didadoune
VIB
ÉCONOMIE - Le torchon brûle entre le ministère de l'Intérieur et la Fédération des BTP. En cause, les dérives dans les marchés d'appels d'offres lancés par les communes, les régions et les collectivités territoriales. Les opérateurs dans ce secteur crient à la discrimination dans la procédure de passation de ces marchés, et appellent, entre autres, à l'application de la préférence nationale réservant 15% des marchés publics aux PME nationales.
Une revendication qui pourrait sembler a priori légitime, mais c'est loin d'être le cas! La préférence nationale étant présentée comme facilitant l'accès des PME marocaines aux marchés publics. Mais dans les faits, c'est une mesure en trompe l'œil car, comme il n'y a pas d'obligation d'application pour les entités publiques, celles-ci utilisent des subterfuges pour exclure les PME marocaines. Ces dernières qui reprochent à l'Etat de bafouer leur droit, seront-elles prêtes, elles-mêmes, à accorder la préférence nationale aux fournisseurs nationaux?
D'avance vous connaissez la réponse: dans la pratique, chaque entreprise cherche le meilleur rapport qualité-prix peu importe la nationalité du fournisseur.
D'aucuns me rétorqueront: "mais face à la concurrence étrangère impitoyable, la préférence nationale permettra aux PME nationales de grandir et de devenir plus compétitives".
Malheureusement, quand les entreprises sont protégées, quand elles ont la garantie d'avoir un marché, elles perdent toute incitation à se remettre en cause, à faire des efforts pour proposer à leurs clients des biens et services de meilleure qualité et bon marché.
Au contraire, elles se complaisent dans leurs situations de rente et rechignent à sortir de leur zone de confort. Avec la préférence nationale, on ne fera que décourager des entreprises assistées à aller vers l'autonomie et la compétitivité. D'autres persisteront: "mais quand même, nous devrons aider nos PME nationales car au moins elles payent des impôts". Soit! Mais, l'impôt est la contrepartie payée en échange des services et infrastructures publiques, et non pas la contrepartie de marchés à s'adjuger.
Sinon toutes les entreprises marocaines qui payent des impôts devraient réclamer en contrepartie que les consommateurs marocains achètent leurs produits. Cela impliquera, d'une part, si l'on généralise le raisonnement, que l'on instaure des quotas pour les fournisseurs marocains dans tous les marchés, ce qui revient à fermer l'économie marocaine. Et d'autre part, décourager les investisseurs étrangers et les financements internationaux, puisque les bailleurs de fonds refuseront que des conditions comme la préférence nationale figurent dans les appels d'offre publics.
Quant à la sauvegarde de l'intérêt général, entendons-nous bien: en garantissant des quotas à des entreprises, sans qu'elles soient assez compétitives pour le mériter, on ne fera que renchérir les coûts des commandes publiques. Autrement dit, on dépensera plus que ce qui est nécessaire, aggravant ainsi le déficit public et commercial.
Cerise sur le gâteau, la qualité sera médiocre au regard du manque de suivi et de reddition des comptes. Dès lors, on va dilapider l'argent des contribuables: est-ce vraiment de l'intérêt général?
Enfin, quant à l'argument: "d'autres pays l'ont fait, notamment les Etats-Unis", il n'y a pas de preuves empiriques de l'efficacité de ce type de mesures ciblées pour favoriser l'accès des PME à la commande publique. À l'inverse, certains travaux font état d'effets pervers, notamment les distorsions de concurrence et la diminution de l'efficacité de la commande publique. Ainsi, au vu des arguments avancés, la Fédération des BTP ne devrait pas réclamer une discrimination pour réparer une autre discrimination, mais plutôt l'égalité des chances.
Une revendication qui pourrait sembler a priori légitime, mais c'est loin d'être le cas! La préférence nationale étant présentée comme facilitant l'accès des PME marocaines aux marchés publics. Mais dans les faits, c'est une mesure en trompe l'œil car, comme il n'y a pas d'obligation d'application pour les entités publiques, celles-ci utilisent des subterfuges pour exclure les PME marocaines. Ces dernières qui reprochent à l'Etat de bafouer leur droit, seront-elles prêtes, elles-mêmes, à accorder la préférence nationale aux fournisseurs nationaux?
D'avance vous connaissez la réponse: dans la pratique, chaque entreprise cherche le meilleur rapport qualité-prix peu importe la nationalité du fournisseur.
D'aucuns me rétorqueront: "mais face à la concurrence étrangère impitoyable, la préférence nationale permettra aux PME nationales de grandir et de devenir plus compétitives".
Malheureusement, quand les entreprises sont protégées, quand elles ont la garantie d'avoir un marché, elles perdent toute incitation à se remettre en cause, à faire des efforts pour proposer à leurs clients des biens et services de meilleure qualité et bon marché.
Au contraire, elles se complaisent dans leurs situations de rente et rechignent à sortir de leur zone de confort. Avec la préférence nationale, on ne fera que décourager des entreprises assistées à aller vers l'autonomie et la compétitivité. D'autres persisteront: "mais quand même, nous devrons aider nos PME nationales car au moins elles payent des impôts". Soit! Mais, l'impôt est la contrepartie payée en échange des services et infrastructures publiques, et non pas la contrepartie de marchés à s'adjuger.
Sinon toutes les entreprises marocaines qui payent des impôts devraient réclamer en contrepartie que les consommateurs marocains achètent leurs produits. Cela impliquera, d'une part, si l'on généralise le raisonnement, que l'on instaure des quotas pour les fournisseurs marocains dans tous les marchés, ce qui revient à fermer l'économie marocaine. Et d'autre part, décourager les investisseurs étrangers et les financements internationaux, puisque les bailleurs de fonds refuseront que des conditions comme la préférence nationale figurent dans les appels d'offre publics.
Quant à la sauvegarde de l'intérêt général, entendons-nous bien: en garantissant des quotas à des entreprises, sans qu'elles soient assez compétitives pour le mériter, on ne fera que renchérir les coûts des commandes publiques. Autrement dit, on dépensera plus que ce qui est nécessaire, aggravant ainsi le déficit public et commercial.
Cerise sur le gâteau, la qualité sera médiocre au regard du manque de suivi et de reddition des comptes. Dès lors, on va dilapider l'argent des contribuables: est-ce vraiment de l'intérêt général?
Enfin, quant à l'argument: "d'autres pays l'ont fait, notamment les Etats-Unis", il n'y a pas de preuves empiriques de l'efficacité de ce type de mesures ciblées pour favoriser l'accès des PME à la commande publique. À l'inverse, certains travaux font état d'effets pervers, notamment les distorsions de concurrence et la diminution de l'efficacité de la commande publique. Ainsi, au vu des arguments avancés, la Fédération des BTP ne devrait pas réclamer une discrimination pour réparer une autre discrimination, mais plutôt l'égalité des chances.