La branche française de la puissante organisation anticorruption Transparency International (TI France) publie ce mercredi un rapport très critique sur l'état de la justice financière en France.
Ce document de 43 pages, rédigé par cinq spécialistes, dénonce - chiffres à l'appui - un "manque criant de moyens". Selon les auteurs, la police et la justice sont sous-équipées, leurs effectifs insuffisants et trop souvent inexpérimentés. "La lutte contre la grande corruption ne figure plus parmi les priorités", regrettent les enquêteurs, parmi lesquels l'ex-magistrate Catherine Pierce, qui eut à juger Alain Juppé à Nanterre à propos des emplois fictifs du RPR.
TI France reproche au pouvoir politique d'exercer des "pressions accrues" sur certains dossiers et d'avoir abusé du "secret défense" dans des affaires telles que les frégates de Taïwan ou l'attentat de Karachi.
L'organisation regrette aussi que la Cour de justice de la République, appelée à juger les ministres, se soit "très rarement illustrée par sa sévérité". Parmi ses propositions, citons la nomination, à la tête du parquet, d'une personnalité indépendante du pouvoir exécutif: le procureur général de la nation.
Interrogée par L'Express, Catherine Pierce revient sur certains points du rapport.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées au cours de cette enquête ?
L'accès aux chiffres a été très difficile, surtout au ministère de la Justice. Nous n'avons pas pu obtenir ceux que nous cherchions à propos des poursuites et des condamnations concernant les délits liés à la corruption. En fait, nous pensons tout simplement que ce chiffre n'existe pas, ce qui est révélateur de la situation actuelle.
Le manque de moyens relève-t-il d'un problème structurel de la justice et de la police en France ou s'agit-il, selon vous, d'une volonté politique liée à la nature très sensible de ces affaires ?
Selon nous, c'est une question de volonté politique. Alors que les années 90 avaient vu fleurir les affaires politico-financières, tout cela a nettement changé dans les années 2000. Ces affaires n'ont plus le vent en poupe.
Vous dénoncez également, dans le rapport, les "pressions accrues" du pouvoir politique...
Regardez ce qui s'est passé dans l'affaire Bettencourt, ou dans l'enquête sur l'attentat de Karachi. Au moins, les affaires que nous traitions à Nanterre ont pu être jugées. Maintenant, c'est plus difficile.
Selon votre enquête, la police et la justice manquent de spécialistes, capables de traiter de tels dossiers, techniquement complexes. Quels remèdes préconisez-vous ?
http://www.lexpress.fr/actualite/so...la-corruption-la-france-epinglee_1004862.html
Ce document de 43 pages, rédigé par cinq spécialistes, dénonce - chiffres à l'appui - un "manque criant de moyens". Selon les auteurs, la police et la justice sont sous-équipées, leurs effectifs insuffisants et trop souvent inexpérimentés. "La lutte contre la grande corruption ne figure plus parmi les priorités", regrettent les enquêteurs, parmi lesquels l'ex-magistrate Catherine Pierce, qui eut à juger Alain Juppé à Nanterre à propos des emplois fictifs du RPR.
TI France reproche au pouvoir politique d'exercer des "pressions accrues" sur certains dossiers et d'avoir abusé du "secret défense" dans des affaires telles que les frégates de Taïwan ou l'attentat de Karachi.
L'organisation regrette aussi que la Cour de justice de la République, appelée à juger les ministres, se soit "très rarement illustrée par sa sévérité". Parmi ses propositions, citons la nomination, à la tête du parquet, d'une personnalité indépendante du pouvoir exécutif: le procureur général de la nation.
Interrogée par L'Express, Catherine Pierce revient sur certains points du rapport.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées au cours de cette enquête ?
L'accès aux chiffres a été très difficile, surtout au ministère de la Justice. Nous n'avons pas pu obtenir ceux que nous cherchions à propos des poursuites et des condamnations concernant les délits liés à la corruption. En fait, nous pensons tout simplement que ce chiffre n'existe pas, ce qui est révélateur de la situation actuelle.
Le manque de moyens relève-t-il d'un problème structurel de la justice et de la police en France ou s'agit-il, selon vous, d'une volonté politique liée à la nature très sensible de ces affaires ?
Selon nous, c'est une question de volonté politique. Alors que les années 90 avaient vu fleurir les affaires politico-financières, tout cela a nettement changé dans les années 2000. Ces affaires n'ont plus le vent en poupe.
Vous dénoncez également, dans le rapport, les "pressions accrues" du pouvoir politique...
Regardez ce qui s'est passé dans l'affaire Bettencourt, ou dans l'enquête sur l'attentat de Karachi. Au moins, les affaires que nous traitions à Nanterre ont pu être jugées. Maintenant, c'est plus difficile.
Selon votre enquête, la police et la justice manquent de spécialistes, capables de traiter de tels dossiers, techniquement complexes. Quels remèdes préconisez-vous ?
http://www.lexpress.fr/actualite/so...la-corruption-la-france-epinglee_1004862.html