L'université de tours s'engage contre les discriminations de genre

L’université François-Rabelais prend deux engagements pour les étudiants transgenre : elle officialise le prénom d’usage et ouvre des toilettes neutres.
Tout a commencé par cet étudiant de 1re année de psychologie venu frapper à la porte de la chargée de mission diversité, égalité et handicap, Concetta Pennuto, à la rentrée 2016. Inscrit sous un prénom féminin, il se fait appeler Charly, et vient de s'engager dans un parcours de réassignation de genre. « Je leur ai raconté mon histoire, mon parcours, et j'ai évoqué les problèmes que les étudiants trans rencontrent à la fac », explique ce jeune engagé.
" Même si ça ne concerne qu'un étudiant, c'est important "
Au quotidien, ce sont notamment la question du prénom et les toilettes genrées qui déroutent, voire blessent ces jeunes atteints de dysphorie de genre. « La fac est une période charnière, souligne Charly. On commence notre vie d'adulte, c'est important de se sentir respecter dans son identité. »
Engagé dans un traitement hormonal, attaché à son apparence désormais masculine, il doit régulièrement se justifier du décalage entre son apparence et son prénom officiel en attendant de pouvoir le modifier à l'état civil. « Vous imaginez comme cela peut être compliqué, pour un étudiant qui se fait appeler Jules et qui porte la moustache, quand un enseignant l'appelle Julie en faisant l'appel, ou qu'il doit montrer sa carte d'étudiant pour emprunter un livre à la bibliothèque ? », illustre Concetta Pennuto.
Le moment de choix du WC homme ou femme peut aussi être mortifiant pour « les étudiants qui ne se sentent pas d'un genre binaire », ajoute Charly. Ces questions, il a été invité à les expliquer longuement devant des représentants des universités de France pour la conférence permanente des vice-présidents à l'égalité, organisé à Tours en mars dernier. « On a découvert que c'était un problème sensible dans toutes les universités, mais que jusqu'ici, personne ne faisait rien », constate Concetta Pennuto.
L'université de Tours décide de s'emparer du sujet en s'appuyant sur la loi de 2016 contre les discriminations de genre. « Même si cela ne concernait qu'un seul étudiant, c'est important qu'il puisse poursuivre ses études dans les meilleures conditions, c'est une question d'égalité des chances », affirme la chargée de mission à l'égalité, fermement soutenue par le président de l'université Philippe Vendrix. A Tours, une dizaine d'étudiants seraient concernés.
Dès cette rentrée, le service de santé universitaire, la chargée de mission égalité ainsi qu'un étudiant relais « genre » deviennent des interlocuteurs identifiés. « Nous pouvons même accompagner ceux qui le souhaitent dans leurs démarches », assure Concetta Pennuto. Un repérage des toilettes qui peuvent être banalisées – non genrées – est lancé dans toutes les composantes. Le plus gros volet est administratif : une lettre type a été préparée, qui établit que « l'université reconnaît l'identité de genre et le prénom d'usage » de tel étudiant. Ainsi, les étudiants qui en font la demande peuvent utiliser leur prénom d'usage sur la carte d'étudiant et les listes d'appel en cours et aux examens. Si l'étudiant obtient un changement de prénom à l'état civil par la suite, celui inscrit sur son diplôme pourra être modifié a posteriori.
Pionnière en la matière, l'université François-Rabelais essaime déjà dans celles de Grenoble, de Rennes 2, d'Angers ou de Montpellier. « Un petit réseau s'active », se félicite Concetta Pennuto.
http://www.lanouvellerepublique.fr/...e-contre-les-discriminations-de-genre-3221261
 
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