Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, docteur ?
Ecoutez
Depuis ce matin, on entend, dans les machines à bruit, les conclusions d’une étude menée par des médecins, chercheurs et ingénieurs à l’université et au CHU de Rennes. Etude publiée non pas en France mais… ce mercredi 6 novembre dans la revue scientifique britannique
British Medical Journal !
Il en résulte que les médecins généralistes français qui reçoivent des
cadeaux des laboratoires pharmaceutiques ont tendance à faire « des prescriptions plus chères et de moindre qualité ». Et, à l’inverse, que ceux « qui ne reçoivent aucun avantage de la part de l’industrie pharmaceutique sont associés en moyenne à de meilleurs indicateurs établis par l’Assurance Maladie quant à l’efficacité de leurs prescriptions, et celles-ci coûtent globalement moins cher ». C’est quoi ces cadeaux ? Ben ça peut aller d’un bon gueuleton offert à une invitation à un congrès sus les palmiers. Ça crée des liens de sympathie… et de renvoi d’ascenseur !
Eh, attention, pas d’amalgame, pas de stigmatisation ! Ces résultats ne démontrent pas de lien de cause à effet mais « renforcent l’hypothèse selon laquelle l’industrie pharmaceutique peut influencer les prescriptions des médecins généralistes » disent les auteurs de l’étude qui rajoutent, que « cette influence, parfois inconsciente chez les médecins, peut conduire à choisir un traitement qui n’est pas optimal, au détriment de la santé du patient et du coût pour la collectivité ». L’étude met aussi en évidence qu’« en moyenne », « le groupe de médecins n’ayant reçu aucun avantage […] est associé à des prescriptions moins coûteuses, plus de prescriptions de médicaments génériques par rapport aux mêmes médicaments non génériques » (pour trois types de médicaments), « moins de prescriptions de vasodilatateurs et de benzodiazépine pour des durées longues », dont l’usage est déconseillé par
l’Assurance Maladie.
Et comment ils ont trouvé tout ça les chercheurs de Rennes ? Ben, ils ont croisé deux bases de données : la première est le
portail Transparence Santé, sur lequel doivent être déclarés tous les « liens d’intérêt » des professionnels de santé, et notamment les équipements, repas, frais de transport ou d’hôtel offerts par des entreprises du secteur (laboratoires pharmaceutiques, fabricants de dispositifs médicaux, etc.), à partir d’un montant de 10 €. La seconde base est le
Système national des données de santé (SNDS) qui recense consultations, actes médicaux, prescriptions de médicaments et hospitalisations remboursés en conservant l’anonymat des assurés.
Les labos pharmaceutiques dépensent 27 % de leurs CA pour la promo, plus que pour la recherche. Les dépenses marketing, comprenant également les frais d’administration, ont atteint 276,1 milliards de dollars en 2014. Les dépenses de recherche et développement des 131 plus gros laboratoires pharmaceutiques mondiaux se sont élevées à 135 milliards de dollars en 2014 d’après les chiffres exclusifs de
GlobalData Health. 14 % de leur CA voir
http://www.pharmaceutiques.com/phq/mag/pdf/phq138_36_dossier.pdf
Deux fois plus de fric pour inciter la population à acheter des médicaments que pour chercher et développer des médicaments nouveaux et efficaces !
Sacrés labos, va ! Tous les laboratoires pharmaceutiques ont mis en place
des doubles et triples comptabilités. Si cette pratique est légale (? !), elle a pour but de rendre impossible la moindre visibilité.