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Fruit de cinq années d’écriture, le roman Madame Bovary paraît en 1856 sous la plume de Gustave Flaubert. Au fil des décennies, son aura s’accroît, se densifie. Ici comme ailleurs, il fascine, dérange, séduit, si bien que le mythe qui enveloppe son héroïne, 160 ans après sa naissance, demeure aujourd’hui intact, inentamé, actuel. Pour ceux qui auraient séché les cours de français, rebutés par les 576 pages –en format poche– du récit, Emma Bovary est une jeune femme qui suffoque dans son carcan d’ennui. L’apathie de sa province, la médiocrité rémanente de son mariage avec le fadasse Charles et l’absence vertigineuse de perspectives sont autant de raisons qui la poussent à une fuite mentale quotidienne. Son credo? Les romans à l’eau de rose, qu’elle lit en se construisant une réalité parallèle, illusoire. En somme: un monde faussé, aux allures de bouclier, auquel elle croit dur comme fer.
En 1902, le sentiment d’insatisfaction qui habite ce personnage (pas si) fictif prend un nom: le bovarysme. Ce substantif, instauré par le philosophe français Jules de Gaultier, est défini comme suit: «faculté départie à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est décrit». Il symbolise également cet irrépressible besoin d’éluder le vrai en peinturlurant le faux. Le but étant de mieux épouser le destin, la fatalité, la finitude de l’existence et de ses composantes. Rien d’étonnant à ce que tous les arts, du théâtre à la peinture en passant par la télévision (Desperate Housewives en tête), se soient inspirés de cet état d’esprit. Surtout le cinéma, qui a fait renaître à dix-sept reprises le labeur de Flaubert. La réalisatrice Sophie Barthes est la dernière en date à avoir relevé ce pari fou, consciente que Madame Bovary a pu/su traverser les époques sans perdre de sa résonance, grâce notamment à sa force philosophique. «Elle représente une facette de notre inconscient collectif», confie l’intéressée, qui a offert le rôle principal de sa relecture –en salle depuis le 4 novembre– à la diaphane Mia Wasikowska.
Et de poursuivre: «Son spleen est très pascalien. Pascal affirme que le plus grand problème de l’homme moderne réside dans son incapacité à se confronter à lui-même. […] Il y a quelque chose de mystérieux et fascinant chez Emma, qui dépasse la simple incarnation de la condition des femmes au XIXe siècle. C’est là tout le génie de Flaubert. Il en a fait une sorte de Joconde: on la regarde de tous les côtés mais on ne la comprendra ni ne la saisira jamais complètement. Je pense qu’elle n’a pas su réaliser son “processus d’individuation”, en référence à Carl Jung, qui lui aurait permis de se connaître elle-même.»
Fruit de cinq années d’écriture, le roman Madame Bovary paraît en 1856 sous la plume de Gustave Flaubert. Au fil des décennies, son aura s’accroît, se densifie. Ici comme ailleurs, il fascine, dérange, séduit, si bien que le mythe qui enveloppe son héroïne, 160 ans après sa naissance, demeure aujourd’hui intact, inentamé, actuel. Pour ceux qui auraient séché les cours de français, rebutés par les 576 pages –en format poche– du récit, Emma Bovary est une jeune femme qui suffoque dans son carcan d’ennui. L’apathie de sa province, la médiocrité rémanente de son mariage avec le fadasse Charles et l’absence vertigineuse de perspectives sont autant de raisons qui la poussent à une fuite mentale quotidienne. Son credo? Les romans à l’eau de rose, qu’elle lit en se construisant une réalité parallèle, illusoire. En somme: un monde faussé, aux allures de bouclier, auquel elle croit dur comme fer.
En 1902, le sentiment d’insatisfaction qui habite ce personnage (pas si) fictif prend un nom: le bovarysme. Ce substantif, instauré par le philosophe français Jules de Gaultier, est défini comme suit: «faculté départie à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est décrit». Il symbolise également cet irrépressible besoin d’éluder le vrai en peinturlurant le faux. Le but étant de mieux épouser le destin, la fatalité, la finitude de l’existence et de ses composantes. Rien d’étonnant à ce que tous les arts, du théâtre à la peinture en passant par la télévision (Desperate Housewives en tête), se soient inspirés de cet état d’esprit. Surtout le cinéma, qui a fait renaître à dix-sept reprises le labeur de Flaubert. La réalisatrice Sophie Barthes est la dernière en date à avoir relevé ce pari fou, consciente que Madame Bovary a pu/su traverser les époques sans perdre de sa résonance, grâce notamment à sa force philosophique. «Elle représente une facette de notre inconscient collectif», confie l’intéressée, qui a offert le rôle principal de sa relecture –en salle depuis le 4 novembre– à la diaphane Mia Wasikowska.
Et de poursuivre: «Son spleen est très pascalien. Pascal affirme que le plus grand problème de l’homme moderne réside dans son incapacité à se confronter à lui-même. […] Il y a quelque chose de mystérieux et fascinant chez Emma, qui dépasse la simple incarnation de la condition des femmes au XIXe siècle. C’est là tout le génie de Flaubert. Il en a fait une sorte de Joconde: on la regarde de tous les côtés mais on ne la comprendra ni ne la saisira jamais complètement. Je pense qu’elle n’a pas su réaliser son “processus d’individuation”, en référence à Carl Jung, qui lui aurait permis de se connaître elle-même.»