Au Maroc, la polémique enfle après l'étonnante décision du ministère de la Santé de retirer les tests rapides antigéniques salivaires pour le dépistage du Covid-19 des pharmacies du royaume, suite au courrier adressé à la direction du médicament et de la pharmacie par la Chambre syndicale des biologistes. Rapides, accessibles, mais surtout beaucoup moins chers que les tests PCR effectués à 700 dirhams, la disparition de ces tests salivaires, vendus à environ 100 dirhams, a suscité incompréhension et colère chez nombre de Marocains.
Impactés par la mesure, des pharmaciens ont choisi les réseaux sociaux et les médias pour critiquer la décision du ministère, estimant qu’elle ne sert pas les intérêts des Marocains. Il y a quelques jours, la nouvelle a fait réagir l’Ordre des pharmaciens du Maroc, qui a adressé des lettres aux ministères de la Santé et de l’Intérieur. «La situation au Maroc est inquiétante et dangereuse. Le nombre d’individus, de familles contaminés et de décès fait peur. Dans ces circonstances, lorsqu’une personne apprend rapidement qu’elle est porteuse du virus, elle peut se soigner tout en protégeant son environnement», nous déclare ce mercredi le docteur Hamza Guedira, président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP).
«Nous pouvons ainsi vaincre cette pandémie, avec également l’adhésion massive à la campagne de vaccination», ajoute-t-il en estimant que «le système de santé risque aujourd’hui de s’écrouler si nous continuons avec ce rythme de contamination».
«Le Maroc doit profiter de son large réseau de 12 000 pharmacies»
Revenant à la question du retrait des tests salivaires des pharmacies, l’expert indique que «la solution est d’encourager ce type de test rapide pour que nous puissions connaître les personnes testées positives et leur donner des médicaments le plus rapidement possible», au lieu de les bannir. «Ces mêmes médicaments figurent dans le protocole de médicament adopté par le ministère de la Santé et qui sont vendus dans les pharmacies, à l'exception de l’hydroxychloroquine», tient-il à rappeler.
Plusieurs pharmaciens ont rappelé, au lendemain de la décision du ministère, que «lorsqu’un citoyen est testé positif au Covid-19 après avoir réalisé un test PCR à 700 dirhams, mais qu’il vit dans une famille composée de 7 ou 8 membres, il ne peut se permettre de tester tout le monde avec un test PCR». Ils mettent ainsi en avant la situation financière des familles qui préfèrent effectuer des tests rapides moins chers au lieu de ne pas se faire dépister.
«Nous ne comprenons pas le retrait des tests des pharmacies, contrairement à ce qui se passe en Suisse ou encore en Tunisie. Nous nous demandons aussi pourquoi le réseau pharmaceutique est absent du processus de vaccination. La pharmacie aujourd’hui est le seul espace où le citoyen arrive et trouve des experts pour se confier, être conseillé et être orienté.»
Dr. Hamza Guedira
Le président du CNOP rappelle que «le test d’orientation rapide est utilisé dans plusieurs pays». «Le Maroc doit profiter de son large réseau de 12 000 pharmacies et le ministère de la Santé doit travailler avec le secteur», plaide-t-il en appelant à des «décisions dans l’intérêt et pour protéger les citoyens, tant que nous sommes en guerre contre le covid-19». «Il est ainsi primordial de mobiliser tous les moyens disponibles dans ce sens», suggère-t-il.
«Nous sommes tous mobilisés, mais cela irait mieux si nous réalisons nos missions en collaboration, en partenariat et en concertation avec les autorités sanitaires», conclut le président du CNOP.
...Suite :
https://www.yabiladi.com/articles/d...re-suite-retrait.html?utm_source=rss_yabiladi