Voici les mesures du plan d'urgence pour les hôpitaux

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Augmentation du budget des hôpitaux sur 3 ans et diverses primes : le gouvernement tente de répondre à la crise des hôpitaux avec un plan d'action

Pris de court par un mouvement social inédit de l’hôpital public, le gouvernement a dévoilé ce mercredi matin "un plan d’urgence" censé "renforcer" et "accélérer" une stratégie annoncée il y a plus d’un an.

Emmanuel Macron avait demandé au gouvernement une "accélération" pour "investir plus fortement", les annonces de la ministre de la Santé Agnès Buzyn en juin et en septembre, chiffrées à 750 millions d’euros sur trois ans, n’ayant pas suffi à mettre fin à la grève inédite des urgences démarrée en mars.

Voici les mesures du plan d'action :

- Le budget des hôpitaux va bénéficier d’un coup de pouce d’1,5 milliard d’euros sur trois ans, dont 300 millions dès 2020.

"Cet argent vient en plus de la trajectoire budgétaire prévue par le gouvernement" et "l’augmentation sera votée dès la semaine prochaine dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale" (PLFSS), a précisé le Premier ministre. Par ailleurs, Edouard Philippe a ajouté que "l’intégralité" des 400 millions d’euros de crédits gelés en début d’année serait "débloquée dans les prochaines jours".

- L’Etat va reprendre 10 milliards d’euros de la dette des hôpitaux sur trois ans afin d’aider à "restaurer l’équilibre financier des établissements", selon Edouard Philippe.

Alors que la dette totale des hôpitaux avoisine les 30 milliards d’euros, ce "signe inédit de confiance du gouvernement envers l’hôpital public" doit permettre d’alléger le fardeau des intérêts d’emprunt. La marge de manoeuvre dégagée doit permettre de "moderniser les hôpitaux actuels et accompagner la transformation que nous menons" dans le cadre du plan Ma Santé 2022, a plaidé encore le Premier ministre.

- 800 euros net de prime annuelle pour 40 000 infirmiers et aides-soignants d’Ile-de-France, qui gagnent moins de 1 900 euros par mois.

"Nous devons reconnaître la situation spécifique de Paris et de la petite couronne", a souligné la ministre de la Santé Agnès Buzyn, évoquant des "sujétions", comme le logement ou la garde des enfants, qui "pèsent de manière déraisonnable dans le pouvoir d’achat de certains soignants".

- Une prime annuelle de 300 euros qui "pourra bénéficier à 600 000 professionnels de santé".

- La prime d'engagement dans la carrière hospitalière sera par ailleurs revalorisée.

- Les procédures de recrutement seront simplifiées. La liste des postes vacants sera publiée deux fois par an, au lieu d'une fois aujourd'hui.

Le Progrès
 

Drianke

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Annonces aux personnels de l'hôpital : les calculs sont pas bons, Edouard !

Le plan hôpital à 1,5 milliard d’euros (300 millions en 2020) présenté par Edouard Philippe ce mercredi 20 novembre ne satisfait pas les personnels les plus modestes de ce service public, infirmiers et aides-soignants, qui s'inquiètent en outre pour leur future retraite.

Depuis huit mois, les personnels hospitaliers, des urgences notamment, réclamaient deux avancées. Que l’Etat leur donne des moyens de soigner dignement leurs patients, en investissant dans leur service public. Qu’on leur accorde enfin, après des années de quasi-blocage de leurs salaires, des augmentations de salaire de l’ordre de 300 euros. De son côté, le gouvernement redoutait lui, que leur révolte ne coagule avec celle qui se lève, contre son projet de réforme de retraite universelle par points. Résultat des courses ? Un plan qui ne devrait pas éteindre complètement la fronde...

Certes, la fédération hospitalière de France, par la voix de Frédéric Valletoux, se réjouit qu’Edouard Philippe ait annoncé la reprise par l’Etat de 10 milliards de dettes des hôpitaux sur 30. Sur trois ans, ce geste pourrait soulager leur budget de 280 millions d’euros d’intérêts. Car ces 1100 établissements assumaient jusqu'ici cette dépense pour le compte d'une puissance publique qui, depuis des décennies, a sous-investi dans leurs services. Au point que certains d’entre eux ont contracté de périlleux crédits à taux variables. Naturellement, la FHF apprécie aussi que 400 millions d’euros de crédits alloués en 2019 et jusqu’ici mis en réserve (pour qui, pour quoi ?) soient magiquement décongelés avant Noël.

"ON SE MOQUE COMPLÉTEMENT DE NOUS !"

Mais en 2020, les dépenses hospitalières ne pourront progresser que de 2,4% (contre un Ondam, objectif national des dépenses d'assurance maladie, prévu à 2,1% initialement). Or si l’on tient compte notamment du vieillissement de la population française, ces dépenses devraient augmenter de 4,4%... "Ce plan n’est donc en réalité qu’un petit allègement du plan d’économie qui assèchera cette année encore les finances de l’hôpital public", tonne Jean-Louis Benoît, président de la Fédération des mutuelles de France, qui gère 280 services de soins mutualistes.

Surtout, les personnels hospitaliers mobilisés espéraient une revalorisation franche de leurs salaires de base, plus ou moins bloqués au niveau de l’inflation depuis une décennie. Or de ce point de vue, le gouvernement préfère accorder des primes aux infirmiers et aides-soignants, plutôt que des augmentations de salaire. Ainsi, ceux qui se formeront à la prise ne charge des personnes âgées (60.000 espérés) seront gratifiés de 100 euros de plus par mois. Les personnels de la petite couronne parisienne recevront quant à eux 66 euros net par mois et 20 euros net par mois d’intéressement, décidés dans chaque établissement.

LE PROBLÈME DE LA RETRAITE

"On se moque complétement de nous ! s’est emporté sur Franceinfo Thierry Amouroux, porte parole du syndicat national des infirmiers. Nous, ce que l'on demande, c'est être revalorisé à hauteur de nos compétences et de nos responsabilités. On ne demande pas une prime d'accès au logement pour les gens de banlieue parisienne ! ». Quand le secrétaire général du syndicat SUD-Santé de l'AP-HP, sur la même ligne, critiquait cette distinction Paris/province, en accusant le gouvernement de déployer une stratégie de division "dans la crainte que la convergence des colères ne se fasse en fin d'année".

De fait, si ce sujet des primes versus salaires est aussi sensible dans la fonction publique hospitalière, c’est que tous personnels confondus, ces gratifications représentent déjà 22,1% de leurs rémunérations. Mais qu'elles n’améliorent le calcul de leur future retraite que lorsqu’elles s’accompagnent de cotisations sociales complètes versées par l’employeur; ce qui n'est pas le cas pour toutes leurs primes. Cette situation attise donc les craintes des hospitaliers modestes à l'endroit du projet de réforme de la retraite universelle par points contre lequel manifesteront et feront grève le 5 décembre, les syndicats CGT, FO, Solidaires, FSU et de nombreuses professions.

https://www.marianne.net/politique/edouard-philippe-decoit-infirmiers-et-aides-soignants-hopital
 
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