Lutte contre la corruption: pourquoi le maroc devrait s'inspirer de la slovaquie

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Jusqu'en 2010, la corruption du secteur public en Slovaquie était un problème majeur, spécialement dans la passation des marchés publics. En Janvier 2011, la Slovaquie a adopté de nouvelles lois rendant obligatoire la publication en ligne de tous documents d'achats (contrats, devis et reçus) avant tout paiement au fournisseur. Cette réforme a contribué à l'amélioration des comptes publics, à réduire drastiquement la corruption et à l'amélioration du climat des affaires. Quelles leçons pour le Maroc?

L'histoire de cette loi ambitieuse débute en 2005 avec une initiative locale dans une petite ville (Šaľa) de 25.000 habitants qui a ensuite pris une ampleur nationale. En 2005, un groupe de politiciens de la ville de Sala, frustrés du manque de transparence de leur maire dans la gestion et la passation des contrats publics, a commencé à publier les contrats publics sur leur site. Rapidement, ce groupe de politiciens a gagné en popularité dans la ville et remporté les élections municipales suivantes.

Plus au nord, dans la ville de Hrnčiar, le maire sentant sa réélection menacée a décidé de suivre le même mouvement en publiant lui aussi une copie de tous les contrats publics, avec leurs reçus. Le maire a été réélu haut la main. La machine était lancée, et de nombreux maires soucieux de conserver leurs municipalités ont adopté ces nouvelles mesures.

En 2011, le gouvernement a adopté une loi rendant obligatoire la publication de l'ensemble des contrats publics. Dans les années qui suivirent, deux millions de documents ont été publiés, et cette loi a été reconnue comme l'une des initiatives et des reformes de gouvernance les plus radicales dans le monde.

La loi a permis de réduire la corruption et de relancer l'économie en améliorant le climat des affaires. Cette loi a eu un impact important sur l'économie slovaque, en réduisant la corruption et la perception de la corruption par les acteurs et investisseurs internationaux ainsi que la création d'une nouvelle génération d'entrepreneurs plus confiants dans leur capacité à gagner des contrats publics. Elle a également permis de révéler un contrat de construction de 120 millions d'euros attribué illicitement par le ministre de la construction à un ami à lui, proche de son parti. La procédure a alors pu être annulée.

En Slovénie, une loi similaire a été adoptée en 2011 pour certains types de contrats publics, suivie par la république tchèque en 2015.

Quelle application pour le Maroc?

Comme la Slovaquie, la Slovénie ou la République Tchèque, le Maroc est gangrené par la corruption. Le précédent gouvernement a fait de la lutte contre la corruption l'une de ses priorités. Même si certaines initiatives ont été lancées, elles restent largement insuffisantes. L'index de la de la corruption de Transparency International indique d'ailleurs celle-ci a augmenté entre 2012 et 2015.
Afin d'améliorer la transparence, le Maroc devrait s'inspirer de l'expérience slovaque en lançant un projet pilote dans une ville ou une province. Afin également de limiter les blocages, et augmenter les chances de réussite de ce projet, il faudrait se concentrer d'abord sur un nombre de postes de dépenses sélectionnés représentant un pourcentage important du budget de fonctionnement, notamment les équipements ou les projets d'aménagements.

Le parti politique ou les élus, qui adopteraient ce type de mesures profiteraient d'un regain de popularité, ces sujets étant parmi les plus importants pour le citoyen marocain.


http://www.huffpostmaghreb.com/moha...ie_b_16012196.html?ncid=fcbklnkfrhpmg00000007
 
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