La mémoire du narcisse ou la négritude marocaine : un pas vers l'interculturel

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
«La mémoire du narcisse» est le premier roman, en langue arabe, du jeune romancier Rachid Elhachimi, qui vient de paraître aux éditions «Dar Rawafid, en Egypte.

Cette œuvre de 245 pages se décline sous forme d’une fiction engagée qui se propose dans son essence de dévoiler la question de l’identité nègre au Maroc. A travers deux histoires qui se tissent de manière parallèle, l’auteur nous transporte dans différents endroits, de Marseille à Casablanca, de Sijlmassa à Essaouira. Le mouvement régit de manière subtile la trame narrative de l’œuvre. Ainsi, le premier récit, c’est-à-dire celui d’Alhora, professeure d’histoire, démarre par la découverte d’un manuscrit historique dans «Almatmora» (grenier souterrain). Ce qui l’a poussée à voyager à Sijlmassa pour réexaminer la véracité de ce document. Cette recherche se soldera par un échec, vu la rareté de ce type de documents.

Le second récit tourne autour de l’histoire d’El Abdi. Un jeune nègre qui, à la différence du premier personnage, cache ses origines dont il n’est pas fier. C’est avec sa belle-mère Marie qu’il a pu oublier son passé. A la différence de Marcel Proust, El Abdi cherche à nier son passé. Toutefois, la mort de sa belle-mère va le confronter au monde réel qui peut révéler sa véritable identité. Cet événement soudain provoque chez lui un imbroglio. En vérité, il s’agit d’un moment de retour à ses origines. C’est bien le stéréotype autour de l’identité noire qui a poussé ce personnage à chercher à plonger dans l’oubli. Ce récit se termine par le retour à ses sources.

Ecrit dans un style fluide, ce roman tente de mettre la lumière sur des sujets passés sous silence dans notre société. Il s’agit d’un débat autour de la question de l’identité et de la logique interculturelle. Cela prouve encore une fois que le Maroc, est pluriel. La littérature, à l’image de ce roman et de ceux de Moha Souag, vient étayer l’idée selon laquelle la région du Sud-est marocain constitue un véritable réservoir de la pensée. Soulignons qu’il n’y a là aucune tendance à folkloriser, ni à la stéréotyper. Mais une réhabilitation de tout un patrimoine culturel.

Natif de la région de Tafilalet, le jeune romancier tisse, en fait, une tapisserie multicolore, ce qui renseigne sur son désir et sa volonté d’affirmer un monde pluriel et divers. Il n’a pas non plus choisi un seul espace à ses «ego expérimentaux», au dire de Milan Kundera. C’est dire comment ses personnages expérimentent autrement le monde tout en lui donnant une autre «signifiance» loin des tendances stéréotypiques qui font de la région du Sud-est un espace du désert et du soleil. En réalité, le romancier ne cache pas l’influence d’une formation à la faculté polydisciplinaire d’Errachidia : «Littérature et interculturalité en Méditerranée». Cette formation, selon le romancier, a permis de changer un ensemble d’idées préétablies. D’où l’idée de créer un monde romanesque où la logique interculturelle, c’est-à-dire la logique de la reconnaissance mutuelle, constitue un mode d’être. Comme l’incarnent d’ailleurs ses personnages.

https://www.libe.ma/La-memoire-du-n...caine-Un-pas-vers-l-interculturel_a95083.html
 
Une autre histoire de la "négritude", quoique ce terme, chez nous, n'avait pas de grande signification autre que de caractériser la couleur d'un derme, tant nos gènes et notre culture étaient métissés ...

L'histoire de "Moui el'yasmine", Allah y Rehma, cette petite "soussi", du "sud", au teint foncé, basané, témoignant d'un métissage au gré des migrations et des sécheresses, kidnappée à l'âge de sept ans en allant puiser de l'eau, pour être revendue du coté de M'lilya, tout au Nord.

L'histoire d'une favorite, devenue deuxième épouse, inscrite dans la mémoire des murs d'un salon, en tableaux se faisant vis à vis, réalisant le vœu filial de placer face au portrait peint de son propre père, une toile drapant une très belle "négresse" en mémoire à sa seconde "mère".

(A suivre) ... ;)
 
C’était jadis, quand le temps prenait son temps, pour compter ses propres pas au rythme de ceux des caravanes …
Un temps d’antan, mesuré en cycles lunaires, en jours et nuits, retenant en mémoire celui du passé, en décès, en naissances, en famines et sécheresses, en pestes et choléra, en invasions de criquets coloniaux ou pèlerins …
Un espace confiné derrière des hautes murailles et des portes des citées, aux frontons gravés de deux coquilles, attendant des perles venues d’ailleurs.
Un espace ciselé par la sueur, en sentes, en chemins muletiers où régnaient tribus, brigands et fragrances épicées, reliant toujours les désaltérantes sources, aux oasis et puits.
Un espace-temps où les distances se comptaient en jours de marche et le temps en espace à parcourir, difforme reporté sur des cartes, des kharetas en kaghayt …
Un temps où la distance entretenait, lors des longues veillées, les rêves « érotiques » des commerçants et commis d’état, normalisant une polygamie de nécessité.
L’épouse restant au foyer, à Fès, durant les longs et aventureux voyages des époux, pour une durée indéterminée ...

A suivre
 
De Fès à Melilya, le chemin était parsemé de haltes au gré des relations qu'entretenait la bourse du guide avec les tribus, en péage et droits de passage.
La nuit venue, on y dressait les tentes et le tour de garde, tout en contant autour du feu de camp, les mésaventures des uns, détroussés ou assassinés durant leur sommeil en ces mêmes lieux, en ces espaces qui ravivaient les mémoires ...
Les périls encourus par les caravanes dépendaient des saisons, des sécheresses, des bonnes relations entre les notables autochtones et le Caid, peuplant les nuits, d'angoisses comme des âmes des disparus, telle celle de grand oncle maternel, égorgé quelque part, victime de son commerce ...
L'empire chérifien s'éveillait au lendemain de la conférence d'Algèsiras, lourdement endetté et pour y faire face, il dépêcha de jeunes diplômés d'Al Quaraouiyine, à Méliliya, par ces mêmes routes, en qualité de receveur des droits en douane, pour renflouer les caisses et faire face aux engagements ...
 
Sitôt marié à sa cousine, le jeune diplômé, triste comme Ulysse, entreprit donc un long voyage, son tapis de prière pour seul compagnon, pour découvrir la sournoise et naissante colonisation hispanique à l’œuvre …

Il devint ainsi témoin, du rêve impérialiste, des héritiers de Cortés, des « conquistadors » qui saignèrent les Amériques, comme du cauchemar de cette armée espagnole « moderne » en déroute : des milliers de cadavres passés au fil de l’épée à Anoual, ensemençant l’atmosphère de relents putrides, dispersés par les vents, à plusieurs kilomètre à la ronde, faisant de la vie de Manuel Fernandez Sylvestre un cas d’école : celui des errements d’une arrogance méprisant les peuples …

Cette même arrogance qui conduisit, plus tard, l’Espagne à la guerre civile.

Seul, il avait compris que sa nomination temporaire, un temporaire qui dure toujours et fait la vie, le conduirait à faire souche à Méliliya …
Aussi, il avait pris pour seconde femme, une jeune fleur enivrante, qu’il nommera Yasmine, achetée auprès d’intermédiaires, qui deviendra seconde épouse et mère.

Sa première épouse, alors alertée, ne tarda pas à organiser avec ses frères une caravane pour le rejoindre et constatant l’attachement de son époux à Moui al Yasmine, elle amena son mari, politique oblige, à prendre une troisième épouse : la silencieuse, réservée et solitaire, à l’éternel foulard blanc noué à la « jebliya » en triangle surmontant le front, Chrifa Ouazzaniya …

Allah, s.w.t y Rhemhoum jami3an ...

Fin ….. Bien que d’autres péripéties historiques peuplent la saga de cette même famille …
 
Dernière édition:
Haut