Monuments funéraires antiques amazigh d'Algérie

Du Néolithique à l’époque contemporaine, l’Algérie recèle de nombreux monuments funéraires rendant hommage aux divers personnages qu’ils abritent.

Parmi ces tombeaux, les treize Djeddars de Frenda (Tiaret), le Medracen et le Mausolée royal de Maurétanie offrent un témoignage rare d’une architecture locale au service des morts s’étalant du IIIème siècle av. J.-C. au VIIème siècle.

Le tombeau Imedghassen


Le tombeau Imedghassen est un mausolée numide du IIIème siècle av. J.-C. situé dans la wilaya de Batna au nord-est de l’Algérie. Il est constitué d’un dôme avec 60 colonnes doriques revêtus d’un décor sobre et évoque les sépultures de Bazinas typiques d’Afrique du Nord, avec toutefois une influence hellénistique.
Le Medracen est le plus ancien mausolée royal antique conservé d’Afrique du Nord.

L’historien égyptien Al Bakri, qui était le premier à décrire le monument au XIème siècle, notait à l’époque la présence de bas reliefs représentant la faune et la flore. Il attribuait l’origine du nom à Madghis, un roi de la région et qui selon Ibn Khaldoun serait notamment l’ancêtre des Numides.

Le Mausolée Royal de Maurétanie


Le Mausolée royal de Maurétanie est situé dans la commune de Sidi Rached à l’ouest d’Alger. Inscrit en 1982 au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’édifice comporte une partie cylindrique avec 60 colonnes ioniques et quatre fausses portes situées sur les points cardinaux avec des moulures disposées en croix conférant son surnom de Tombeau de la Chrétienne.

Si des doutes planent sur la date de construction du mausolée, les estimations varient entre le IIème siècle av. J.-C. et 40 ap. J.-C., au moment où le royaume de Maurétanie a été annexé par Rome.

D’aucuns attribuent l’édifice au roi Juba II de Maurétanie, souvent cité par Pline et Plutarque pour son savoir. Juba II est né à Hippone (actuelle Annaba) et est élevé à Rome par Octavie, la soeur de l’empereur Auguste.

Il règne de 25 av. J.C. à 23 ap. J.-C. sur la Maurétanie avec son épouse, la reine Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre et de Marc Antoine.

Djeddars de la Frenda



Vieilles pour certaines de plus de seize siècles, les djeddars de Frenda, treize "pyramides" érigées sur deux collines voisines, gardent de nombreux secrets. Seule certitude : ces édifices de pierre à base carrée et élévation pyramidale à degrés, construits entre le IVe et le VIIe siècle, uniques en Algérie comme au Maghreb, étaient des monuments funéraires.

A l’époque, des rois berbères régnaient sur la région. Les treize pyramides ont été construites sur trois siècles, à une époque de profonds bouleversements dans le nord de ce qui n’était pas encore l’Algérie mais la Numidie romaine. Une période que certains historiens ont appelé les "siècles obscurs du Maghreb". La région vivait le déclin de l'Empire romain d'Occident, les invasions vandales puis byzantines, et le début de la conquête arabe.

Ces djeddars monumentaux – qui mesurent jusqu'à 18 mètres de hauteur pour une base allant de 11,5 à 46 mètres de côté – ont été érigés sur deux collines distantes de 6 kimomètres près de Frenda, les trois plus anciens sur le djebel ("mont") Lakhdar et les dix autres sur le djebel Araoui.

"La particularité des djeddars est avant tout la date de leur construction, qui en fait les derniers monuments funéraires érigés en Algérie, avant l'arrivée de l'islam", relève Rachid Mahouz, archéologue algérien qui prépare depuis cinq ans une thèse de doctorat consacrée à ces pyramides.

Selon un grand nombre d’historiens, ils ont été construits à l’époque de la christianisation et abritaient les princes berbères romanisés qui suivaient la religion chrétienne.

La plus ancienne description écrite connue des djeddars est celle de l'historien Ibn Rakik, au XIe siècle, rapportée au XIVe par Ibn Khaldoun, grand penseur maghrébin de l'époque. Mais durant des siècles, ces monuments situés dans une région peu peuplée n'ont intéressé personne et ont été livrés à l'usure du temps et aux pillards.

Tous renferment une ou plusieurs pièces (jusqu'à vingt pour le plus grand) reliées par un système de galeries, dont des chambres funéraires, laissant penser à des sépultures collectives. Certaines pièces sont dotées de banquettes, de possibles lieux de culte funéraire, selon certains chercheurs.
 
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