Des mannequins affirment que testino et weber les ont sexuellement exploités

Terminé l’impunité. Dans le milieu de la mode, les hommes puissants, comme les couturiers, les photographes, les patrons d’agences ont pendant longtemps pu profiter de leur pouvoir, pour assouvir leurs perversions dans le cadre professionnel. A l’instar de Terry Richardson, nombreux ont été les photographes régulièrement accusés de harcèlement sexuel, qui ont travaillé pendant des décennies sans être inquiétés. Pendant ce temps, leurs victimes se taisaient et « se débrouillaient » comme le dit si malencontreusement Christine Angot. Mais l’omerta n’est plus. Comme en fleuve en pleine cru, le courant de dénonciations, qui fait suite l’affaire Weinstein, déborde sur tous les milieux.
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Mario Testino, 64 ans et Bruce Weber, 71 ans, photographe de la famille royale pour l’un et de Dior ou Calvin Klein pour l’autres ont été accusés d’abus de pouvoir et d’harcèlement sexuel par une vintaine d’hommes dans les colonnnes du NY Times. Journal qui fait un travail d’investigation formidable depuis plusieurs mois sur ces affaires de harcèlement et à qui l’on doit de nombreuses révélations sur l’affaire Weinstein. A la suite de ces accusations, les magazines Vogue et GQ ont suspendu leur collaboration avec les deux pointures de la photo de mode. Le mannequin Christopher Cates, 33 ans, appelle les victimes de harcèlement à se faire connaitre sur les réseaux sociaux. lancé le mot clé #MenToo.
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Shootings dénudés obligatoires
15 mannequins masculins qui ont travaillé avec Weber pour des campagnes de publicité pour Calvin Klein ou Abercrombie ont dénoncé une nudité inutile et un comportement sexuel coercitif pendant les séances photos. Le rituel était souvent le même. Bruce Weber leur demandait de se déshabiller et de respirer en se touchant le corps ainsi que le sien pour « faire circuler l’énergie ».
« Je me souviens de lui mettant ses doigts dans ma bouche et m’attrapant le parties intimes » déclare le mannequin Robyn Sinclair au NY Times. « Nous n’avons jamais eu de relation sexuelle, mais beaucoup de choses sont arrivées. Beaucoup de gestes déplacés et de brutalité ».
Ce sont 13 hommes, assistants et modèles, qui dénoncent les agissements de Mario Testino dans les années 90 : des masturbations, des avances sexuelles et des gestes déplacés. Les représentants du photographe affirment qu’ils sont surpris par ces allégations.
Le cabinet Lavely & Singer en charge de la défense des droits de Mario Testino met en cause la personnalité des plaigants et dit avoir écrit à d’anciens employés pour contredire ces propos.
Abus de pouvoir
« Dans le milieu de la mode, les jeunes mannequins hommes sont très vulnérables. Ils sont moins respectés et exploités » témoigne Trish Goff, un ancien modèle.
« On était averti lorsqu’un photographe avait une réputation déviante. Mais si on refusait de travailler avec quelqu’un comme Mario Testino ou Bruce Weber, il fallait juste ranger ses affaires et chercher un autre job ».
« Si vous vouliez travailler avec Testino, il fallait passer par une séance de photos nus à l’hôtel Château Marmont de Los Angeles », dénonce Jason Fedele, qui a fait avec lui les publicités Gucci. « C’était un prédateur sexuel » dit Ryan Locke qui a succédé à Jason Fedele pour Gucci. « Tous les modèles te disaient de bien serrer ta ceinture si tu bossais avec lui. C’était la blague d’usage. Un jour pour la campagne de Gucci, il a fermé la porte, a rampé sur le lit alors que j’étais nu, il est monté sur moi en disant je suis la fille tu es le garçon. J’ai jeté la serviette pris mes affaires et je suis parti ».
Des responsabilités partagées
Alerté, Tom Ford, le DA de Gucci à l’époque, a soutenu le photographe. D’anciens employés affirment que Testino avait un faible pour les hétérosexuels et qu’il faisait des avances de plus en plus agressives. Calvin Klein qui vend une image hypersexuelle de sa marque avec l’aide de Bruce Weber, a récemment affirmé au Times : « Je prends des images comme je l’ai toujours fait, en écoutant mon cœur ». « Nous vendons du sexe » ajoute Tom Ford.
A partir de là, chacun se rejette la pierre. Les marques affirment que c’est aux agences de protéger ler modèle. Les agences renvoient la balle aux marques.
Comme à Hollywood ses affaires ont été ébruitées de temps à autre au cours des dernières décennies avec très peu d’effets. Le système semble avoir été plus prompt à préserver son image de perfection que de faire le ménage parmi ses mauvais acteurs. Le photographe Terry Richardson, après avoir été accusé de viol dans un documentaire, à continuer à travailler pour des marques de luxe de premier plan et des superstars comme Beyoncé. Mais la dénonciation des agissements de Weinstein a complètement changé le paysage.
leparisien.fr
 
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