Victor HUGO
Victor Hugo est à la littérature ce que sont les volcans, les tremblements de terre, les raz-de-marée à la nature : un spectacle sublime. Cet homme fut un ogre en tout, dans sa vie privée, sexuelle, amoureuse, familiale, tout autant que dans son activité d'écrivain qui le vit exceller comme romancier, dramaturge, poète, chroniqueur. Il fut aussi homme politique, monarchiste élu à la Chambre des pairs, puis républicain emblématique. À ceux qui se demandent quel écrivain pourrait incarner la France, il faut répondre Hugo.
Son enterrement fut l’occasion d’une cristallisation française, d’une sublimation ou d’un précipité, au sens chimique, qui a permis de réunir les puissants et les misérables, les ministres et les ouvriers, les autorités et les gens de peu. L'homme qui meurt après une longue agonie âgé de quatre-vingt-trois ans refuse l’extrême-onction; cinq cents personnes attendent l'annonce de sa fin au pied de son appartement; deux mille se retrouvent devant chez lui quand l'annonce est faite de son trépas; près de deux millions assistent à ses obsèques; on loue des balcons, des toits, des cheminées, des échelles, des escabeaux, des fenêtres, des vitrines de magasins vidés pour l’occasion et commercés à des prix faramineux à ceux qui veulent voir le cercueil passer; les funérailles sont nationales; le corps est exposé sur un immense catafalque placé sous l'Arc de triomphe; dix-neuf discours sont prononcés; l’église Sainte-Geneviève est désaffectée pour cette occasion afin de restaurer le Panthéon où le corps est déposé et où il repose depuis.
Qu'avai t'il fait pour mériter cela? Écrire et publier Les Misérables. Pas seulement, mais ce livre y est pour beaucoup. On trouve dans ce chef-d'œuvre de la littérature française deux pages dans lesquelles Hugo ramasse le programme de justice qui fait la grandeur de la France de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
A savoir ?
Le programme politique de Hugo est simple : il s’agit de «la question du bonheur». Et le romancier de parler d'économie et de guerre, de droit de l’homme et de peine de mort, de droit des femmes, mais aussi de celui des enfants, de production et de répartition des richesses, donc du travail et du salaire, donc d'emploi des forces et de distribution des jouissances, de puissance publique et de bonheur individuel, d'égalité et d’équité, de prospérité sociale et de citoyen libre, mais aussi de nation grande. Hugo écrit contre le capitalisme anglais, contre le libéralisme qui paupérise, contre la grandeur de l'État qui entraîne la misère du peuple et la souffrance de l'individu - c'est le règne de l’égoïsme; il écrit également contre le communisme dont la répartition tue la production et le partage détruit l’émulation, c’est-à-dire le travail.
Voici sa proposition : «Encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un terme à l'exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant les bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d'hommes heureux, démocratisez la propriété non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu'on ne croit, en deux mots sachez produire la richesse et sachez la répartir; et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur morale; et vous serez dignes de vous appeler la France.» Cela, dit Hugo, se nomme «socialisme » : au XIX° siècle c'était une idée neuve, le XX° l’a détruite, elle reste un horizon au XXI°.
Victor Hugo est à la littérature ce que sont les volcans, les tremblements de terre, les raz-de-marée à la nature : un spectacle sublime. Cet homme fut un ogre en tout, dans sa vie privée, sexuelle, amoureuse, familiale, tout autant que dans son activité d'écrivain qui le vit exceller comme romancier, dramaturge, poète, chroniqueur. Il fut aussi homme politique, monarchiste élu à la Chambre des pairs, puis républicain emblématique. À ceux qui se demandent quel écrivain pourrait incarner la France, il faut répondre Hugo.
Son enterrement fut l’occasion d’une cristallisation française, d’une sublimation ou d’un précipité, au sens chimique, qui a permis de réunir les puissants et les misérables, les ministres et les ouvriers, les autorités et les gens de peu. L'homme qui meurt après une longue agonie âgé de quatre-vingt-trois ans refuse l’extrême-onction; cinq cents personnes attendent l'annonce de sa fin au pied de son appartement; deux mille se retrouvent devant chez lui quand l'annonce est faite de son trépas; près de deux millions assistent à ses obsèques; on loue des balcons, des toits, des cheminées, des échelles, des escabeaux, des fenêtres, des vitrines de magasins vidés pour l’occasion et commercés à des prix faramineux à ceux qui veulent voir le cercueil passer; les funérailles sont nationales; le corps est exposé sur un immense catafalque placé sous l'Arc de triomphe; dix-neuf discours sont prononcés; l’église Sainte-Geneviève est désaffectée pour cette occasion afin de restaurer le Panthéon où le corps est déposé et où il repose depuis.
Qu'avai t'il fait pour mériter cela? Écrire et publier Les Misérables. Pas seulement, mais ce livre y est pour beaucoup. On trouve dans ce chef-d'œuvre de la littérature française deux pages dans lesquelles Hugo ramasse le programme de justice qui fait la grandeur de la France de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
A savoir ?
Le programme politique de Hugo est simple : il s’agit de «la question du bonheur». Et le romancier de parler d'économie et de guerre, de droit de l’homme et de peine de mort, de droit des femmes, mais aussi de celui des enfants, de production et de répartition des richesses, donc du travail et du salaire, donc d'emploi des forces et de distribution des jouissances, de puissance publique et de bonheur individuel, d'égalité et d’équité, de prospérité sociale et de citoyen libre, mais aussi de nation grande. Hugo écrit contre le capitalisme anglais, contre le libéralisme qui paupérise, contre la grandeur de l'État qui entraîne la misère du peuple et la souffrance de l'individu - c'est le règne de l’égoïsme; il écrit également contre le communisme dont la répartition tue la production et le partage détruit l’émulation, c’est-à-dire le travail.
Voici sa proposition : «Encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un terme à l'exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant les bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d'hommes heureux, démocratisez la propriété non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu'on ne croit, en deux mots sachez produire la richesse et sachez la répartir; et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur morale; et vous serez dignes de vous appeler la France.» Cela, dit Hugo, se nomme «socialisme » : au XIX° siècle c'était une idée neuve, le XX° l’a détruite, elle reste un horizon au XXI°.