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Soomy
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Rencontre avec Rachida Aziz. Cette jeune femme belge d’origine marocaine a lancé la ligne de vêtements AZIRA, qui allie mode, éthique et émancipation des femmes.
Dans le métro qui me mène à mon interview, je croise deux jeunes femmes très stylées. Elles portent des chaussures dernier cri, des vestes au col de fourrure imposant. Un voile recouvre leurs cheveux. Seraient-elles des “hijabistas”, ces femmes qu’on définit comme des musulmanes fashion et fidèles à leur Loi ? Le phénomène est relativement connu à Londres à travers la figure de Barijs Chohan, jeune styliste qui a lancé une collection de vêtements de luxe en accord avec les préceptes religieux. Mais à Bruxelles, quelle est l’offre « fashion » pour les femmes actives de confession islamique ? J’ai plusieurs fois sillonné la rue de Brabant mais force est de constater que le choix de vêtements y est très limité. C’est finalement dans la rue Dansaert que je découvre la boutique Azira. A l’origine de ce projet : Rachida Aziz. Partant du constat que peu de femmes occidentales musulmanes trouvaient des vêtements alliant modernité et respect de leur éthique spirituelle, elle lance il y trois ans une collection de vêtements modulables, pouvant couvrir entièrement ou partiellement le corps, selon les circonstances (travail, famille, sorties,…).
Elle produit 750 pièces, organise des défilés, des ventes privées et écoule rapidement son stock. Forte de ce succès, elle ouvre en 2009 une boutique située rue de la Clé à Bruxelles, entre la rue Antoine Dansaert – le QG des créateurs – et le quartier du Canal.
Un endroit au hasard ?
“Non pas du tout. Je voulais m’établir ici entre la rue de la mode et le quartier de Molenbeek, à forte population immigrée. Cet endroit correspond tout à fait à ma volonté de bâtir des ponts entre deux communautés qui se croisent mais ne se parlent pas toujours. Des femmes voilées et non voilées viennent au magasin, se rencontrent autour du vêtement, discutent de leur look et se découvrent des points communs.”
Votre magasin est donc bien plus qu’un magasin de vêtements. C’est aussi un terrain de revendications ?
“J’étais auparavant assistante sociale. Je me suis toujours battue pour l’émancipation des femmes et j’ai souvent dénoncé la discrimination à l’égard des femmes qui portent le voile. Compte tenu du maigre résultat de mes actions dans le domaine social, j’ai décidé de transposer ce débat dans la mode. Le débat du voile n’a pas sa place sur le terrain politique. Il s’agit un droit individuel, celui de disposer de son corps. La liberté de porter ce que l’on désire selon son éthique.”
Que pensez-vous du mot-valise hijabistas utilisé pour décrire les musulmanes stylées ?
“Ce mot ne veut rien dire pour moi. D’abord, le hijab a une connotation religieuse très lourde. Ensuite, je regrette que l’on désigne uniquement les femmes musulmanes à travers leur appartenance religieuse ou communautaire. Pourquoi ne qualifions-nous pas les musulmanes qui aiment la mode de « fashionistas », comme tout le monde ?”.
Respecter les femmes dans leurs différences et prendre en compte les multiples éléments qui composent leur identité, tels sont les objectifs du projet de Rachida Aziz. Un projet qui ne se limite pas à sa boutique mais se compose aussi d’expositions ou de brunchs organisés dans son magasin un dimanche par mois. Ces événements rassemblent un large public, issu de toutes les cultures, des hommes et des femmes. Qu’elles portent le voile ou pas, qu’elles soient fashion ou ne le soient pas.
http://www.essentielle.be/divers/musulmane-et-fashion-l-equation-impossible-63157.html
Dans le métro qui me mène à mon interview, je croise deux jeunes femmes très stylées. Elles portent des chaussures dernier cri, des vestes au col de fourrure imposant. Un voile recouvre leurs cheveux. Seraient-elles des “hijabistas”, ces femmes qu’on définit comme des musulmanes fashion et fidèles à leur Loi ? Le phénomène est relativement connu à Londres à travers la figure de Barijs Chohan, jeune styliste qui a lancé une collection de vêtements de luxe en accord avec les préceptes religieux. Mais à Bruxelles, quelle est l’offre « fashion » pour les femmes actives de confession islamique ? J’ai plusieurs fois sillonné la rue de Brabant mais force est de constater que le choix de vêtements y est très limité. C’est finalement dans la rue Dansaert que je découvre la boutique Azira. A l’origine de ce projet : Rachida Aziz. Partant du constat que peu de femmes occidentales musulmanes trouvaient des vêtements alliant modernité et respect de leur éthique spirituelle, elle lance il y trois ans une collection de vêtements modulables, pouvant couvrir entièrement ou partiellement le corps, selon les circonstances (travail, famille, sorties,…).
Elle produit 750 pièces, organise des défilés, des ventes privées et écoule rapidement son stock. Forte de ce succès, elle ouvre en 2009 une boutique située rue de la Clé à Bruxelles, entre la rue Antoine Dansaert – le QG des créateurs – et le quartier du Canal.
Un endroit au hasard ?
“Non pas du tout. Je voulais m’établir ici entre la rue de la mode et le quartier de Molenbeek, à forte population immigrée. Cet endroit correspond tout à fait à ma volonté de bâtir des ponts entre deux communautés qui se croisent mais ne se parlent pas toujours. Des femmes voilées et non voilées viennent au magasin, se rencontrent autour du vêtement, discutent de leur look et se découvrent des points communs.”
Votre magasin est donc bien plus qu’un magasin de vêtements. C’est aussi un terrain de revendications ?
“J’étais auparavant assistante sociale. Je me suis toujours battue pour l’émancipation des femmes et j’ai souvent dénoncé la discrimination à l’égard des femmes qui portent le voile. Compte tenu du maigre résultat de mes actions dans le domaine social, j’ai décidé de transposer ce débat dans la mode. Le débat du voile n’a pas sa place sur le terrain politique. Il s’agit un droit individuel, celui de disposer de son corps. La liberté de porter ce que l’on désire selon son éthique.”
Que pensez-vous du mot-valise hijabistas utilisé pour décrire les musulmanes stylées ?
“Ce mot ne veut rien dire pour moi. D’abord, le hijab a une connotation religieuse très lourde. Ensuite, je regrette que l’on désigne uniquement les femmes musulmanes à travers leur appartenance religieuse ou communautaire. Pourquoi ne qualifions-nous pas les musulmanes qui aiment la mode de « fashionistas », comme tout le monde ?”.
Respecter les femmes dans leurs différences et prendre en compte les multiples éléments qui composent leur identité, tels sont les objectifs du projet de Rachida Aziz. Un projet qui ne se limite pas à sa boutique mais se compose aussi d’expositions ou de brunchs organisés dans son magasin un dimanche par mois. Ces événements rassemblent un large public, issu de toutes les cultures, des hommes et des femmes. Qu’elles portent le voile ou pas, qu’elles soient fashion ou ne le soient pas.
http://www.essentielle.be/divers/musulmane-et-fashion-l-equation-impossible-63157.html