids deux mesures. Notre solidarité est pleine et entière et nous ne nous habituerons jamais. Soutien et solidarité à vous aussi.


 
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