Le Mahabharata

ahmed II

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Livres ancien sur l'Inde, les dieux et l'histoire, écrit sous forme poétique, le Mahabharata constitue l'oeuvre complète la plus ancienne, la plus intelligente et la plus longue qui ait jamais existée et qui est malheureusement méconnue ou négligée.

Je n’ai pas étudié le Mahabharata mais je l’ai lu et relu avec passion, ainsi que d’autres œuvres littéraires classiques de l’Inde, dont les Puranas. Comme je suis foncièrement positif, je suis convaincu, à parcourir tout ce qui s’écrit sur le sujet, que ma lecture naïve de ces textes, loin des travaux des académiciens, m’a rendu un grand service : j’ai exploré cette littérature de l’intérieur, accroché aux lèvres du narrateur pour ainsi dire.

Et pour mieux m’imprégner des histoires et des enseignements, j’ai voyagé dans toute l’Inde; j’ai fréquenté les gens des temples, les brahmanes, ainsi que les simples villageois et pris un grand intérêt à m’imprégner de leurs sentiments religieux. J’ai ainsi pu suivre mon propre chemin, ce qui me permet aujourd’hui, en ce milieu avancé de ma vie, de commenter ces ouvrages écrits par d’imminents érudits et que je présente à ma façon.

Pour en savoir plus, si vous êtes sur Facebook, vous pouvez lire ce que j'écris sur le sujet ici: http://www.facebook.com/mahabharata.enfrancais
 

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ahmed II

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L'avènement de Bhisma
Dans la dynastie qui remonte au dieu du soleil, Vivasvan, il y avait un roi du nom de Mahabisha qui régna sur la terre. Il n'y avait pas d'homme plus droit que lui. Le peuple en était fier. C'était un héros. De plus, il avait accompli cent sacrifices du cheval, ce qui était considéré par les personnalités distinguées comme un exploit extraordinaire digne du respect des dieux. A sa mort, il atteint les planètes édéniques où il y vécut et jouit des délices de ces lieux.

Un jour, tandis que le roi Mahabisha assistait à une grande célébration en l'honneur de Brahma, le dieu créateur de l'univers dans lequel nous vivons (et pas un autre, car il en existe une multitude) un incident se produisit. Quand ce fut le tour de Ganga, la déesse du Gange, d'adorer le créateur de l’univers, Brahma, elle s'approcha de lui*; la brise qui soufflait alors écarta un pan de son vêtement et lui découvrit ses jambes. Les invités baissèrent les yeux mais Mahabisha n'eut pas ce réflexe, volontairement. Ses yeux pleins de concupiscence dévoraient sa nudité. La scène n'échappa pas à Brahma et il punit l'audacieux pour son irrévérence: «*Indécent personnage, lui lança-t-il. Tu mérites une leçon pour ton attitude grossière devant cette noble assemblée. Pour ton châtiment, je t'envoie prendre naissance sur terre. Ganga aussi y naîtra. Vous vous rencontrerez, puisque tel est ton désir, et elle te fera souffrir par son comportement. Toi, par amour, tu subiras tous les torts jusqu'au jour où tu perdras patience. A ce moment là, tu seras délivré de ma malédiction. Après avoir réfléchi sur son destin malencontreux, Mahabisha désira naître comme le fils du puissant roi Pratipha.
 

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ahmed II

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Ganga fut malheureusement liée à ce sort. Toutefois, ce charmant personnage qu’était Mahabisha lui inspirait de bonnes années en perspective. Elle profiterait donc de ce séjour sur terre, sans y trainer*puisqu’elle n’avait pas le choix. La terre, à ce moment-là, n'était pas ce qu'elle deviendra quelques siècles plus tard et ses problèmes n’iront qu’en empirant. Sous l’effet de l’évolution ou de la dévolution, du kali-yuga, les êtres diminueront de taille, la diversité et la qualité des espèces végétales et minérales se détériorons jusqu’à fondre comme neige sous soleil, et les humains, laissés à eux-mêmes, à leur individualité, au matérialisme et à la guerre, sous l’effet du temps, force abstraite et éternelle, qu’aucune arme, aucune technologie ne peut arrêter, pollueront la vie, les mœurs et la nature.

En image, un méduse géante, vestige des espèces d'autrefois.
 

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ahmed II

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Ma grande passion c’est l’Inde ancienne. Très ancienne, du temps où les animaux parlaient aux humains (la formule exacte, qui est considérée vieillie, est : Au temps ou du temps que les bêtes parlaient).

Je suis particulièrement attiré par le Mahabharata dont je possède plusieurs versions sérieuses en anglais et en français et dans lesquelles je me plonge lorsque le monde me pèse ou que le bla bla bla des intellectuels commence à m’ennuyer au point de frôler la déprime. C’est au cœur du Mahabharata que l’on retrouve la Bhagavad-gita, l’équivalent hindou de la Bible ou du Coran, mais franchement plus spirituelle.

Or je constate qu’ils sont très rares ceux qui savent en quoi consiste ce monument exceptionnel et unique de la littérature. Même les gens cultivés n’en savent rien ou très peu. Ce n’est plus une énigme pour moi que cette ignorance au sujet d’une œuvre incontournable pour la connaissance et le progrès. Mais chaque fois que je suis confronté à cette réalité, comme par exemple lorsque je m’adresse à un bibliothécaire ou à un libraire, et qu’ils ne savent rien à son sujet, sinon qu’ils ont vaguement entendu ou lu le titre quelque part, alors mon cœur s’assombrit dû à la tristesse que me cause cette constatation. Celle qui condamne l’humanité, comme un déterminisme absurde, à ne pas quitter la sombre caverne dont Platon nous avait décrit les chaines auxquelles les hommes et les femmes sont attachées, par leur propre volonté et non par fatalisme.
 

ahmed II

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Je ne parle pas le sanskrit. Personne ne le parle, sauf des spécialistes et des brahmanas érudits. Mais on ne parle pas sanskrit sur le coin du table ou pour discuter.
Par contre, je peux lire le sanskrit, mais encore là ça ne veut pas dire grand-chose.
Quand j'étais jeune, je pouvais le comprendre quand c'était du vieux sanskrit, parce que je l'ai appris grosso modo en déchiffrant les textes. Tout comme je l'ai fait pour l'anglais. Mais quand on parle sanskrit à partir de vieux textes, comme les Upanishads, les Puranas ou le Mahabharata, alors je sais de quoi il parle. Puis comme je vais de moins en moins en Inde et que la mémoire s'efface, alors c'est devenu une langue morte.
J'espère avoir répondu à ta question...
 
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Je ne parle pas le sanskrit. Personne ne le parle, sauf des spécialistes et des brahmanas érudits. Mais on ne parle pas sanskrit sur le coin du table ou pour discuter.
Par contre, je peux lire le sanskrit, mais encore là ça ne veut pas dire grand-chose.
Quand j'étais jeune, je pouvais le comprendre quand c'était du vieux sanskrit, parce que je l'ai appris grosso modo en déchiffrant les textes. Tout comme je l'ai fait pour l'anglais. Mais quand on parle sanskrit à partir de vieux textes, comme les Upanishads, les Puranas ou le Mahabharata, alors je sais de quoi il parle. Puis comme je vais de moins en moins en Inde et que la mémoire s'efface, alors c'est devenu une langue morte.
J'espère avoir répondu à ta question...

C'est juste que j'avais acheté un livre (de la méthode assimil) pour l'apprendre et même deux livres deux grammaires (en anglais) car je suis intéressée par cette langue "morte". Je voulais savoir si tu le comprenais juste pour avoir ton expérience (éventuelle) comme un élément de comparaison.

Merci pour ces infos! :cool:

Et tu es hindou?
 

ahmed II

Sweet & Sour
Ce matin, je lis le Mahabharata de Madeleine Biardeau. Elle est complètement à côté de la plaque mais, paradoxalement, elle raconte beaucoup de choses intéressantes. Elle me permet surtout de réfléchir d'une autre façon à cette histoire, à Dieu et aux hommes. Cela me donne aussi une vision unique de l'histoire du monde et de l'humanité.

(Cela me permet par exemple de faire des gorges chaudes lorsque l'on me parle de l'évolution de l'homme à la Darwin. Curieusement les darwiniens sont contre les créationnistes mais ils appellent leur théorie "la Sélection naturelle" !?! N'y a-t-il pas dans cette main invisible et naturelle qui sélectionne une grossière ressemblance avec le fameux Dessein Intelligent des créationnistes ?)

Ce matin, c'était à propos de Nara-Narayana, deux figures spéciales et divines, des Avatars. Narayana étant Dieu et Nara (qui veut aussi dire "homme" est son compagnon éternel. Dans le cadre du Mahabharata leur statut est transposé à celui de Krishna et d'Arjuna, que l'on retrouve spécifiquement dans la Bhagavad-gita.

Ces Dieux ont un temple des plus fameux en Inde, à Badrinath, dans les Himalayas. Je n'y suis jamais allé parce que la moitié de l'année l'endroit est inaccessible à cause de la neige et du froid. (photo) C'est un des principaux lieu de pèlerinage.

Et lorsque l'on parle de ces Dieux, on fait également référence à l'analogie des deux oiseaux que l'on retrouve dans la Katha Upanishad. Traduction de Biardeau: "Deux oiseaux, une paire d'amis, perchent sur le même arbre. L'un d'eux mange la douce figue du pippal, l'autre, sans manger, regarde."

L'explication qu'elle en donne est spéculative et provient d'une perspective athée, ce qu'elle est, mais les écritures et les maîtres vaisnavas, c.à.d les adorateurs de Vishnou, l'expliquent ainsi:

Dans le cœur il y a Paramatma (Dieu) et l'âme individuelle. Cette dernière jouit de la vie sans se préoccuper de l'Âme suprême qui la regarde faire, détachée de ce plaisir. Il attend que l'autre cesse son absorption jouissive dans la recherche des plaisirs matériels pour se tourner vers lui et tendre vers une autre réalité, spirituelle.

(@misszara88 , non je ne suis pas hindou, je suis algérien...)

PS. Sur l'image, à la fonte des neiges, l'eau du Gange monte jusqu'au pied des habitations
 

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ahmed II

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La différence entre le Mahabharata et les autres Écrits à caractère religieux à travers le monde, c’est qu’il se présente comme un long fleuve explicatif et exhaustif (le plus long livre jamais écrit, de surcroît par un même auteur); le Mahabharata ne décrit pas les choses de la vie en deux mots. La vérité concernant le fonctionnement du monde n’est pas un produit de consommation rapide. Seul, celui qui est déterminé et sérieux peut s’engager à le lire avec profit tellement il est profond, comme l’existence. Et de tels individus sont rares.* Ce qui nous fait énoncer cette règle plus générale et universelle : l’ignorance et le mal qui affligent l’humanité ne sont pas dus à une information sur la vérité qui serait indisponible, non, ils sont dus à un manque de volonté pour la connaissance.

* « Parmi des milliers d’hommes, un seul, peut-être, recherchera la perfection, et parmi ceux qui l’atteignent, rare celui qui Me connaît en vérité. » Le Mahabharata et la Bhagavad-gita.
 

ahmed II

Sweet & Sour
Une vue à long terme
La naissance du Mahabharata, c’est aussi la naissance du grand sage Vyasa.
Car c’est lui qui éditera et diffusera les quatre Védas -et, le « cinquième », formule
consacrée : le Mahabharata. Donc, il est égal en importance aux Védas mais a
l’avantage d’être plus facile à comprendre et à lire.

À l’origine, les Védas ne forment qu’une seule œuvre. C’est avec le temps et la
dégradation de la vie -de l’âge d’or au kali-yuga- que Vyasa décide de les simplifier
jusqu’à expliquer le dharma, la religion, le devoir des hommes et la raison d’être
de ce monde par ce long poème qu’est le Mahabharata. Des milliers d’années plus
tard, cette œuvre est encore lue avec délectation par les gens qui savent apprécier
sa valeur exceptionnelle.
 

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ahmed II

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C'était aux prémisses de l'humanité.

Je dois dire en nota bene et à propos de l'image précédente, que Vyasa n'est pas le premier poète, mais c'est plutôt l'auteur du Ramayana, Valmiki,. Bien que cela soit contesté (stupidement par des indianistes et consorts), ce récit date d'avant le Mahabharata et l'écriture est plus raffinée.
 

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ahmed II

Sweet & Sour
Une opinion qui fait figure de vérité
« Il faut tenir grand compte de la pensée socratique, qui cherche le vrai au-delà de l’imagerie olympienne, qui juge selon la conscience, démêle le bien de l’utile, guide la science entre deux abîmes, la métaphysique et le pragmatisme, enfin selon mon opinion pense l’esprit, pour la première fois, sans en rester stupide. » Alain

La stupidité en l’occurrence c’est d’être philosophe et de faire fi de la plus grande pensée jamais produite par l’humanité, et, cela, bien avant Socrate, des milliers d’années avant que les Grecs ne se mettent à réfléchir comme des gens civilisés. Un exemple trivial concernant cet auteur, Alain, c’est qu’il critique les castes -comme tous le font- sans jamais avoir étudié ce système sérieusement, c’est-à-dire selon le contexte, l’histoire et la science. Même à l’époque de Socrate, le système des castes, comme on le nomme avec une connotation infamante, était encore bien plus efficace que la soi-disant démocratie que ce dernier promulguait et qu’aujourd’hui, bizarrement, on porte aux nues. Si on se penchait sérieusement sur la question, sur la manière dont Socrate envisageait le vivre ensemble, les cheveux nous dresseraient sur la tête tellement le racisme et l’injustice sociale étaient à couper au couteau.

La vérité c’est que bien avant tout le monde, l’Inde adorait Dieu en tant que personne suprême, alors que l’on déploie toutes les ressources intellectuelles pour faire passer cette pensée pour invraisemblable et stupide. Et les religieux comme Alain, paradoxalement, n’échappent pas à cette diabolisation. Voici une autre opinion, respectueuse et qui tient mieux la route ; elle est de la plume de Dominique Wohlschlag, un intellectuel passionné du Mahabharata,: « L’épopée entière et surtout, au cœur de celle-ci, le dialogue de la Bhagavad-gita dans lequel Krishna vainc le désespoir d’Arjuna et l’exhorte à combattre et bel et bien à l’origine de la bhakti, de la dévotion à une personne divine dans laquelle le dévot reconnaît Dieu Lui-même. » Cité dans Les Clés pour le Mahabharata.
 

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AncienMembre

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(@misszara88 , non je ne suis pas hindou, je suis algérien...)

Je le sais (enfin, je l'ai deviné et ne me demande pas comment,lol), je ne parlais pas de la nationalité sinon je t'aurais demandé si tu étais indien. :p

Je parlais de la religion mais si la question est trop indiscrète , ne te sens pas obligé de me répondre. :)
 
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AncienMembre

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@ahmed II , le Bhagavad Gita parle d'un seul dieu (Krishna) et pourtant, il n'exclue pas d'autres dieux.

Des fois, je me demande si l'hindouisme est vraiment une religion polythéiste mais quand on parle de "dieux", je ne comprends plus rien... :claque:
 

ahmed II

Sweet & Sour
Bonjour misszara, il ne faut pas t'en faire, tu n'es pas seul. Même en Inde, les milliers de visiteurs occidentaux n'y comprennent rien. Je pense que c'est dû au conditionnement du mental qui ne peut pas quitter le paradigme monothéiste. Il faut vraiment s'intéresser aux textes sacrés pour y voir clair. C'est comme toute chose de compliquée.
Je ne comprends pas ce que tu veux dire par hindouiste. Je ne suis pas religieux par tempérament. Quelqu'un a posté une vidéo sur les Krishnas, de ce que je vois. J'adore. Mais je suis un anarchiste, j'ai du mal avec les institutions, encore plus les sectes. À Montréal, il y a un temple, mais il est très loin. J'y vais une ou deux fois par an, pour les fêtes. J'adore leur cuisine.
Plus jeune, en Inde, ma femme et moi on se faisait passer pour des hindouistes ce qui fait que nous avons pu entrer dans de nombreux temples interdits aux Occidentaux.

J'espère avoir répondu à tes questions. Plus tard, peut-être, je te répondrai encore à ce sujet... je dois partir.
 

ahmed II

Sweet & Sour
128157 https://www.relay.com/Covers/FicheProduit/78666.jpg

« Comment s’assurer qu’une information traversera les millénaires sans s’effacer et pourra être lu ? Que l’humanité en gardera la mémoire intacte quoi qu’il arrive ? Telle est la question que s’est posée un comité scientifique…»

Je lis cela dans Science & Vie, un hors-série sur La mémoire, ses secrets, ses troubles. 135 pages qui traitent de la mémoire sous tous ses aspects sauf … Comme dit un proverbe africain : si tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens.

Eux, les rédacteurs, ne se sont pas posé la question, car la réponse, dans leurs cas, n’est pas pertinente : les hommes préhistoriques ou leurs ancêtres du néolithique étaient quasi ignorants.

128158 http://www.scienceshumaines.com/pics_bdd/images/14125879902_SH264_258.jpg

Dans Sciences Humaines, c’est de la même eau. On nous dit que « La mémoire est notre faculté la plus précieuse. Sans elle, pas d’apprentissage, pas d’imaginaire, pas d’identité. Sans mémoire nous ne sommes rien. »

Si on suit leur raisonnement, ou leur science, avant, du temps préhistorique, les hommes n’étaient rien. Rien dans le sens qu’ils n’étaient pas évolués comme nous le sommes. Tous les chemises blanches, en cravates, qui enseignent et soufflent le chaud et le froid sur la culture et les sciences, vous diront que nous sommes la fleur de l’évolution. Et ils vous citent Darwin, fièrement. Et ils en rajoutent : « Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des arriérés ! Ils ne comprennent rien aux sciences. »

« Une science de la mémoire est en train de voir le jour, passionnante. » C’est écrit noir sur blanc. « Et c’est là que les sciences humaines ont leur mot à dire. (…) Elles nous invitent à réfléchir à la juste place à accorder au passé dans nos vies personnelles. »

Moi, je lis des choses pareilles et je n’en reviens pas ! J’ai l’impression de ne pas vivre sur la même planète. Et tout le monde trouve ces inepties de la plus haute intelligence !?

Dans ces deux magazines, qui ont décidé de nous instruire sur la mémoire, aucun ne mentionne que les anciens étaient très intelligents. Et qu’ils possédaient une incroyable mémoire. Les deux vont ensemble. À aucun moment ces magazines ne nous ont invités à réfléchir sur ces hommes qui transmettaient des quantités prodigieuses de connaissances alors que l’écriture n’existait pas encore. Peut-être n’en avait-il pas besoin… Mais cela on ne le sait pas, car pas un mot nous a été dit sur la mémoire des anciens.

Je vais le faire pour ceux qui me lisent, des fois que ça leur rapporte des lumières… Mais j’avoue, face à Science & Vie ou Sciences Humaines, je ne pèse pas lourd. ( Et c’est quelqu’un, il n’y a pas longtemps, qui me disait que je n’avais pas d’humour, que j’étais trop grave ! )

Le Mahabharata a existé avant d’être écrit, il était transmis oralement. Ceux qui s’adonnaient à cette transmission connaissaient en outre, sur le bout des doigts, une bonne partie des Védas et autres littératures. Ce qui était considérable. Le Mahabharata était composé de 90 000 à 120 000 strophes en sanskrit. Sanskrit veut dire parfait, c’est-à-dire qui suit toutes les règles de la grammaire telles qu’enseignées par les maîtres. Ces maîtres avaient vécu, pour la plupart, bien longtemps avant, très longtemps. (C’est beaucoup plus tard que le fameux grammairien Panini fixera définitivement le sanskrit tel que nous le connaissons.) L’essentiel de l’épopée, si on le transposait en prose, ferait 10 000 pages. Cela correspondrait à huit fois L’Iliade et l’Odyssée réunies ou trois fois et demi la Bible ! Et en plus, il y a un appendice, le Harivamsa, ou la généalogie de Hari, Hari étant un autre nom de Krishna. Dans cette longue partie, la naissance et l’enfance de Krishna y sont décrites.

Avez-vous déjà essayé d’apprendre des règles de grammaire ou de faire de la poésie mentalement ? Car le Mahabharata a été écrit en vers. Pensez-vous sérieusement que l’on puisse étudier un sujet, en l’occurrence la mémoire, sans se pencher sur ce qui permettait aux anciens de pouvoir penser sans l’aide des livres ? Si un jour vous voulez vraiment faire de la philosophie ou de la science humaine, alors méditez sur ce problème. Comme on dit en anglais, food for thought.

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ahmed II

Sweet & Sour
Préface à la Bhagavad-gita d’Émile Burnouf
Je vous donne là simplement le premier paragraphe mais si vous suivez le lien ci-dessous, vous aurez accès à tout son contenu. Burnouf était un helléniste et indianiste français qui publia sa version de la Bhagavad-gita en 1861. (La Bhagavad-gita constitue une chapitre du Mahabharata.)

« Ce livre est probablement le plu beau qui soit sorti de la main des hommes. Jamais on n’a énoncé avec plus de force l’Unité du principe absolu des choses, essence et point culminant de la philosophie indienne. De là découle une morale qu’on n’a point surpassée, morale non seulement théorique, mais pratique par excellence, unissant les plus nobles affections de la nature humaine à la loi stoïque du désintéressement. Il faut lire ce petit livre et s’en nourrir. Nous en avons le plus grand besoin. »

Pour lire toute la Préface : http://classiques.uqac.ca/classiques/inde/bhagavad-gita/bhagavad-gita.pdf
 

ahmed II

Sweet & Sour
« Le livre s’est révélé être l’une des inventions les plus utiles, les plus évolutives et les plus durables de l’histoire. »

C’es ainsi que débute la préface de ce livre où rien n’est dit à propos du Mahabharata. Et l’auteur de continuer ainsi : « Il est difficile d’imaginer comment certains grands tournants de l’histoire occidentale auraient pu s’accomplir sans lui. »

Effectivement, les Européens réalisèrent assez tardivement dans l’histoire, faut-il préciser, que les Hindous possédaient un savoir linguistique phénoménal, le sanskrit. Ils en furent si impressionnés qu’ils inventèrent un néologisme, Indo-européen, pour décrire son importance et l’influence qu’eut cette langue sur une bonne partie de la planète, incluant donc l’Europe. Malheureusement cette prise de conscience fut altérée par l'incompréhension et l’altération du symbole de la croix gammée et du concept d’aryen. Aujourd’hui, ils sont rares les historiens ou les érudits qui font place dans leurs explications, notamment dans leurs livres, du dynamisme de la culture hindoue, particulièrement en ce qui concerne l’invention de l’écriture et le contenu extraordinaire des textes. C'est comme si on se mettait la tête dans le sable.
 

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ahmed II

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Quand Narada, le premier d’entre les rishis, fait son apparition, on a raison de s’inquiéter pour l’avenir; il apporte le plus souvent avec lui de mauvaises nouvelles ou, pire, il prévient les protagonistes de malheurs à venir comme pour accentuer ou précipiter la tragédie. Cependant, même s’il connait le passé, le présent et le futur, il ne change rien au destin; il ne fait que colporter l’information. Puis il disparaît comme il est apparut, sans prévenir.
 

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AncienMembre

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Juste pour dire que j'ai enfin le premier livre.., il y a presque 600 pages à lire et ce n'est que le touuuut début,lol! :D

La traduction intégrale est contenu dans 18 livres de ce format... eh ben bravo de l'avoir tout lu! :cool:
 

ahmed II

Sweet & Sour
Christine Bénévent, qui succède à Annie Charon à la chaire d’Histoire du livre et de bibliographie de l'École, donne son cours inaugural intitulé "Histoire du livre, histoires de livres". Je lui réponds :

Pour mieux appréhender la conception du livre et sa raison d'être, c'est-à-dire la transmission d'un message sur un support et non plus par voie orale, nous avons tout intérêt à nous délester des dogmes nous empêchant d'approfondir le sujet en l'ouvrant sur un plan plus large et universel. On constatera alors qu'il n'y a jamais eu d'invention de l'écriture. Car celle-ci est un phénomène aussi banal que penser, calculer ou dessiner. On réalisera par conséquent qu'écrire, comme disait Platon, est un sous-produit de la mémoire devenant défectueuse. C'est à partir de ce point qu'il faut partir si l'on veut rester objectif et progressiste lorsqu'on fait une histoire du livre.
 

ahmed II

Sweet & Sour
130625

Les frères Pandava sont unis comme les cinq doigts de la main, et cela jusqu’à la mort. Sur cette image, on les voit renoncer au monde et s’en aller dans les Himalaya. Ils sont d’autant plus remarquables dans leur fidélité à leur frère ainé qu’ils ont, exceptionnellement, une femme pour les cinq. Mais jamais Draupadi ne sera un prétexte de conflit entre eux tellement ils se respectent et respectent leur mère, Kunti. C’est d’ailleurs elle qui leur a dit, dans un moment d’inattention, alors qu’elle croyait que son fils, Arjuna, parlait tout simplement d’un cadeau qu’il ramenait à la maison, de le partager entre eux. Comme la parole d’une mère est sacrée, le frère ainé a décidé qu’il en serait ainsi.
 

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Bonjour misszara, il ne faut pas t'en faire, tu n'es pas seul. Même en Inde, les milliers de visiteurs occidentaux n'y comprennent rien. Je pense que c'est dû au conditionnement du mental qui ne peut pas quitter le paradigme monothéiste. Il faut vraiment s'intéresser aux textes sacrés pour y voir clair. C'est comme toute chose de compliquée.
Je ne comprends pas ce que tu veux dire par hindouiste. Je ne suis pas religieux par tempérament. Quelqu'un a posté une vidéo sur les Krishnas, de ce que je vois. J'adore. Mais je suis un anarchiste, j'ai du mal avec les institutions, encore plus les sectes. À Montréal, il y a un temple, mais il est très loin. J'y vais une ou deux fois par an, pour les fêtes. J'adore leur cuisine.
Plus jeune, en Inde, ma femme et moi on se faisait passer pour des hindouistes ce qui fait que nous avons pu entrer dans de nombreux temples interdits aux Occidentaux.

J'espère avoir répondu à tes questions. Plus tard, peut-être, je te répondrai encore à ce sujet... je dois partir.

Je comprends que ce soit compliqué et j'ai lu cet article:
http://www.huffingtonpost.com/arvind-sharma/is-hinduism-a-pagan-relig_b_1245373.html

Ça m'a aidé un peu à comprendre mais j'avoue que mon conditionnement culturel ne me permet pas encore de comprendre cela à 100%...
 

ahmed II

Sweet & Sour
Si cela t'a aidé à comprendre qqch, ce n'est certainement pas en phase avec le Mahabharata et la littérature des Purana.
Personnellement, quand je lis des trucs de ce genre, je me dis que c'est du charabia: jamais on ne peut comprendre ce que sont les religions hindoues, du moins pas dans leur authenticité. C'est comme si tu demandais à un athée de t'expliquer le Coran :defonce:
 

ahmed II

Sweet & Sour
Ah, les Krishnas, j'ai vu un clip d'eux dernièrement qu'il faudrait que je retrouve... Si tu trouves un livre d'eux, tu comprendras bien mieux ce qu'est la religion que ce qu'écrit Klaus K. Klostermaier dans ce papier et sur la spiritualité hindoue en général.
 

ahmed II

Sweet & Sour
Il faut garder à l’esprit que cette œuvre géniale, le Mahabharata, dont la date de la rédaction reste incertaine pour les savants, l’évaluant arbitrairement autour des premiers siècles avant notre ère, mais qui, selon Vyasa, son auteur, a été rédigé après le départ de Krishna et de la dynastie des Yadu, c’est-à-dire 3000 ans avant J.-C., Bouddha étant apparu quelques siècles encore après, ne traite pas uniquement de cette époque, que ce soit 3000 mille ans ou quatre siècles avant J.-C., mais d’événements beaucoup plus lointains dans le temps. Dans ce sens, ce document, littéraire de surcroît, est un outil et une référence extraordinaires, irremplaçables et incontournables pour les historiens et les scientifiques de toutes sortes dignes de ce nom. Ce ne sont pas eux qui peuvent en bénéficier le plus, mais le peuple, si celui-ci n’était pas aussi dépendant de l’autorité scientifique qui ne fait que le rouler dans la farine. Le Mahabharata a été écrit pour le peuple, c’est tout le sens de cette œuvre, et non plus pour les brahmanas et les ksatriyas uniquement.
 

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