SYRIE. Dans Homs assiégé, le témoignage d'un chirurgien français
Par Céline Lussato
"Il y a des immeubles qui flambent, des trous dans les murs des maisons et beaucoup, beaucoup de blessés.
A plus de 70 ans, le chirurgien français Jacques Bérès opère à Homs, cette ville dont des quartiers entiers sont en train d'être rasés par l'armée syrienne.
Co-fondateur, en 1971, de Médecins sans Frontières dont il fut président par deux fois, il est parti une nouvelle fois sur le terrain. Avec cette fois les ordres de mission de deux associations : France-Syrie démocratie et l'Union des associations musulmanes du 93.
Alors que deux journalistes occidentaux sont morts ce mercredi dans le quartier de Bab Amro lors d'un bombardement, Jacques Bérès témoigne de la situation dans la ville.
Même via un téléphone satellitaire, la communication est difficile. Le son parfois métallique, accompagné par les bombardements, laisse entendre une voix traînante. Celle d'un homme épuisé par vingt jours passés sur le terrain.
Cela fait maintenant une vingtaine de jours que vous êtes à Homs pour soigner des blessés, comment allez-vous ?
- C'est très dur, nous avons beaucoup de morts, surtout hier où nous avons eu huit décès parmi nos patients, dont deux enfants. Aujourd'hui, nous n'en avons eu que deux
Il y a très peu d'eau, pas moyen de faire de l'eau chaude, pas moyen de prendre une douche. On ne dort pas. C'est dur, très fatigant! Et maintenant je ne crois pas que je puisse partir ni par un côté de la ville, ni de l'autre. Nous avons essayé hier de transférer tout l'hôpital vers Damas mais nous avons été arrêtés sur la route, il y a des gens qui ont été tués.
L'hôpital a été transféré deux fois déjà par mesure de sécurité, notamment quand nous avons été touchés par des tirs. Mais nous sommes toujours à quelques centaines de mètres de Bab Amro, dans une école abandonnée que nous avons transformée en hôpital de campagne.
Cela fait maintenant une vingtaine de jours que je suis là, je suis bien fatigué. Je pensais rentrer demain et j'avais un transport organisé, mais il semble qu'il n'y ait plus de possibilité de sortie.
http://tempsreel.nouvelobs.com/la-r...e-le-temoignage-d-un-chirurgien-francais.html