La mort et l'intensité de la vie

Marie de Hennezel: «Remettre la mort à la juste place dans nos vie».

RENCONTRES CAPITALES - Marie de Hennezel est psychologue, spécialisée dans l’accompagnement des personnes en fin de vie.

Si l’on devait modifier une chose pour changer la société de demain, ce serait …

R
emettre la mort à sa juste place dans nos vies. Au lieu de l’occulter. Nous ne serons pas toujours là, les gens que nous aimons non plus. Cela oblige à plus de conscience et de responsabilité. cela oblige à se poser les questions essentielles: qu’ai je fait de ma vie? Quel a été le fil rouge de ma vie, sa fécondité? Ai-je été fidèle à mes valeurs? Dans toutes les traditions spirituelles du monde, méditer sur sa finitude aide à bien vivre, a se respecter soi-même, à respecter les autres et la planète sur laquelle nous vivons. C’est devant la mort, que l’on prend conscience de la valeur de la vie, de son sens, de la beauté, de l’amour.

Je crois qu’une société dans laquelle on a perdu le sens de la précarité de la vie, de sa finitude, est une société qui surfe sur l’absurde. On est dans une fuite en avant, on passe à côté des autres et de leur mystère. Les relations restent superficielles au lieu de s’approfondir. Paradoxalement, c’est quand on refuse de réaliser que la vie est limitée dans le temps et donc fragile, que l’on passe son temps à courir, à se distraire, à se laisser envahir par les soucis matériels. «Et c’est devant la mort que l’on prend conscience que la vie aurait pu être quelque chose d’immense, de prodigieux, de créateur;.Mais c’est trop tard…et la vie ne prend tout son relief que dans l’immense regret d’une chose inaccomplie.» écrivait Maurice Zundel.

Les hommes pressés d’exister ignorent ainsi qu’ils perdent le goût de vivre, car une des conséquences du déni de la mort est bien l’angoisse. En faisant comme si la mort n’avait aucune incidence sur nos manières de vivre, nous appauvrissons nos vies sans même nous en apercevoir. On croit qu’en oubliant la mort on vivra mieux. C’est l’inverse qui se produit. Le déni de la mort se venge en déniant la vie.
 
La mort qui n’a pas sa juste place finit par envahir toute l’existence. C’est pourquoi le thanatologie Louis Vincent Thomas disait de notre société qu’elle était devenue «thanatophobe et mortifère». Une société peureuse de tout et violente.

J’ai acquis la conviction que pouvoir parler de la mort - ce qui est une des façons de lui rendre sa place- faisait du bien. Les gens me disent souvent, après mes conférences, qu’au lieu de les angoisser, cela les apaise. Cela ne m’étonne pas, car en parlant de la mort, nous ne raison finalement que parler de la vie, de ce qui compte, des leçons que l’on a reçues de la vie.

Stéphane Hessel, dont on parle beaucoup aujourd’hui, m’avait confié, lors d’une interview qu’il m’avait donné pour mon livre sur l’expérience de vieillir, que le fait d’avoir échappé à la mort promise dans un camp d’extermination l’avait rendu en quelque sorte reconnaissant à vie. Il s’estimait responsable de cette vie et habité d’un devoir d’être heureux.

Je pense aussi à Jacques Decour, ce jeune romancier de trente deux ans, fondateur avec Jacques Paulhan des lettres françaises en 1942, engagé dans la résistance intellectuelle, et fusillé par les nazis au Mont-Valérien. En prison, dans l’attente de son exécution, il écrit une lettre très touchante à sa famille.
 
«Maintenant nous nous préparons à mourir les uns et les autres…..On se prépare, on songe à ce qui doit venir, à ce qui doit nous tuer sans que nous puissions avoir un geste de défense….C’est bien le moment de nous souvenir de l’amour. Avons-nous assez aimé? Avons-nous passé plusieurs heures par jour à nous émerveiller des autres hommes, à être heureux ensemble, à sentir le prix du contact, le poids et la valeur des mains, des yeux, des corps? Savons-nous encore bien nous consacrer à la tendresse? Il est temps, avant de disparaître dans le tremblement d’une terre sans espoir, d’être tout entier et définitivement amour, tendresse, amitié, parce qu’il n’y a pas autre chose. Il faut jurer de ne plus songer qu’à aimer, aimer, ouvrir l’âme et les mains, regarder avec le meilleur de nos yeux, serrer ce qu’on aime contre soi, marcher sans angoisse en rayonnant de tendresse."
 
Si l’on devait devait conserver une chose pour changer la société de demain, ce serait…

Conserver le lien intergénérationnel. La société de demain sera un monde vieillissant. La pyramide des âges va se modifier. Il y aura un tiers de la population qui ne sera plus active et qui sera donc à la charge de la société, sauf si l’on valorise dans les années qui viennent ce que les personnes âgées apportent, par les services qu’elles rendent, leur bénévolat, la sagesse et la confiance qu’elles ont a transmettre.

Actuellement la famille est encore une force de solidarité. Mais elle est fragile. Les familles se dispersent, le risque de rupture du lien est plus grand. C’est pourquoi il est vital d’entretenir les liens entre générations, des liens d’amour, d’estime, de respect, de confiance. il est vital aussi de changer l’image que notre société porte sur les personnes vieillissantes. Si nous les voyons comme un fardeau pour la société, elles se sentiront inutiles et l’envie de mourir pour ne pas peser sur les générations plus jeunes l’emportera sur le désir de vivre.

Quand la personne âgée peut conserver une estime d’elle même, parce que ses enfants et petits enfants voient en elle une figure respectable et bénéfique (rappelons qu’au Japon, à Okinawa, les centenaires sont considérés comme des porte bonheur et des trésors), alors elle ne se sent pas seule même si elle vit éloignée géographiquement de ses enfants. Avec les moyens de communications modernes (skype, internet) on peut rester en lien même de loin.

http://etudiant.lefigaro.fr/les-new...e-la-mort-a-la-juste-place-dans-nos-vie-3284/
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
[…]
Remettre la mort à sa juste place dans nos vies. Au lieu de l’occulter. Nous ne serons pas toujours là, les gens que nous aimons non plus. Cela oblige à plus de conscience et de responsabilité. cela oblige à se poser les questions essentielles: […]
Je me risque à faire un peu de hors‑sujet en dérapant vers un sujet sur lequel on m’a trop lu. En observant le comportement de plusieurs femmes, il m’est arrivé de me dire qu’elle ne respecte même pas la vie, alors que ce sont elles qui mettent au monde. Ce qui me faisait dire qu’elles ne respectent même pas la vie, c’est qu’elle voit en les gens, des moyens au lieu de précieuses vie à rendre au moins humainement vivable. C’est pour ça que je reproche aux féministes (entre autres nombreuses choses), de ne jamais avoir levé le petit doigt contre le service militaire obligatoire. Donner la vie et ne pas la respecter, ne pas la voir comme précieuse.
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
[…] Dans toutes les traditions spirituelles du monde, méditer sur sa finitude aide à bien vivre, a se respecter soi-même, à respecter les autres et la planète sur laquelle nous vivons. […]
Je crois que c’est justement pour fuir leur finitude, que beaucoup de gens brulent leur vie et détruisent celle des autres.
 
Je me risque à faire un peu de hors‑sujet en dérapant vers un sujet sur lequel on m’a trop lu. En observant le comportement de plusieurs femmes, il m’est arrivé de me dire qu’elle ne respecte même pas la vie, alors que ce sont elles qui mettent au monde. Ce qui me faisait dire qu’elles ne respectent même pas la vie, c’est qu’elle voit en les gens, des moyens au lieu de précieuses vie à rendre au moins humainement vivable. C’est pour ça que je reproche aux féministes (entre autres nombreuses choses), de ne jamais avoir levé le petit doigt contre le service militaire obligatoire. Donner la vie et ne pas la respecter, ne pas la voir comme précieuse.
Y'a des gens qui ne "donnent la vie" que pour s'enorgueillir :(
 
Je crois que c’est justement pour fuir leur finitude, que beaucoup de gens brulent leur vie et détruisent celle des autres.

Surtout si on leur dit que la vie ici bas n'est pas importante (macabre) ... et qu'il y a châtiment à la fin.
Les traditions spirituelles du monde ... Je n'y ai jamais vu une once de spiritualité, plutôt de la vanité et de la culpabilité.

Un petit topic relativement à propos (juste pour me la raconter que j'ai eu des idées avant qu'elles soient publiés, et sachant que j'ai évolué depuis)

http://www.bladi.info/threads/dieu-lhomme-mort.23336/
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
Surtout si on leur dit que la vie ici bas n'est pas importante (macabre) ... et qu'il y a châtiment à la fin.
Les traditions spirituelles du monde ... Je n'y ai jamais vu une once de spiritualité, plutôt de la vanité et de la culpabilité.

[…]
Comme tu en parles … @patouch à mes yeux, a senti le vrai sens de la religion, et il y en a bien une seule, mais les trois existantes n’ont fait que tenter de s’en approcher sans y parvenir vraiment. Je crois que d’autres gens l’ont senti aussi, et c’est pour ça qu’ils/elles ne se disent pas athées et pourtant ne se reconnaissent parfaitement dans aucune des trois tout en se reconnaissant partiellement dans chacune des trois.

Je crois que c’est ce que les religions ont essayé de faire, c’est élever les humains au dessus des animaux (sans mépriser les autres animaux, comme les humains en sont) en développant leur conscience, et faire voir la vie comme précieuse, mais qu’elles ont été dévoyées.

Au fond de moi, il m’arrive de me dire que pour vouloir des enfants, il faut avoir la foi. Mais sans nécessairement lui donner un de ces trois noms les plus connus.
 
Comme tu en parles … @patouch à mes yeux, a senti le vrai sens de la religion, et il y en a bien une seule, mais les trois existantes n’ont fait que tenter de s’en approcher sans y parvenir vraiment. Je crois que d’autres gens l’ont senti aussi, et c’est pour ça qu’ils/elles ne se disent pas athées et pourtant ne se reconnaissent parfaitement dans aucune des trois tout en se reconnaissant partiellement dans chacune des trois.

Je crois que c’est ce que les religions ont essayé de faire, c’est élever les humains au dessus des animaux (sans mépriser les autres animaux, comme les humains en sont) en développant leur conscience, et faire voir la vie comme précieuse, mais qu’elles ont été dévoyées.

Au fond de moi, il m’arrive de me dire que pour vouloir des enfants, il faut avoir la foi. Mais sans nécessairement lui donner un de ces trois noms les plus connus.

Oui, oui, @patouch a tout compris avant tout le monde, quel flatteur ... :p

Que fais tu des chinois ? :eek: (pour ce qui est en gras)
 
Oui, oui, @patouch a tout compris avant tout le monde, quel flatteur ... :p

Que fais tu des chinois ? :eek: (pour ce qui est en gras)
Sois pas jaloux... :p !!!
D'autres comprennent et ont compris bien avant ma naissance, heureusement que je ne suis pas la seule ce serait grave, et je prétends pas tout comprendre non plus, j'essaye seulement avec les modestes moyens que tout le monde possède aussi ^^
 
Sois pas jaloux... !!!
D'autres comprennent et ont compris bien avant ma naissance, heureusement que je ne suis pas la seule ce serait grave, et je prétends pas tout comprendre non plus, j'essaye seulement avec les modestes moyens que tout le monde possède aussi ^^

Non au contraire, je vous souhaite beaucoup de bonheur :mignon:

Mais j'ai tout dit avant, na ! :p (je plaisante^^)
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
Oui, oui, @patouch a tout compris avant tout le monde, quel flatteur ... :p

Que fais tu des chinois ? :eek: (pour ce qui est en gras)
Elle est unique pour moi pour d’autres raisons aussi, je n’ai pas dit qu’elle était la seule à comprendre, comme j’ai explicitement dit que d’autres aussi l’ont compris.

Bref, comme elle a dit, ne soit pas jaloux, ce serait en vain, je t’assure :p
 
Dernière édition:
Marie de Hennezel, l’écoute pour vocation

Spécialiste de la fin de vie, la psychologue Marie de Hennezel a consacré sa carrière à l’accompagnement des mourants et appris d’eux le sens même de l’existence

Marie de Hennezel est partout, partout où l’on parle de la fin de vie. Un jour, en Chine, invitée à un colloque sur le grand âge ; le lendemain, à Paris, à un séminaire consacré au « bien vieillir » ; le surlendemain, devant des parlementaires pour débattre d’une éventuelle révision de la loi Leonetti.

Entre deux, elle passe en coup de vent dans son appartement parisien, situé à deux pas du Louvre. Là, entre ses kilims marocains, les toiles post-impressionnistes de son grand-père et sa très exigeante bibliothèque, elle écrit… sur la fin de vie.

C’est d’ailleurs ainsi qu’elle s’est fait connaître, il y a un peu plus de vingt ans, en réussissant comme peu auparavant à « dire » la mort à travers son expérience de psychologue en unité de soins palliatifs.

« Ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre »

La mort, c’est un peu sa vie. Aucune morbidité à cela. Au contraire. « Ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre », écrivait-elle en 1992 dans La Mort intime, son principal opus. À bientôt 70 ans, elle se dit plus convaincue que jamais de la dimension initiatique de la mort.

« Réfléchir sur notre propre finitude est forcément douloureux », concède celle qui, au passage de la soixantaine, dit avoir vécu un moment dépressif. « C’est pourtant en méditant sur la mort qu’on finit par réellement se préoccuper de sa vie intérieure, de sa fécondité psychique. Penser que l’on est mortel nous renvoie à l’essentiel. »

L’essentiel, elle l’a découvert tard. Précoce (bachelière à 16 ans et maman à 21), elle n’accouche vraiment d’elle-même qu’à sa seconde grossesse. Contrainte de rester immobile pendant neuf mois, elle en profite pour lire Françoise Dolto, « une vraie révélation ».
 
Une enfance heureuse

Professeur d’anglais jusque-là, la jeune femme décide de reprendre ses études et entame une analyse. D’autres envies se font jour, de nouvelles ambitions aussi. « Quand je repense à cette période, c’est la phrase de Lou Andreas Salomé qui me vient à l’esprit :‘‘Quelque chose est en nous, qui brûle du feu de la vie, qui exulte et cherche à s’échapper.’’ »

Son époux la soutient, ses parents moins. Elle a alors le sentiment d’être le « vilain petit canard » de la famille, notamment pour son père, un colonel aristocrate, catholique, un brin autoritaire.

« Il était né en 1899… Il aurait pu être mon grand-père ! »- ajoute-t-elle aujourd’hui, comme pour le dédouaner. Elle garde par ailleurs le souvenir d’une enfance heureuse, elle la cinquième d’une fratrie de onze. « Nous jouissions d’une très grande liberté quand j’y repense. »

Aide aux femmes en détresse

À partir de 1975, fraîchement diplômée en psychologie, elle est recrutée par un centre de planification familiale. Elle vient alors en aide aux femmes en détresse. Elle poursuit sa carrière à l’hôpital de Villejuif, auprès des grands psychotiques.

« Ce fut la période la plus difficile de ma carrière, avoue-t-elle. J’ai cru abandonner un temps, de peur d’y perdre mon âme. Et puis j’ai fini par comprendre que l’essentiel se jouait au-delà des mots. Dans la présence, l’écoute, le regard. » Autant d’enseignements décisifs pour celle qui, sans le savoir, se destine à l’accompagnement des mourants.

Le grand tournant s’opère un jour de 1984, lors d’une rencontre fortuite avec le président François Mitterrand. À la suite d’une réception à l’Élysée – où un proche de Marie de Hennezel est chargé du protocole – elle devient, sans vraiment en prendre conscience, la confidente du chef de l’État.
 
François Mitterrand a changé son destin

Il lui dit d’emblée ce que la France ignore : il est malade, les médecins lui donnent trois ans à vivre. C’est dans ce contexte d’urgence métaphysique qu’il souhaite se confier. « Il m’a spontanément parlé de ce qui le préoccupait, dit-elle. Une relation amicale très forte s’est nouée entre nous. »

Pourquoi elle ? Pour « sa force » et « sa douceur », explique François Mitterrand dans La Mort intime, qu’il a préfacée. Le fait que Marie de Hennezel soit laïque a sans doute joué aussi dans leur proximité. En bon agnostique qu’il était, le chef de l’état ne se serait sans doute pas confié à un religieux.

Quoi qu’il en soit, ce rôle d’accompagnant et de confident va bouleverser la carrière de Marie de Hennezel. « François Mitterrand a changé mon destin, concède-t-elle aujourd’hui. C’est à lui que je dois cette orientation vers les soins palliatifs. »

Lorsque la première unité de soins palliatifs voit le jour en France, à l’Hôpital international de l’Université de Paris, le président intercède pour qu’un psychologue intègre l’équipe. Ce sera elle. Elle y restera dix ans et racontera cette expérience dans La Mort intime, un ouvrage traduit dans 22 langues et écoulé à 700 000 exemplaires.

Depuis, Marie de Hennezel est devenue incontournable sur la fin de vie. Elle est de tous les groupes d’experts et de tous les rapports sur la question. Il n’est pas un ministre de la santé qui ne lui réclame un rapport sur l’état des soins palliatifs en France, sur la fin de vie, sur le grand âge…

La commission Claeys-Leonetti devrait d’ailleurs tout prochainement l’auditionner. Et aborder la délicate question du suicide assisté. La position de Marie de Hennezel est claire, et depuis toujours : elle est contre.

« Se suicider n’est pas un droit »

« Se suicider relève évidemment de la liberté de chacun, mais ce n’est pas un droit au sens où cela impliquerait un devoir de la part du personnel médical. ‘‘Vous souffrez ? Suicidez-vous !’’ Non, la société ne peut délivrer un tel message. »

Loin d’elle toutefois un quelconque mépris pour ceux qui militent pour la légalisation du suicide assisté. « Je respecte ceux qui disent vouloir rester ’’sujet’’ de leur mort », explique celle dont le propre père a mis fin à ses jours au seuil de ses 80 ans.

« Je comprends leur crainte d’être relégués au rang d’objets entre les mains des soignants. Mais cela peut se faire sans passer par la légalisation du suicide assisté. »
 
«On finit par penser, à tort, qu’autonomie et dignité vont de pair »

Le débat actuel l’interpelle, elle l’avoue. « Aujourd’hui, ‘‘mourir dans la dignité’’ signifie anticiper sa mort pour ne pas se voir délabré, ni imposer aux autres ce délabrement. Comme si la dégradation du corps et de l’esprit était signe d’indignité !, s’emporte l’intéressée. On finit par penser, à tort, qu’autonomie et dignité vont de pair. »

Et d’ajouter : « C’est ma génération, celle des baby-boomers, celle qui chantait avec Bardot ‘‘Je n’ai besoin de personne en Harley Davidson’’, qui entretient le fantasme du jeunisme. C’est elle qui refuse de se projeter dans le grand âge. »

Elle est toutefois la première, elle l’avoue, à garder une activité plus que soutenue à plus de 68 ans. Difficile de l’intercepter entre deux colloques et l’écriture d’un énième ouvrage – elle qui en a signé près d’une quinzaine.

Vacances en famille à l’île d’Yeu

« Je veille toutefois à vivre des moments de qualité avec mes trois enfants et mes six petits-enfants », assure-t-elle. Quand elle ne passe pas les vacances en famille à l’île d’Yeu, elle écume les capitales européennes avec ses petits-enfants.

Le reste du temps, elle le consacre à ses amis, aux expositions, à la lecture. Grande adepte de la méditation chrétienne, elle lit et relit bouddhistes et stoïciens en se ressourçant dans son ermitage du Gard.

Quand on a passé sa vie à méditer sur la mort – celle des autres –, comment envisage-t-on la sienne ? « Je suis tranquille au fond de moi. On ne sait évidemment pas ce qui peut arriver au seuil de sa propre mort mais j’ai engrangé des paroles et des regards de mourants qui m’ont marquée et qui m’accompagnent encore aujourd’hui. Je me relierai à eux, à l’humour, à la sérénité… »

Ne jamais rester sur un conflit

Ou encore à la placidité de ceux qui, comme l’écrivait Marguerite Yourcenar, sont « entrés dans la mort les yeux ouverts ».

Ce fut notamment le cas de la belle-mère de Marie de Hennezel. « Un jour, à un âge avancé, elle nous a annoncé qu’elle allait se coucher et attendre la mort. À partir de là, elle ne s’est plus alimentée. Tout juste acceptait-elle le passage régulier d’un infirmier. Elle ne semblait pas souffrir, méditait, priait et répétait avec un sourire en coin : ‘‘Je meurs à l’indienne !’’ Elle s’est petit à petit glissée dans la mort en étant entourée des siens. Sa fin de vie reste un modèle pour moi. »

Consciente de la précarité de l’existence, la psychologue dit s’être « allégée » ces dernières années. « J’ai laissé sur le côté mes valises de remords, de culpabilité, de rancune… J’ai aussi appris à ne jamais rester sur un conflit, sur une dispute, à régler les choses au fur et à mesure. » La conscience de la mort… comme philosophie de vie.

http://www.la-croix.com/Actualite/France/Marie-de-Hennezel-l-ecoute-pour-vocation-2014-11-14-1237009
 
La mort

« Qu’est-ce que je dois faire de ma vie?» se demande Nathaniel Fisher, le héros de la série télévisée Six Feet Under (« Six pieds sous terre ») alors qu’il vient de perdre son père dans un tragique accident de voiture. «La vivre!» lui répond la belle et étrange Brenda. À 35 ans, celui qui a longtemps fui le domicile familial consacré à une entreprise de pompes funèbres, prend conscience qu’il ne veut plus être «un touriste de la vie», irresponsable, solitaire et inconstant. Le fantôme paternel a révélé à Nate que l’expérience de la mort n’est pas seulement un traumatisme insupportable, mais aussi une épreuve à travers laquelle on peut réapprendre à vivre, à sentir, à aimer. Il reprend donc le flambeau de ce métier étrange qui consiste à prendre soin des cadavres et à accompagner leurs proches dans le travail de deuil. Se familiariser avec l’expérience de la perte pour nouer un rapport plus juste avec la vie, voilà la philosophie simple mais profonde de cette série qui a remporté un succès mondial en osant aborder de front et avec humour la mort, mais aussi, dans son sillage, la dépression, les névroses familiales ou l’échec sentimental. Signe des temps ? Des romans à succès, comme D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère (P.O.L, 2009), racontent la tragédie de la perte et du deuil, celle d’une petite fille emportée par le tsunami de 2004 ou d’une mère atteinte d’un cancer.
 
« Dans le monde de la vie longue, nous ne voulons plus rien concéder à la mort »

Dans le débat public, à la suite de plusieurs cas emblématiques de malades incurables désireux d’en finir, comme le jeune tétraplégique Vincent Imbert, la question de l’euthanasie, du droit de bien mourir, soulève les passions. Tandis que les témoignages sur l’accompagnement des mourants, comme celui de Marie de Hennezel dans La Mort intime (Robert Laffont, 1995), rencontrent un très large écho. Prochainement, en avril 2011, le premier Salon de la mort se tiendra au Carrousel du Louvre, à Paris, et rassemblera non seulement les professionnels – médecins, personnels hospitaliers, croque-morts –, mais aussi des représentants de toutes les confessions et des philosophes. Selon les organisateurs, il s’agit d’aborder tous les aspects de la mort, mais aussi de s’y préparer… Alors, serions-nous en train de nouer un nouveau rapport à la mort, plus serein et plus lucide ? C’est ce que nous avons voulu savoir en ouverture de ce dossier, en réalisant, en partenariat avec TNS-Sofres, un sondage exclusif. Deux grandes tendances apparaissent. D’un côté, les Français souhaitent à plus de 70 % repousser l’idée de la mort pour s’adonner en toute tranquillité aux joies de la vie longue. Mais, d’un autre côté, ils sont tétanisés, à 90 %, par la peur de la disparition de leurs proches. Si le souci de la mort n’apparaît plus comme une boussole, la peur d’avoir à affronter un deuil est au cœur de nos existences longues et sereines.
 
Une sépulture ? «Homo» est passé par là…

La mort constitue pourtant l’obsession métaphysique première de l’humanité. Ne sommes-nous pas tous des « mortels », habité par la conscience de notre finitude ? Très tôt, dès l’enfance, nous tentons tant bien que mal de nommer et d’apprivoiser la perspective inquiétante de notre disparition programmée. À la différence des autres animaux, la mort ne nous advient pas seulement du dehors, comme un événement extérieur, nous l’anticipons longtemps avant qu’elle survienne, et lorsqu’elle advient, nous lui réservons un sort. Nous ne jetons pas nos cadavres à la poubelle. Sous la forme d’une tombe, d’une stèle, d’un rituel ou d’un simple souvenir, il nous importe à la fois de l’accueillir et de la conjurer. C’est d’ailleurs un signe irrécusable pour tous ceux qui travaillent sur les origines de l’homme : lorsqu’ils découvrent les traces d’une sépulture, c’est que «Homo» est passé par là… Enfin, tous les systèmes métaphysiques et religieux, si divers et contradictoires soient-ils, peuvent être lus comme des réponses à cette question incontournable de notre condition : pourquoi devons-nous mourir ? Mais si la mortalité a longtemps été notre souci fondamental, c’est qu’elle était plus qu’un horizon existentiel : une expérience concrète et quotidienne. Quand l’espérance de vie était de 30 ou 40 ans ; quand un enfant sur trois mourait à la naissance ; quand la plupart des maladies étaient sans remèdes ; quand, en l’absence d’un État souverain et d’une société policée, les individus vivaient sous l’emprise de la peur de la mort violente, alors le visage des morts faisait partie intégrante de la vie. Chacun était incité à l’anticiper, à s’y préparer. À la vivre en commun avec ses proches. L’ici-bas était orienté par l’attente de l’au-delà. Et puis, soudain, en quelques siècles, ce système s’est effondré. Alors que la croyance religieuse s’effritait, la vie longue a chassé la mort hors de notre champ d’expérience. Elle s’est alors réfugiée dans les hôpitaux, où les médecins sont devenus les maîtres d’un événement médical.
 
Espérance de vie contre espérance de survie

En un mot, on a troqué l’espérance de la survie contre l’espérance de vie. Du coup, la peur de la mort s’est métamorphosée. Ce qu’on redoute dorénavant, c’est la mort pendant la vie, la mort des autres, de nos proches, ou la nôtre, à l’annonce d’un cancer. Comme le dit Pascal Bruckner, «c’est moins la vie après la mort qui nous inquiète que la mort pendant la vie». Dans une méditation entamée alors que sa femme était emportée par une maladie dégénérative, le philosophe Paul Ricœur, pourtant croyant, osait affirmer : «Je crois de plus en plus qu’il faut se désinvestir du souci de la vie après la mort pour poser le problème de la vie jusqu’à la mort.» Ricœur se référait au témoignage des accompagnants de mourant : «Tant qu’ils sont lucides, les malades en train de mourir ne se perçoivent pas comme moribonds, comme bientôt morts, mais comme encore vivants, et cela encore une demi-heure avant de décéder. Ce qui occupe la capacité de pensée encore préservée, ce n’est pas le souci de ce qu’il y a après la mort, mais la mobilisation des ressources les plus profondes de la vie à s’affirmer encore.» En un sens, Paul Ricœur ne dit pas autre chose que Nathaniel Fisher, le héros de Six Feet Under. Dans le monde de la vie longue, nous ne voulons plus rien concéder à la mort. Oser y penser, oser l’affronter, ce n’est plus s’y résoudre, c’est, au contraire, trouver les ressources d’une affirmation renouvelée de la vie.

http://www.philomag.com/les-idees/la-mort-2344
 

HassanGedeze

Hassan Gedezel ...
Il y a la Mort Utile, celle qui nous pousse à oublier nos rancunes, nos haines, nos errances et notre orgueil ... tant de choses encore .. c'est cette Mort Utile qui nous habille des caractères nobles du Pardon de l'Amour et de l'amitié : la vie ...

Il y a la Mort Éternelle, celle qui nous enfonce vers les plus bas fond de l'existence et nous couvrent d’opprobre et de sombre, celle qui flatte notre ego limité et ignorant, d'avoir eu cette impression illusion d'avoir été exclue de l'Amour ... Les damnés

Et puis , il y a ceux qui savent, et vivent avec Paix ... et ceux qui en parlent sans jamais oser y goûter ... c'est ainsi ... ainsi soit-il ... il y a les vivants et les morts ...
 
La mort est une délivrance en quelque sorte et il ne faut jamais en avoir peur. La mort, c est la continuité de la vie. Il faudra bien mourir un jour. Je n ai aucun souci avec la mort, je veux dire ma propre mort. Des fois, je me sens partir mais au fait non, car je suis toujours là, c est une sensation bizarre.
 
La mort est une délivrance en quelque sorte et il ne faut jamais en avoir peur. La mort, c est la continuité de la vie. Il faudra bien mourir un jour. Je n ai aucun souci avec la mort, je veux dire ma propre mort. Des fois, je me sens partir mais au fait non, car je suis toujours là, c est une sensation bizarre.

Ressens tu ça au moment d' aller dormir?
 
Ah ok, ca, ça m arrive en pleine journée. Ça fait une sensation bizarre, n est ce pas, j en ai eu, il y a deux jours, tu as l impression de passer l'arme à gauche et de plus, tu te sens comme apaisée
Lol apaisée, je sais pas trop on va dire c' est assez étrange comme sensation...je t' avoue que je met un temps avant de me rendormir de peur de passer de l' autre côté lol...c' est pas de la mort en soi dont j' ai peur mais plutôt peur de mourir sans avoir fais assez dans ma pratique ou dans le bien autour de moi
 
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