Et pourtant:
« Un discours totalement inédit dans lhistoire de lislam se propage depuis quelques années en France, selon lequel le voile est une prescription et une pratique religieuses ! Il sagit là dune des plus grandes mystifications que des musulmans aient jamais produites sur leur propre religion. Car le voile nest pas une prescription religieuse et encore moins une pratique religieuse » .
Le voile est avant tout une affaire dhommes désireux de se protéger de la femme, comme objet de désir permanent. Dans le pays de la liberté, des musulmans sindignent quavec la loi dinterdiction des signes religieux ostensibles à lécole, on touche à lhonneur de leur communauté, à lemploi, et à la liberté de la femme. Mais on ne les voit pas manifester contre les atteintes aux Droits de lHomme dans les pays musulmans. En réalité, la vraie discrimination est celle qui touche aux rapports hommes/femmes. Et en matière des droits de lHomme ce nest pas la liberté religieuse qui est menacée, mais bien légalité des sexes.
Leila Babes dénonce largument du voile comme instrument démancipation, y discernant plutôt une subtile servitude volontaire. Elle démonte, enfin, avec sérieux, de façon documentée et dans une liberté de ton sereine les ressorts qui ont conduit à faire du port du voile une sorte de sixième pilier de la foi musulmane. Elle étudie ce détournement de sens, ce quil cache et révèle à la fois. Leïla Babès est professeur de sociologie des religions à lUniversité catholique de Lille. Franco-algérienne, intellectuelle attachée à la critique scientifique des textes et à la conception de la liberté, elle se définit comme une musulmane laïque.
Leïla Babès, Le Voile Démystifié, Bayard, 2004.