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La plupart des commentaires reprochent au gendarme d’insulter Dieu alors même que le Tout-Puissant ne saurait s’offusquer de la grossièreté d’un être aussi vulgaire soit-il, étant bien au-dessus… En revanche, ce sont les humains qui pâtissent de tels abus de l’autorité. En effet, cette pauvre fille tremblait de tous ses membres, très légèrement vêtue car sortant d’un bain de mer. Le gendarme l’a accusée de s’être rendue coupable de possession de drogue, et l’a humiliée alors même que la justice ne s’est pas encore prononcée et qu’elle était encore en route pour le poste de la gendarmerie.
Il est du plein droit qu’un gendarme ou que n’importe quel autre agent de la force publique interpelle une personne qui lui paraît suspecte, et il lui appartient de conduire cette personne aux juges pour qu’ils se prononcent sur son cas. Il peut même user de la force pour faire respecter la loi, allant jusqu’à faire usage de son arme de service en cas de résistance ou s’il se sent menacé. Mais tout cela se fait conformément à la loi, dans la morale et le sens des responsabilités les plus stricts ; mais insulter aussi copieusement un citoyen, le rabaisser, l’humilier, le menacer, voilà qui entre dans le cadre de l’atteinte la plus criante des droits de l’Homme, et qui s’inscrit comme une double peine…
Le gendarme s’est senti offensé quand une femme lui a résisté… le fameux complexe des femmes de la part des hommes arriérés ; et c’est pour cette raison qu’il lui a lancé : « Pour qui te prends-tu ? ». Il ne voit certainement pas en elle autre chose qu’une femme, et non un citoyen à part entière qui a des droits et des obligations. Le gendarme a été encore plus grossier à l’égard de sa victime d’autant qu’elle semble être pauvre et pas très jolie… « Tu te crois belle ? Tu n’es qu’une saleté ! ». Cet homme se considère certainement plus important qu’un policier et c’est pour cela qu’il exige davantage de respect : « Vous avez pris l’habitude de vous moquer des policiers. Mais moi, je suis gendarme, pas policier »…
....... Voilà pourquoi la grosse artillerie est de « ruiner sa réputation », et non la déférer devant une cour de justice pour que les juges disent leur mot. Le gendarme s’est ainsi accaparé les trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire. Il a en effet arrêté la fille, l’a interrogée, a qualifié son délit, émis son jugement, puis il est passé à l’exécution de ce jugement… sans ne penser, une seule seconde, qu’il bouscule la loi, les traditions et le principe de la séparation des pouvoirs.
Le ministre de la Justice et des Libertés a ordonné une enquête, et nous tous attendons les conclusions de cette investigation car ceux qui visionneront cette vidéo se feront très certainement une idée de l’état des droits de l’Homme au Maroc et la manière dont ils sont appréhendés par certains agents de l’ordre. Ce film pourrait servir d’outil pédagogique pour montrer ce qu’il ne faut justement et surtout pas faire en interpellant un citoyen, nonobstant ses actes, son sexe ou encore sa beauté…
Akhbar Alyoum