A marseille, les soirs de ramadan à la bûche braisée, « c’est comme à la maison »

madalena

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A la rupture du jeûne, la gargote du quartier populaire de Noailles offre un repas aux migrants musulmans, mais pas seulement.

Enfin. Il peut s’en griller une. La première cigarette de la soirée semble avoir pour lui un goût inégalable. « Surtout quand on ne peut pas fumer de toute la journée », lance Karim en se marrant. Veste en daim, béret couleur camel, barbe taillée et soignée, yeux verts hypnotiques, ce jeune homme de 23 ans passe son premier ramadan à Marseille.

Depuis plusieurs soirs maintenant, il a pris l’habitude de prendre son ftour – le repas de la rupture du jeûne – à La Bûche braisée, modeste gargote de Noailles, quartier populaire du 1er arrondissement, située non loin du Vieux-Port, à l’angle de la rue d’Aubagne, et Longue des Capucins. « Le premier soir du ramadan, j’ai mangé trois bananes, je ne connaissais pas cet endroit », souffle-t-il.


Karim est sans papiers depuis qu’il est arrivé en France il y a huit mois. C’est un harrag, un de ces gamins qui a pris le large d’Oran pour rejoindre sur un radeau Almeria, en Espagne. « Puis, j’ai enchaîné les bus pour arriver à Marseille », raconte-t-il. Pour gagner quelques euros, il vend des Marlboro contrefaites dans les rues défoncées et vétustes du centre-ville. Seul et loin de sa famille restée en Algérie, Karim apprécie « l’ambiance » qui se dégage de ce petit restaurant et lui rappelle le bled. « C’est comme ma maison ici, j’ai l’impression de manger chez ma mère », insiste-t-il.

Ça tombe bien, Fabienne, 68 ans, la cuisinière, est très maternelle avec ses clients. « Clients » ? C’est un bien grand mot car, depuis le début du ramadan, le 6 mai, elle offre les repas aux plus démunis tout au long de ce mois sacré chez les musulmans. Chaque soir, à l’heure du ftour, vers 21 heures, elle et des bénévoles servent entre quarante et cinquante repas. « Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde, s’étonne encore Fabienne. Je n’ai pas fait de publicité, les gens viennent par le bouche-à-oreille uniquement. »

 
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